Sei carino !
→ Antonio & Damien

Voilà, je venais de passer ma première nuit à Horse Beautiful, dans mon studio, dans ce nouvel environnement. Fallait avouer que mon arrivée avait été catastrophique : à peine avais-je déposé mes bagages en-dehors de la voiture que quelqu’un était rentré dedans. Bon, cette jeune fille était juste sublime et super sympa en plus, mais bon quand même, je m’attendais à autre chose comme première journée. Inutile de vous dire que j’avais donc bien dormi cette nuit-là, vu comment j’étais crevé, avec l’avion et tout. Je m’étais levé de bonne heure, vers six heures, pour aller me promener dans les écuries sans qu’il n’y ait trop de monde. Il y avait déjà quelques palefreniers occupés à nourrir les chevaux, mais la plupart des cavaliers n’étaient pas encore levés et les visiteurs ne viendraient que dans au moins trois heures. Je n’avais encore aucun cheval d’attribué, vu que ce n’était que mon deuxième jour ici, donc je n’avais rien à faire. Enfin bref, passons !

Je m’étais dirigé vers le club-house, un endroit qu’on m’avait montré la veille et qui m’avait l’air vraiment confortable, histoire de passer un peu le temps là-bas. Si on avait besoin de moi, on m’appellerait. J’avais enfilé un gros pull noir et un jean noir également, histoire d’avoir un peu plus chaud parce que je ne m’attendais pas du tout à des températures pareilles. Bon, je savais qu’il faisait beaucoup plus froid en France qu’en Italie, mais quand même, je ne m’attendais pas à me les geler comme ça. J’entrai donc dans le club-house, frottant mes mains pour les réchauffer un peu. Dans cette pièce, il faisait agréablement chaud, ce qui me fit soupirer d’aise. Rapidement, je regardai autour de moi et me dirigeai vers l’armoire à coupes, que je me mis à observer. Le nombre de coupes qu’il y avait ici était incroyable. Il devait y avoir des cracks ici, ça c’était sur. Après avoir regardé la plupart des coupes, je me tournai vers l’armoire où se trouvaient énormément de livres. Bon, ils étaient tous en français donc je ne comprendrais rien du tout, mais je pouvais toujours regarder les images, comme les petits enfants hein. J’en pris un au hasard et me mis à le feuilleter. De temps en temps, je me mis à lire en chuchotant ce qu’il y avait marqué, ne voulant pas me faire cramer avec mon accent Italien beaucoup trop prononcé. Oui, j’avais un peu honte mais bon … Quand vous arrivez dans un pays dont vous ne connaissez pas du tout la langue, voilà quoi. Enfin bon, j’étais donc en train de lire ce livre lorsque j’entendis la porte du club-house claquer. Ah, j’allais avoir de la compagnie ! Fallait que je fasse bonne impression, alors. Je remis mes cheveux à leur place et me remis un peu plus droit dans le canapé.

Damien

Sei carino !
→ Antonio & Damien

A ma grande surprise, la personne qui était entrée était un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de huit ans. Il me lança un « bonjour » plutôt joyeux. Bien élevé, le petit ! Sa présence me décrocha un sourire. Je ne savais pas qu’il y avait des enfants ici, enfin je n’en avais pas encore vu jusqu’à présent. Je lui répondis donc en français avec un énorme accent italien :

« Bonjour ! »

Je ne pouvais pas lui dire grand-chose de plus, vu que je ne parlais pas un mot de français et que d’habitude, les enfants ne connaissaient pas trop l’anglais ici, en France. Encore moins l’italien, d’ailleurs. Donc voilà, j’aurais bien aimé discuter avec lui mais ça aurait vraiment été dur. Il s’était pris des biscuits et une bouteille d’eau dans une armoire, et je l’avais suivi du regard. Il s’était posé dans le fauteuil et avait regardé mon livre. Il me parla ensuite en français, en souriant. Il était tellement mignon ce petit bonhomme et je trouvais ça tellement dommage que je ne comprenais pas un mot à ce qu’il me disait… Bon, du coup, je faisais quoi ? Parce que je n’avais aucune idée de quoi il parlait et je ne savais donc pas comment lui expliquer que je ne parlais pas français. Bon allez Antonio, sors-nous ton super vocabulaire en français, avec l’accent et tout.

« Hum … Je suis Italien, je ne comprends pas… »

Heureusement qu’Aleera m’avait appris comment dire que je ne comprenais pas ce qu’on me disait, sinon ça aurait été la catastrophe. J’espérais que mon accent ne ferait pas fuir le petit, après tout il était vraiment drôle, il me mettait de bonne humeur. Je lui fis donc un petit sourire, avant de reposer mon regard azur sur le livre. Ouais, les images étaient jolies, mais j’aurais aussi voulu savoir ce qu’il y avait marqué à côté hein. Non mais qu’elle idée de venir m’installer en France, sérieusement … Certains trouvaient mon accent mignon mais d’autres préféraient me fuir, ne sachant pas comment me parler. C’était assez étrange, ça, que les gens m’évitent. Mais bon, je m’y ferais bien hein. Et puis je comptais bien apprendre à parler, pour pouvoir au moins me taper une petite discussion avec quelqu’un ici. Bon ben, la seule chose que je pouvais faire à présent c’était me présenter. Accent Italien toujours on, je lui dis donc :

« Je m’appelle Antonio Amore. »

Le ‘’je m’appelle’’ avait été assez dur à prononcer au début, mais je m’étais entraîné, attention ! J’étais d’ailleurs bien fier de pouvoir le ressortir une fois, en plus devant un petit gars comme celui que j’avais en face de moi.

Damien

Sei carino !
→ Antonio & Damien

Bon ben, voilà ! Une de mes premières rencontres dans ma nouvelle vie était celle d’un petit bonhomme tout mignon, je ne m’y attendais pas du tout mais ça ne me déplaisait pas, au contraire. J’avais pris un livre que je feuilletai rapidement, sans comprendre quoi que ce soit à ce qu’il était marqué. Enfin, Aleera m’avait promis de me donner des cours, et en échange je lui apprendrais l’italien, donc je finirais bien par comprendre tout ça hein. Une fois assis, le bonhomme me dit quelque chose – à propos du livre, sûrement, vu comment il le regardait – mais je ne comprenais absolument rien. Je le lui fis comprendre en français (merci Aleera) avec un accent terrible. Bon, il sembla avoir compris lorsqu’il hocha la tête, ce qui était parfait parce que sinon, je sais pas comment je me serais démerdé. Je me présentai alors et il m’annonça son prénom. Dam… Damien ? Argh, encore un de ces noms juste super durs à prononcer Nan mais c’était pas facile, sérieusement ! Je lui lançai un petit :

« Ok ! » joyeux en guise de réponse.

Il posa son regard sur mon livre, puis un sourire s’afficha sur son visage et il me dit qu’il pouvait me parler en anglais si je préférais. Ah, ben oui, là, c’était beaucoup plus facile du coup ! Bon ben, parfait ! Moi qui croyais que les n’enfants en France parlaient que le français, je m’étais bien trompé ! En tout cas, je lui répondis avec un sourire heureux aux lèvres et un soupir :

« Oh, dieu merci. C’est vrai que ça ira beaucoup mieux dans ce cas ! »

Bon, c’était pas encore l’italien mais je me débrouillais, malgré l’accent incroyablement prononcé lorsque je parlais. Je jetai encore un coup d’œil au livre, pointant ensuite une image d’une selle du doigt.

« C’est quoi, ça ? »

Evidemment, c’était un mot dont j’aurais souvent besoin, vu l’environnement dans lequel j’étais. Et puis si jamais je montais à cheval, fallait bien que je demande où se trouvaient les affaires du mien hein, alors je préférais me renseigner un peu. Je jetai un coup d’œil au réfrigérateur, étant bien tenté par une petite bière, mais ça ne le ferait pas trop envers Damien. J’oubliai donc cette idée, me reconcentrant sur le bouquin que j’avais dans les mains. S’il parlait anglais, j’étais sûr qu’il allait pouvoir m’en apprendre des choses !

Damien

Sei carino !
→ Antonio & Damien

Y’avait beaucoup d’Italiens qui parlaient français, certes avec un accent mais qui parlaient français quand même. Moi, pas un mot. L’anglais ça passait, mais j’avais toujours une de ces prononciations en parlant … Enfin, au moins, on comprenait ce que je disais et à vrai dire, c’était mon seul moyen de communiquer en France. J’avais hâte d’apprendre le français, c’était une jolie langue et puis au moins, les gens ne seraient plus obligés d’appliquer le langage des signes pour me faire comprendre quelque chose. Enfin, le p’tit gars devant moi parlait anglais alors il n’y avait aucun souci. Avec mon accent il devait avoir un peu de mal à me comprendre, mais bon normalement, s’il se concentrait bien, ça devrait passer. Je fixai à nouveau le livre, avant de pointer une selle du doigt et de lui demander ce que c’est. Il m’expliqua que c’était une selle et qu’on la trouvait dans la sellerie. Ensuite il me parla de bridons. J’essayai de retenir ces trois mots, ils me seraient bien utiles ici et puis c’était toujours ça de vocabulaire en plus hein.

« Une selle, la sellerie, les bridons. » répétais-je donc, en roulant mon R à l’italienne.

Je ne connaissais pas la différence entre une, la et les, mais je suppose que c’était un peu la même chose qu’en italien. Après tout, on m’avait toujours dit que ces langues se ressemblaient un peu … Même si je ne comprenais pas quand on me parlait en français. Ce livre pour enfants, avec les belles images était bien utile finalement, au moins je savais de quoi Damien parlait. Il prit ensuite le livre et tourna les pages, il semblait chercher quelque chose. Lorsqu’il trouva enfin la bonne page, il m’indiqua le manège, la carrière, la carrière de CSO, le terrain de cross, les ronds de longe et les pâtures. Ah bah, ça faisait un peu beaucoup, sur le coup ! Je grimaçai un peu, avant de lui dire en anglais :

« Là, j’ai pas tout retenu. Juste que ça, c’est le manège. » dis-je en montant du doigt le dessin.

En tout cas, il était vraiment adorable de m’apprendre tout ça. Au moins, je pourrais un peu impressionner Aleera, qui ne s’attendait sûrement pas à ce que je connaisse ces mots-là ! C’était plutôt marrant au final, on aurait dit un enfant qu’on apprend à parler. Au moins, je ne me ridiculisais pas devant tout le monde, le bonhomme était très sympathique et puis voilà, j’aimais beaucoup apprendre tout ça. Damien me tendit ensuite le paquet de biscuits, me demandant si j’en voulais un. J’en pris donc un seul, le croquant avec appétit.

« Merci ! » lui dis-je en français, toujours en roulant ce maudit R, c’était une habitude que je ne perdrais pas de sitôt. Je poursuivis, en anglais : « Et si on allait voir tout ça dans une vraie écurie ? C’est peut-être plus marrant, non ? »

Je le regardai en souriant, finissant de manger le biscuit qu’il m’avait proposé. Je sentais que j’allais bien m’amuser en sa compagnie, et il faisait un excellent prof.

Damien