Voilà quelques mois maintenant que j'étais arrivé à l'académie. C'était clair qu'Etretat ça me changeait de Bordeaux... C'était déjà beaucoup plus humide. Mon corps s'en ressentait d'autant plus. Le patinage avait laissé ses marques. Outre un petit quelque chose de gracieux dans le moindre de mes déplacements, comme si je glissais plus que je ne marchais – très agréable à regarder, soit dit en passant, et loin de faire efféminé, pour ceux qui voudraient se moquer – et bien la dernière chute m'avait aussi laissé des raideurs, des douleurs. Ainsi, l'humidité me sciait en deux. Les élancements de mon dos étaient invivables. Ainsi, cela faisait un moment que j'étais ici et j'étais très peu sorti. Je n'avais pas encore vraiment côtoyé les chevaux ou même les autres cavaliers. Il était vraiment temps que je me secoue, moi...

Ce matin, j'étais donc décidé à trouver les informations nécessaires pour vraiment démarrer ici. Après un petit-déjeuner plutôt léger, j'avais pris une douche bien chaude, pour calmer mes muscles qui criaient leur raideur. Enfin, vous connaissez le refrain non ? Je me préparais à sortir. Et autant dire que j'avais pas mal d'allure pour le coup. Je n'allais peut-être pas travailler mais je faisais très attention à mon style. Bon, j'avoue volontiers que je ferais tâche dans une écurie, mais je n'avais pas prévu de m'occuper d'un cheval, ou du moins pas ce matin, donc ce ne serait pas bien grave. Bref. J'avais donc enfilé un costume noir, à la fois simple et élégant, une pièce unique et sur mesure composée par mes soins sans petits chichis inutiles. Une chemise noire en dessous, voilà qui était parfait.

Direction l'académie, donc. Après m’être un peu renseigné niveau administratif, on m'avait dit que pour le reste, il faudrait que je vois avec le palefrenier en chef, soit monsieur osvald petit-fils, de son prénom Ulrick. Et allez trouver quelqu'un que vous ne connaissez pas dans un lieu que vous connaissez à peine... Autant chercher une aiguille dans une meule de foin. Et là, c'était de circonstances non ? Enfin voilà, on m'avait dit de voir au club-house, sait-on jamais que je trouverais quelqu'un qui sache où il se trouvait... En entrant, je m'y trouvais seul. Super cool... Tant pis j'attendrais un peu dans l'endroit avant d'aller chercher ailleurs.

Nathanaël Ҩ Cécilia

« La vie est un long fleuve tranquille »

J'étais seul, dans le club house. Et pour le coup, j'aurais autant préféré tomber sur quelqu'un. J'étais un peu un solitaire sur les bords, surtout en ce moment. Mais voilà, là pour le coup j'aurais bien aimé ne pas être seul. M'enfin, je fis quand même un truc assez positif. Plutôt que de me morfondre, j'observais autour de moi le lieu. Il y avait pas mal de photos. Pour beaucoup il s'agissait de cavaliers et de leurs chevaux. Les uns volaient au dessus des barres ou obstacles de cross, effectuaient un figure de dressage tandis que les autres étaient assis dans l'herbe dans une pose complice. L'étude des images attira toute la concentration et l'attention dont j'étais capable. Ainsi, je n'entendis personne rentrer.

Jusqu'à entendre une furie qui s'égosillait à propos de son frère. Ah ben déjà ça ne pouvait pas être moi, j'étais fils unique. L'unique rêve de ma mère réduit à néant, au grand plaisir de mon père ai-je envie de dire. Je me retournais néanmoins, gardant pour moi toute émotion trop excessive. Ni animosité – inutile, puisque je n'en avais pas – ni étonnement – malgré ma surprise – encore moins dédain... Vous l'aurez compris, je restais neutre. Enfin, sauf l'esquisse d'un sourire sur mes lèvres. Je n'étais pas d'un naturel désagréable, comme jeune homme. J'avais peu d'énorme défauts. Bref, c'est pas la question du jour non plus...

La jeune femme sembla gênée. Bon, il n'y avait pas de quoi non plus. Ah quoi que si, en fait elle avait carrément fais la peau à un oreiller. Ouais bon, ce n'était pas à moi de la juger non plus. Je ne savais pas trop ce qui avait pu la mettre dans un état pareil. Finalement elle avança vers moi, tandis que j'étais resté planté à ma place – un peu l'air con non ? – et me demanda si j'avais besoin d'aide. Enfin à peu près quoi. Mon sourire s'élargit légèrement et je lui répondis. Non je n'étais pas chiant comme mec, j'étais plutôt effacé quand il le fallait et puis je n'allais pas commencer à envahir mon monde. Bref, je m'égare.

« Bonjour. Oui peut-être, je cherche Ulrick Osvald, si jamais vous avez une idée de là où je peux le trouver... »

Et paf, le truc à ne pas dire Nathanaël. Raté...