Vous me connaissez maintenant ou il fut encore que je me présente ? Bon, pour tous ceux qui ne me connaissent pas, je m'appelle Gwen ; Gwen Lemerle. Je suis journaliste et résidente de Horse Beautiful. Je suis ce que l'on peut qualifier de petite pile électrique. Je suis toujours en mouvement... Une vraie petite catastrophe ambulante ! Je suis joyeuse, vous le remarquerez bien vite. Ca va là ? Je vous reviens en mémoire ? Tant mieux ! Ah, tant que j'y suis, la petite nouveauté de l'année, ça personne n'est au courant... J'ai un frère, un jumeau. Enfin, faux-jumeau en l’occurrence mais c'est le truc quoi. Jonathan Lemerle. Ce nom ne vous dit pas grand chose, mais j'entends encore les paroles de mes parents qui nous râlaient dessus à l'unisson. Ahah.

Pourquoi je parlais de Jo', d'ailleurs ? Non mais parce que c'était mon frère mais je n'avais plus trop de nouvelles en ce moment. C'est la vie, que voulez vous... Il me manquait quand même plutôt beaucoup ces derniers temps. L'éloignement de la famille... Je n'avais vu personne de ma famille depuis mon arrivée – j'avais mis trois r, je me mets à parler à la Stan – à l'académie, et c'était un petit manque au bout d'un moment, quand même. Et donc pourquoi je vous parlais de Jonathan ? On y vient, on y vient !!

Je suis du genre à virevolter dans tous les sens et à ne pas faire super attention parce que je suis dans mon monde. Et bien entendu, ce qui doit arriver arrive toujours donc j'étais du genre à faire des rencontres assez musclées. Ou alors super casse-pieds. Demandez à Stan si je ne l'avais pas usé la première fois, avec mes questions ! J'avais de suite montré que je n'avais pas ma langue dans ma poche. Vous en doutiez ? Enfin voilà, cette rencontre musclée... J'étais au téléphone en train de prendre un rendez-vous pour une interview sur mon agenda électronique... Les deux mains prises et le regard baissé quoi. Et d'un coup... Paf ! Donc voilà, stop flash-back, on en est là. Les fesses sur le sol, je me sentais très bête.

« Excusez-moi monsieur le maire, je peux vous rappeler plus tard ? J'ai un petit souci sur la ligne. … Merci monsieur le maire. … Bonne année à vous aussi ! »

La tonalité suivante annonça la fin de la communication et je fermais l'agenda électronique avec un soupir. J'avais vraiment fière allure. Je remis tout dans les poches de ma veste noire avant de me relever. Je jetais alors un regard vers la personne dans laquelle j'étais rentrée... Un homme, grand, brun, au regard bleu, que je connaissais bien. Imaginez ma tête. J'étais juste... Les yeux comme deux ronds de flanc, la bouche en 'o'. Genre . Qu'est-ce qu'il foutait là le grand dadet ?

« Jonathaaaaaaaaaan ! Qu'est-ce que tu fiches ici ? »

En mode lutin qui lui saute au cou, s'il vous plaît. Raaah, il m'avait manqué mon frérot !

Non mais vous parlez d'une surprise vous !! J'étais genre trop happy parce que le frangin ça faisait des lustres que je ne l'avait pas revu en fait!Enfin, depuis que j'avais perdu mon premier étalon, à peu de choses prêt. J'étais partie à Etretat, lui on ne sait pas trop où et voilà que je le catapultais à l'académie. Ça allait promettre !! Par contre, paye sa tête quoi. J'étais morte de rire. Ouais, fallait aussi dire que le hasard faisait bougrement bien les choses ici. J'arrivais et je questionnais un charmant jeune homme que j'aimais désormais plus que bien – oui, Stan –, je sortais de manière exceptionnelle en boîte et je tombais sur ledit jeune homme et toute une petite bande bien sympathique – toute la click, pour le coup – et je fonçais dans un autre homme, et pour le coup c'était le frérot. Pour le coup, trop bien, je vous jure.

« Ouais mais comment j'suis trop contente de te voir, ça fait des années-lumière quoi !! Qu'est-ce que tu deviens toi ? »

Pour ma part ? Oh, trois fois rien. J'étais tombée sous le charme d'un certain maréchal-ferrant bulgare, j'avais rencontré sa charmante meilleure amie, j'étais tombée sur la jumelle inconnue au bataillon de celle-ci, j'étais sorti en boîte avec la moitié de l'académie dont l'un des deux célébrissimes acteurs qui y vivait et sa copine championne de dressage, le nouveau débourreur un peu mystérieux, l'étudiant BPJEPS space, la sœur du moniteur, un kiné plutôt pas mal dans son genre aussi... J'avais été enlevé par un petit farceur à Halloween, aussi, et je vous jure qu'être perdue en forêt c'est par rassurant. Et bien sûr il y avait mon sauveur. Bref, mon monde commence sérieusement à tourner autour de Stan... Enfin bref, tranquille ma vie, non ?

Ben le frangin n'avait pas fais grand chose ? Dites-moi, c'était possible ? Non mais parce que moi c'était le rush international depuis que j'étais ici par contre ! D'ailleurs il enchaîna tout de suite en me demandant ce que j'avais à lui dire. Je fronçais les sourcils en réfléchissant un instant. Il y avait ça. Ah tiens et puis ça. Ça aussi. Sans oublier ça... Bref, une petite vie bien chargée !! Montée sur ressors, je lui dis tout !

« Tu vas pas me croire mais ici c'est le grand rush ! J'ai fais venir mon petit Celtic d'amour, mais j'ai même pas le temps de le monter. Entre les interviews, les dossier spéciaux et tous les articles que le journal me confie... Et sinon, j'ai fais des rencontres extra ici ! D'ailleurs y a un mec, mazette frangin, il me fait trop tourner la tête..! Et tu connais pas le truc de dingue ? J'avais organisé une fête d'Halloween avec Svetlana, une cavalière d'ici et... On a été enlevées par un malade On s'est retrouvées perdues en pleine forêt, je te dis pas l'angoisse ! Et j'ai eu de la chance, c'est Stan – le mec qui me fait tourner la tête depuis que je suis arrivée – qui m'a trouvé. Enfin bref, t'imagine pas comment c'est vivant ici ! »

Le tout dit à vive allure en mode pile électrique. Et il me demanda alors de lui faire visiter. J'acquiesçais d'un signe de tête. En papotant un peu, je lui fis découvrir les paddocks, le terrain de cross, les ronds de longe, mais aussi le chemin qui menait aux sentiers de balade, les carrière, le marcheur, le manège, les écuries, tout le bâtiment administratif. Je lui racontais en même temps un peu les histoires des différents chevaux, des lieux aussi, de la famille Osvald, quelques trucs sur les cavaliers de tel ou tel cheval, je lui parlais aussi des célébrités qui vivaient ici aussi... Bref, je le mettais au parfum pour qu'il ne soit pas trop perdu. Non mais parce qu'à partir de maintenant il allait falloir me suivre quand j'allais parler de tel ou tel endroit, de tel ou tel cheval, de telle ou telle personne... Alors je le mettais direct dans le bain. Et avec une pile comme moi, c'était mise en mode hystérie.

« Ça va je suis pas allée trop vite ?  »

Gwen Ҩ Jonathan

« Toi, ici ? Planquez-vous, ça va déménager ! »

Le frangin était dans le bain, ahah ! Non mais de toute manière il fallait bien qu'il s'y mette un jour. Non mais oh, vous croyez sérieusement que j'allais le laisser vivre sa petite vie tranquille peinard comme si je n'étais pas là et sans l'embarquer derrière moi dans mes frasques constantes ? Vous vous mettez le doigt jusqu'au coude au moins dans l'œil, bon, jusque l'épaule si vous êtes souples quoi. Il fallait être fou pour penser que j'allais le laisser au calme ! En tout cas du genre j'étais une pile, alors autant vous dire que lorsqu'elle me demanda de lui faire visiter, je ne lui laissais pas trop le temps de souffler, en mode pile électrique. Non mais genre je ne perdais pas une seconde pour faire la visite parce qu'on aurait sûrement des trucs plus importants à se dire après cette visite. Ben ouais, nah !

Et après cette visite expéditive des écuries, j'étais plutôt contente de moi, non mais parce j'adorais l'emmerder celui-là. J'étais sûre qu'il avait tout suivi mais que mon petit truc aurait fait son effet. Mon jumeau il était trop top à emmerder, je vous jure ! Lorsque je le regardai, il fit mine d'être épuisé et de s'éponger le front, geste qui m'arracha un sourire énormissime avant que je n'éclate de rire. Mon dieu mais il allait me tuer mon frangin ! Jo' venait juste de me faire mourir quoi ! Qu'il se réhabitue ? Euh, si on demandait à Stan qui me supportait depuis mon arrivée, je crois qu'il dirait qu'on ne peut pas s'habituer à pile électrique pareille. J'étais écroulée à l'idée, mais j'essayais de reprendre très rapidement le dessus sur le fou rire monumental. Non mais la honte au milieu de l'écurie quoi !

« T'es con ! Mais je t'aime ! T'as le temps de passer à mon studio ? »

Ben oui, Gwen la sœurette adorable en mode on ! Et puis qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse d'autre ?