Le soleil se levait lentement dans les cieux pâles, réchauffant légèrement l'atmosphère. Soufflant de mes naseaux, j'essayais de faire fondre le gèle sur les rares touffes d'herbes autour des installations. En effet, les bipèdes m'avaient abandonnés dans le plus petit pré. J'y avais passé la nuit, de nature obéissant, mais a la longue, cela devenait lassant ; et hop, sous la clôture! Les humains défilaient, jeunes et moin jeunes, me regardant de travers, mais aucun n'osa s'approcher, autant en profiter. Des hennissements me firent lever l'oreille, jusqu'à qu'un grand et puissant équidé a la robe d'ébène sorte des écuries, guidés par un palefrenier jusqu'au marcheur. Je ne le quittais pas des yeux avant de me rapprocher, me mettant a galoper joyeusement autour du marcheur en route, le narguant, lui montrant que moi j'étais en total liberté. Je ricanais intérieurement avant de retourner dégivrer l'herbe, grattant aussi le sol pour dégager quelques brindilles étouffées sous la neige. Finalement, la vie n'était pas si mal ici! Mon gros duvet me protégeais du vent froid qui soufflait atour de moi, agitant les arbres dénudés et faisant s'agiter les chevaux les plus nerveux. Si tout le monde pouvait être calme et sage comme moi, la vie serait tellement plus simple ! Je soupirais bruyamment, songeur, et m'ébrouais vivement, chassant les flocons reposant depuis quelques instants sur ma croupe rebondie.