« Mesdames et messieurs bienvenue dans le vol Paris-Normandie. Nous espérons que... »
Un jeune-homme aux longs cheveux noirs de jais soupira et s'enfonça dans son siège. Il serra un petit carnet à couverture rouge contre son torse puis le posa sur ses genoux. Ses doigts attrapèrent son crucifix et le serra.
« Les consignes de sécurité sont les suivantes... »
Il posa son regard sur le paysage à travers le hublot. C'était son troisième voyage en avion.
Le 1er était Pine Ridge-New-York, le deuxième New-York-Paris et le dernier était celui là, Paris-Normandie.
« Veuillez attacher vos ceintures. »
Il le fit. Ses yeux bridés tristes et vides se baissèrent sur le carnet. L'avion se mit à rouler. Une larme coula sur la joue du jeune brun et tomba sur la couverture du carnet.
L'avion décolla. Le jeune serra les accoudoirs. Il n'aimait pas le décollage.

Une fois dans les airs, il ouvrit le carnet doucement. Il prit un stylo et commença a écrire.

« Je m'appelle Samson Wauneka. Souvent les gens plaisantent sur le fait que je m'appelle Samson et que j'ai les cheveux longs. J'espère ne pas avoir de force grâce à mes cheveux, sinon je les couperais tout de suite !
Je suis né et j'ai vécut dans la réserve de Pine Ridge dans le Dakota du Sud en Amérique du Nord (aux Etats-Unis). Je suis un pur Lakota. Ma mère, Migina, était très proche de la culture des Blancs même si elle était Amérindienne. Elle était Catholique et avait confiance aux blancs. Elle donnait des cours d'équitation à l'Amérindienne pour les quelques touristes. Mon père, Chayton, était très attaché à sa culture Lakota et n'aimait pas vraiment les Visages Pâles. Même si maman était proche de la culture des Blancs, papa l'aimait quand même. Il l'aimait même vraiment beaucoup. Papa était vendeur de bijoux et de poteries qu'il fabriquaient lui même pour vendre aux touristes.
J'avais un frère, du nom de Noah. Je parle au passé, car ils ne sont plus là tous les trois.
On croit souvent que les USA c'est une terre de liberté et un endroit où on peut partir de rien pour réussir, un endroit où on peut trouver le bonheur. Je vous assure que c'est faux et je vais vous prouver le contraire en écrivant dans ce petit carnet ma triste histoire.

Le 15 Mars 1992 : Mariage de Migina et Chayton à Pine Ridge.
Le 01 Janvier 1994 : Le jour de ma naissance. Mes parents ont été très heureux quand je suis né. C'est maman qui m'a appelé Samson. En hébreux, cela signifie « Petit Soleil ». Elle a eu raison de m'appeler comme ça, car je suis un rayon de soleil en quelque sorte pour les autres. Je distribue la joie autour de moi.
Le 28 Février 1996 : Naissance de Noah, mon petit frère. Son prénom est un dérivé de Noé. J'étais tellement heureux et fier ce jour là. Fier d'être grand frère et d'avoir un petit frère à protéger.

Mes parents nous ont élevés tous les deux dans les traditions Amérindiennes. Ma mère a essayé de nous donner une éducation religieuse, mais personne ne l'a accepté sauf mon petit frère.  
Etant pauvres, nous vivions dans une petite maison précaire et insalubre. Nous avions cependant un mini enclos avec un cheval appartenant à mon père. Tout le monde montait dans la famille...sauf moi. Moi, je n'ai jamais monté. Et pourtant je suis Lakota et j'aime beaucoup les chevaux.
Mon père m'a placé pourtant une fois sur un cheval quand j'avais 3 ans. Mais je n'ai jamais réussi à faire avancer l'équidé ni à remonter. Les chevaux m'impressionnent. Ils sont si énormes. J'ai peur de tomber si je les monte.
Je passais mon temps à étudier. Nous étions scolarisés dans l'école de la réserve mon frère et moi. J'étudiais dur parce que je voulais m'en sortir. Noah n'étudiait pas beaucoup. Il préférait faire la fête, s'amuser. Je n'ai jamais fait la fête comme les autres jeunes. Les seules fêtes où j'ai participé, ce sont les fêtes traditionnelles Amérindiennes. Je suis très attaché à ma culture.

Quand je n'étudiais pas, je jouais de la guitare. J'en fais depuis que je suis enfant. J'adore jouer de la guitare, j'en joue tous les jours. Si je ne joue pas, je sors dans la Nature et je reste des heures là, entrain d'écouter et d'observer la faune et la flore.
J'aidais ma mère dans son travail en ammenant les chevaux pour les touristes par une longe. Mais jamais je ne montais. Ma mère adorait monter. Souvent, elle m'encourageais. Mais jamais je ne montais.

Le 12 Mai 2013

Maman m'appela. J'entrais dans sa chambre doucement. Elle m'encouragea à approcher et me mis autour du cou un crucifix.
« Samson, je te donne mon collier. Il est à toi maintenant. N'oublie jamais que je serais toujours là pour toi et que Dieu te protège.
« Maman...tu sais bien que je ne crois pas à...
« Je sais. Samson...Promets moi une chose. Veux-tu ?
« Oui, quoi ?
« Promets moi qu'un jour tu monteras à cheval. »
Ses mains se ressérèrent sur les miennes. Elle me souriait. Je me jetais à son cou et lui promis : « Je te promets maman. Un jour je monterais. »

Monter à toujours été mon rêve mais j'ai peur. Et ma peur n'a fait qu'accrôitre le jour...de l'accident.
Le Jeudi 16 Mai 2013, quelques jours après ma promesse, maman faisait une ballade avec des touristes. Je les suivais en voiture à distance, au cas où elle aurait besoin de moi pour aider les visiteurs.
Il faisait très beau ce jour là. Tout était impéccable. Soudain, le cheval de maman s'emballa. Je ne su pas pourquoi, parce que j'étais trop loin pour voir la cause. Mais maman tomba de sa monture et fit une mauvaise chute. Les touristes allèrent voir. Je fis de même. Mais c'était trop tard. Elle était morte. Elle n'avait pas de casque ce jour là, juste un chapeau de cow girl. Les touristes m'ont dit qu'il y avait eu un serpent sur la route. Lorsque mon père a apprit la nouvelle, il a été terriblement éffondré. Mais il a fallut vivre avec. Vivre sans maman.

Comme il n'y avait plus personne pour faire des leçons aux touristes et que je ne voulais pas, Noah a prit la relève. Je me contentais juste de l'accompagner à vélo lors des ballades ou à ammener les chevaux par une longe, à les panser, à les nettoyer et à les chouchouter. J'ai toujours aimé les chevaux depuis tout petit et j'ai toujours aimé m'en occuper. Mon frère étant un petit fénéaiant, il me donnait les corvées difficiles à faire, et c'était moi qui nettoyait les boxes, transportait le foin, nourrissait les animaux et les brossaient. Je connais beaucoup de choses sur les chevaux, car je lis beaucoup de choses sur eux, mais je ne veux pas monter. J'ai peur, beaucoup trop peur. Je ne veux pas finir comme maman.
Malgré cet accident, la vie ne m'a pas fait de cadeau. Cette année, il y a cinq mois, un autre malheur est venu me frapper.

28 Janvier 2015

Il faisait nuit noire, quand ma grand-mère est venue en catastrophe me retrouver. Grand mère c'est la mère de papa. Elle est très croyante en Waka Tanka et très fidèle à sa culture, un peu comme papa, mais en pire. Grand-mère était affolée. Je lui ai demandé de se calmer et je lui ai même servi du lait chaud. Elle a bu puis m'a saisi par les bras et m'a annoncé : « Ton père et ton frère ont été tués par un Blanc ! ». Je ne voulais pas la croire au début, mais le lendemain, elle est venue me retrouver et  m'a donné un journal. Il était inscris en gros titre qu'un assassinat de deux amérindiens avaient eu lieu près du casino de Pine Ridge. La police à mené son enquête pour trouver le tueur, mais personne n'a été trouvé.


Quelques temps plus tard je suis allé vivre chez grand-mère. Je lui ai demandé pourquoi un tel drame avait eu lieu. Grand-mère m'a dit que mon père et mon frère ont été tués juste parce qu'ils étaient amérindiens. Elle m'a rappelés que tous les Blancs n'avaient pas changés et qu'il en restait des mauvais. Depuis la mort de papa et Noah, j'ai arrêté mes études. Leur mort m'a profondément affecté et jamais je ne les oublierais. Je restais souvent des jours et des jours dans la nature, triste ou entrain de pleurer. Seuls la compagnie des chevaux de la réserve me remontaient le moral. Je les caressais et chuchotais des mots gentils. Ils sentaient ma tristesse et cherchaient à me faire retrouver les joie. Certaines personnes disent que les animaux ne ressentent rien, mais c'est faux. Ils savent quand on est triste et les chevaux sont des animaux très intelligents. Je n'ai jamais monté le cheval de maman pour autant, ni aucun autre cheval. La peur est toujours là, même si je sais que les chevaux ne me veulent aucun mal.


15 Février 2015

Je sortais juste de chez Grand mère pour aller voir le cheval de maman, quand un Blanc qui passait près de chez moi m'a interpellé : « Qu'est ce que t'a le peau rouge ? ». Je l'ai regardé un instant puis j'ai baissé le regard pour poursuivre mon chemin. «  Pourquoi tu me regarde comme ça ? Tu veux ma photo ? ». J'ai fais comme si je ne l'avais pas entendu. « Tu cherche des embrouilles Geronimo ! ». J'ai senti la colère monter en moi, alors je lui ai crié : « Je ne m'appelle pas Géronimo ! ». L'homme s'est approché de moi et m'a dit : « Ah oui ? Comment alors ? ». Il semblait visiblement saoul. Ma grand mère est sortie de la maison, l'a hélé et lui a demandé de me laisser tranquille. Le Visage Pâle à poussé ma grand mère violemment et l'a insulté. Même si je n'aimais pas la violence, j'ai donné un coup de poing au mec pour ce qu'il avait fait. Le type s'est relevé et s'est jeté sur moi pour me rouer de coups. Je n'ai pas pu faire grand chose, je ne sais pas vraiment me battre, je déteste le combat. Ma grand mère avait disparue d'un coup et je sentais les coups de l'homme s'abattre sur moi. Je suppliais, mais rien n'y faisait. Il me cria que j'allais le payer et que je finirais comme mon père et mon frère. Je compris alors que j'étais face à l'assassin de papa et Noah.
Il sortit un flingue et le pointa sur moi en disant qu'il allait me tuer.
« POLICE ! PLUS UN GESTE ! », hurla quelqu'un derrière lui.

C'était des policiers qui étaient venus. Grand-mère les avaient appelés. Ils voulurent empoigner l'homme pour le menotter, mais il s'enfuit. Une policière vint me voir et m'envoya me panser à l'hopital de Pine Ridge. Peut après, on me fit des interrogatoires et la policière parla longuement à Grand-mère.
On me convoqua de nouveau quelques jours plus tard et la policière me dit qu'il fallait que je parte le plus vite possible, car le meutrier reviendrait pour se venger et me tuer. J'ai demandé à la femme pourquoi l'homme voulait me faire une chose pareille et je lui dis que je n'avais rien fais. Elle me répondit que c'était un problème de  racisme et qu'il vallait mieux que je parte dans une autre ville.
Grand-mère me récupéra et garda le silence sur cette affaire jusqu'au mois de Mars.

Le 18 Mars 2015

Grand mère débarqua dans ma chambre, me réveilla et m'annonça que j'allais partir pour la Normandie.
« La quoi ? », fis-je abasourdi. Je ne savais pas ce que c'était la Normandie. Elle m'expliqua que c'était une ville qui se situait en France.
« Moi, aller en France ? Pas question ! Je ne sais pas parler un mot de ce pays et je ne connais rien de là bas ! Je ne veux pas aller en Normandie ! Je suis bien ici ! Pas question de quitter ma terre. C'est ici que je suis né ! »
D'une voix que je n'avais jamais entendu, Grand-mère me hurla :
« SAMSON ! TU IRAS EN NORMANDIE QUE TU LE VEUILLE OU NON !!! JE NE LAISSERAIS PAS MON PETIT-FILS SE FAIRE ASSASSINER COMME MON FILS ! EST CE BIEN CLAIR ??? ».
Je baissais la tête et murmurais : « Très clair. ». Grand mère m'apprit que son amie connaissait quelqu'un qui avait un oncle qui habitait là bas et qui avait travaillé à Horse Beautiful, un ranch tranquille. Elle me dit que je pourrais  y aller aussi et que je serais en sécurité là bas. J'ai rappelé à Grand-mère qu'il n'y avait que des Blancs en Europe et que je serais un énorme intru, que je risquais de souffir de nouveau de racisme et qu'on me tuerait certainement en Normandie. Mais Grand mère m'a assuré du contraire, me disant que les Français n'étaient pas aussi extrêmes qu'ici en Amérique.
Elle me dit que l'Amérindien qui avait travaillé à Horse Beautiful avait survécut et n'avait jamais été détesté. Elle me sourit, posa sa main ridée sur ma joue et me serra dans ses bras. Elle me donna un médaillon en or avec la photo de maman, papa, Noah et moi à l'intérieur et me dit d'une voix douce : « Tu pourra refaire ta vie là bas. Tu pourra réaliser ton rêve et monter à cheval, comme tu as promis à ta maman. N'oublie jamais cette promesse. Tu pourras travailler en tant que palefrennier et apprendre à monter et peut être trouveras tu ton ame-soeur dans ce pays étranger. »
« Moi sortir avec une Blanche ? JAMAIS ! Plutôt mourir ! »
« Tous les Blancs ne sont pas pareils mon petit. »
« Comment peux tu dire ça ? »
« Tu t'en rendras compte par toi même. Personne ne te connait en Normandie. Tu verras, ce sera facile pour refaire une nouvelle vie. ».

J'ai rappelé à grand-mère qu'on étaient pauvres, mais elle me rassura en disant que tout était réglé et que la police se chargeait de tout.
Mon départ était fixé à Mai. J'étais triste de quitter ma terre. Mais il le fallait. Pour vivre. »

Samson fit une pause puis se remit à écrire :

« Et voilà pourquoi je suis dans cet avion. Quand je suis parti, Grand-mère m'a dit : « Mon petit-fils, n'oublie jamais qui tu es. N'oublie jamais la terre de tes ancêtres, tes coutûmes et les tiens. ». J'ai promis et nous nous sommes sérrés très forts dans nos bras.
Je n'ai pas confiance en l'idée de Grand-mère. Je suis quand même  dans un pays étranger avec beaucoup beaucoup beaucoup de visages pâles. Je ne pense pas trouver ma place ici. Je suis un grand intru ! Un AMERINDIEN LAKOTA en NORMANDIE ???? Vous avez déjà vu ça vous ?
Et puis...je ne parle pas bien le français. J'ai un énorme accent et je ne mélange le Lakota, l'Anglais surtout au Français. Pourtant j'ai pris des cours. Mais bon, on verra bien...Je n'ai jamais trop loin un dictionnaire Anglais-Français à portée de main, un bécherelle, un livre de grammaire et le « Apprendre le Français de A à Z » sans oublier le « FRENCH FOR DUMMIES ».
Je suis curieux de voir ce ranch et très heureux d'y travailler bientôt en tant que palefrennier. Je n'ai pas peur du travail et j'aime m'occuper des chevaux, mes animaux préférés.

Quelques fois, je suis un peu triste en repensant à maman, papa et Noah, mais j'ai le médaillon avec leur photot et le collier crucifix de maman autour du cou. J'espère réussir à m'intégrer et réussir à vaincre ma peur. J'aimerais tellement monter à cheval et devenir un cavalier. J'aimerais pourvoir me prommener, galoper, franchir des obstacles comme maman autrefois. J'aimerais monter à cru aussi comme mes ancêtres. J'aimerais réussir ma vie, ma nouvelle vie.

Samson Wauneka. »

Le voyage continua. L'avion attérit en Normandie. Samson sortit de l'aéroport, une valise et le carnet à la main. Il appela un taxi et celui-ci le conduisit jusqu'au ranch. Il faisait très beau lors de son arrivée. Le jeune Amérindien sortit du taxi, paya, remercia, salua puis porta son attention sur le ranch. Horse Beautiful. Il le trouva magnifique et pour la première fois depuis la mort de sa famille, un énorme sourire se dessina sur son visage. Il était enfin chez lui. Il le sentait en lui.