Un vendredi soir quand je ne bosse pas, ce n'est pas une soirée canapé avec une pizza et quelques canettes de bière. Non, comme si d'y bosser toute la semaine ne me suffisait pas, j'avais prévu une virée en boîte. Seul, bien entendu. J'y allais pour m'amuser, et pourquoi pas pour tomber sur quelqu'un avec qui m'amuser un peu plus qu'en dansant. Ne prenez pas cet air choqué, c'est passablement agaçant. Auriez-vous oublié qu'il était dans mon tempérament de faire l'inverse de l'étique habituelle? J'étais plutôt du genre à faire ce qu'on m'interdisait et à renier ce que l'on me conseillait. C'était aussi vrai que le fait que je m'appelle Alexandre, que je sois un mec de la rue et que j'ai fais de la détention pour mineur. Classe le CV non?

Vingt et une heure. Une bonne heure pour m'occuper de moi avant de sortir. De toute manière, même en arrivant tard j'avais mon petit passe-droits. C'était l'un des avantages à être employé dans cette boîte, sympa hein? J'étais donc vêtu d'un jean à la couleur passée et d'un simple tee-shirt blanc. Pour la route, je mettrais un sweat-shirt noir, mais pour la soirée, rien, nada, juste ce petit tee-shirt. C'était suffisant. Non mais ce n'était pas pour me vanter mais ça me mettait assez en valeur, mine de rien. Ouais bon d'accord, je vais commencer par me taire. Il était vingt et une heure trente, j'étais fin prêt. Je pris mes papiers, de l'argent et ma veste en cuir bien chaude. Je partais à pieds, je savais déjà dans quel état j'allais rentrer. J'appellerais un taxi, si je suis en état d'y songer. Au pire, les collègues me foutraient dedans de force, je pense.

Vingt-deux heures trente, boîte de nuit. Malgré un peu d'attente quand même, j'étais rentré, aux taquets. J'avais foutu ma veste et mon sweat dans la salle de pause, histoire de ne pas misérer avec le vestiaire. J'étais allé m'installer au bar pour discuter avec le barman, devenu un pote. Il me servit d'emblée une vodka et on parla un peu de tout, avant que je ne vois une jeune femme. C'était par un regard fugueur que j'avais vu qu'elle avait le regard fixé sur moi. J'eus un sourire en regardant mon collègue.

« Alex fait encore des ravages!
-Cherche pas mec, c'est ça la classe. Sa prochaine consommation est pour moi. dit le mec qui vient de voir qu'elle a pas encore payé son mojito. Non mais des fois, j'ai de bonnes idées.
-Je suis sûr que t'es pas foutu d'aller lui parler là.
-Tu me connais mal. »

Avec un sourire moqueur, je pris mon verre et me dirigeais vers la jeune femme. Entre temps, je saluais deux ou trois connaissances, ainsi que quelques collègues. Bon, son mojito venait d'arriver et mon collègue me désigna du doigt, un sourire aimable - je le devinais, moi, moqueur - aux lèvres. J'arrivais sur ce et souris à la jeune femme d'un air assez craquant. Non mais avouez, j'avais du charme de temps à autres.

« J'espère qu'il n'a pas dit trop de conneries sur mon compte. J'm'appelle Alex. »

Regard azur, sourire craquant... Parfait non?

Bon bah les présentations marchaient dans les deux sens et la miss ne semblait pas des masses farouche alors c'était pas mal cette histoire. Maintenant, j'espérais bien ne pas finir ma soirée seul. Oh, me regardez pas avec vos yeux de sainte nitouche, vous savez très bien où un mec comme moi peut bien vouloir en venir. Quoi que, un mec comme moi ça ne veut pas dire grand chose, je suis plutôt unique dans mon genre, si vous voulez mon avis. J'étais un mec des rues, OK, là, je ne nie pas. Mais j'étais un mec plutôt posé, j'avais beau être un bagarreur dans l'âme je n'aurais jamais lancé une bagarre moi-même. Et puis surtout, j'avais du respect. Une seule fille pouvait-elle dire que j'avais joué avec elle? Non, pas une, mais c'était vrai que je n'étais pas du genre à me caser pour les trente prochaines années de ma vie. Cela faisait-il de moi un mauvais type? Non, bien au contraire. J'avais une morale à laquelle j'avais tendance à m'accrocher et c'était pas mal. C'était bien, ça me tirait vers le haut. Passons. Ainsi, c'était Juliette? Mignon à craquer. Je lui lançais un regard splendide et assez éloquent, sans non plus passer pour je ne sais pas quoi. Le tout en buvant une bonne gorgée d'alcool, après tout, ça je gérais pas mal aussi.

Et enfin une question qui me désarçonna mais à laquelle je souris immédiatement. Moi, célibataire? Non mais ça se voyait au milieu de la figure que oui, non? J'étais bel et bien un célibataire endurci. Ouais enfin j'avais quelques conquêtes à mon actif, une ou deux histoires plus sérieuses et basta. Je vivais ma vie de jeune sans attaches quoi. Je lui répondis donc, un brin charmeur.

« Ouaip, célib'. J'aime pas les contraintes, j'suis plutôt du genre à vivre à fond. Et pour qu'une demoiselle comme toi soit seule au bar d'une boîte, je présume que t'es célibataire aussi? »

Pile ou face, après tout. La miss finit son verre en deux gorgées et moi en une seule traite. Elle recommanda ensuite un mojito, et le collègue me regarda, un peu furax d'avoir parié à tord. J'attendis, pour le plaisir, qu'il soit parti et revenu pour commander à mon tour.

« Tiens, remets-moi comme tout à l'heure et mets les consommations de mademoiselle sur ma note. »

Il pesta, se pencha vers moi et me souffla une insulte à l'oreille, ce qui me fit bien rire et revint servir. J'adressais un sourire à Ju' tout en lui proposant de trinquer:

« Aux belles mais imprévues rencontres? »

Ouais, c'était plutôt pas mal ça. Et puis une fois qu'elle aurait fini son verre, je l'emmènerais danser, tiens. Pas mal, pas mal!

La soirée était pas mal, ouais. On pouvait bien s'amuser quoi. Il y avait de quoi boire et de la bonne musique, Juliette était charmante au possible. Et on était tous les deux célibataires, ça, fallait le souligner ! J'étais plutôt content de ça, d'ailleurs, puisque la miss me plaisait pas trop mal. Le truc moins bien, c'est qu'on allait m'accuser de la faire boire pour parvenir à mes fins, sauf que là, elle buvait toute seule quoi ! Non mais pour ça j'étais plutôt sérieux, fallait pas croire non plus. Nous continuâmes la conversation. Un sourire aux lèvres, je lui répondis :

« Et encore, c'est une simple soirée... Quand il y a une soirée à thème ou un people dans les parages, ça vaut le détour, crois-moi ! »

Ben oui, c'était pas les même soirées du tout, ça ! C'était plus vivant, il y avait plus de monde... Des vraies soirées quoi ! Mais c'était là que je bossais en général. Puis ce petit épisode amusant des commandes. Il était excédé, le collègue, et j'étais pas loin d'exploser de rire moi. Non mais si, c'était comique, allons ! On n'allait pas en pleurer non plus ! Lorsque Juliette parla de me ruiner, je rigolais sympathiquement. Bah...

« T'inquiète, ce sera retenu sur mon salaire, je le verrais même pas ! »

Puis vint le splendide – à tomber ! – sourire de Juliette lorsque nous trinquâmes. Et là, elle fit un truc, mais alors complètement dingue. Elle but cul sec le mojito. C'était moi ou elle avait quand même une bonne descente la miss ? J'étais pas fou, hein. Elle buvait pas trop mal. Par contre, elle allait finir étalée, ça, je le sentais. Bah, tant pis, j'étais pas son père non plus, c'était pas à moi de lui mettre des limites. Par contre derrière c'était à moi d'être sérieux, et ça, je me connaissais, j'en étais capable, quand je voulais.

A moi ? Un sourire sûr de moi et un peu moqueur étira mes lèvres. C'était de la gnognotte ça. C'était trop simple pour moi. J'y étais beaucoup trop habitué. Je pris tranquillement mon verre, le faisant tourner une seconde sur la table, avant de l'attraper et de me l'enfiler en deux gorgées aux taquets. Il fallait d'ailleurs plus de temps pour vous l'expliquer que pour le faire. Je fis ensuite glisser mon verre sur le comptoir, avant de regard l'heure, derrière ledit comptoir.

« Il est trop tôt pour commencer à jouer à ça. Tu danses ? »

Je venais de me lever et je l'attendais. J'allais faire chauffer la piste, vous pouvez me croire ! Parce que j'étais bon fêtard, bon buveur, bagarreur à mes heures, cavaliers quand l'ennui se faisait sentir, barman de professions. J'avais plus d'une corde à mon arc. A cela ajoutons que je savais bouger – et bien bouger, même – sur de la musique et ce serait un bon résumé. Je n'étais pas de ces mecs qui font figuration en étalant de l'argent. Non, j'étais plutôt de ceux qui agissent pour arriver à leurs fins – plus ou moins avouables, d'ailleurs.

Si je connaissais bien la boîte ? Je ris légèrement avant de lui répondre que, oui, je connaissais un peu pour fréquenter régulièrement. Le tout avec un sourire à la fois charmant – et non charmeur, quoiqu'il put aussi parvenir à charmer – et mystérieux. J'allais juste passer pour un fêtard mais en fait, le truc, c'est que j'y bossais. D'ailleurs, c'était ça cette petite rivalité avec le collègue barman. J'adorais faire chier mon monde et quand je ne bossais pas je m'en donnais toujours à cœur joie et c'est encore peu vous dire, si vous voulez mon avis. L'autre était juste passablement énervé et cela allait partir en concours d'insulte s'il ne la mettait pas en veilleuse, par contre. Je pouvais aisément être mauvais comme la peste, et ça, c'est un euphémisme. Bref... Et là, déclic, je crois, dans la tête de Juliette. Elle me demanda si je bossais ici.

« Ouaip, mais pas ce soir. »

Simple, court, efficace ? Sûrement assez pour que la miss comprenne que je n'avais pas tellement envie de m'attarder sur mon boulot, mais surtout, surtout ! Sans être abrupte ou vraiment couper court à la conversation. Non, je lui laissais le choix, au pire ben... J'en parlerais, de mon taff ennuyeux à mourir. Mais j'aurais préféré éviter quoi. Par contre, le concours de la plus rapide descente cul sec, ça, c'était pas pareil. Du genre même pas peur, je gère la fougère ben il y a moi quoi. La force de l'habitude. Et d'un autre côté, j'aurais pu le finir d'une seule gorgée, ce verre, mais je voulais quand même apprécier. Et il fallait que je sache me lever pour inviter la miss à danser. Quoi que, avec juste deux verres, c'était comme si j'étais a jeun !

Et donc je partis danser avec Ju', qui avait l'air juste ravie que je le lui propose. On se demande pourquoi. Il fallait dire que j'étais un mec plutôt pas mal. Non mais sérieusement, vous entendez comment elle me vante celle de derrière l'écran ? Je vais passer pour Narcisse après, très peu pour moi, quand même. Allez, revenons à nos moutons, et surtout à notre piste de danse. La demoiselle se débrouillait fichtrement bien. Elle fit d'ailleurs le même compliment à mon égard et je ne pus retenir un demi-sourire juste à faire fondre.

« Je te renvoie le compliment ! »

Je ris légèrement, appréciant les pas complexes qu'elle prenait le temps d'effectuer avec tant d'aisance. Puis ce fut un slow. Il y en avait deux qui allaient me le payer très cher ! Non pas que je ne voulais pas d'un slow avec Juliette – au contraire même ! – mais plutôt que c'était abuser que de me faire un coup pareil. Le collègue du bar aller apprendre comment je m'appelais et celui de la sono' allait entendre parler du pays. Non mais sérieux quoi, j'aurais bien voulu m'amuser un peu plus avant le slow. Et le truc, c'est que je ne voulais danser, ce soir, qu'avec Juliette. Donc j'avançais d'un pas vers elle, pour être sûr de ne pas me faire attraper, et elle passa tout aussi vite ses bras autour de mon cou. Mes bras passèrent dans son dos pour un slow calme. Mon sourire était, cette fois-ci, charmeur. Bon, il fallait peut-être que j'active un peu si je ne voulais pas rentrer seul par contre. Oui, je sais, très classe dis comme ça. Au fur et à mesure, mes mains glissèrent le long des reins de Ju'. Non mais pas trop bas non plus ! Je prenais garde à faire un slow bien... Je ne sais même pas comment vous le décrire, mais un slow qui reste dans les mémoires. Un slow pour une nuit ? Non mais sérieux, ça sentait la très bonne soirée !

L'ambiance commençait à chauffer dans la boîte, et pas que. Non mais c'était vrai, l'alcool commençait à faire des ravages, les filles devenaient faciles, les mecs commençaient à choisir avec laquelle ils repartiraient et c'était pour ça que ça commençait à se réchauffer. Et puis disons que je ne laissais pas Juliette indifférente, en soulignant tout à fait que la réciproque était vraie. Elle me dit d'ailleurs qu'heureusement que je ne travaillais pas et je lui fis un demi-sourire mystérieux dont j'avais le secret. Irrésistible ? Pas nécessairement, mais plutôt à croquer quand même. J'avais beau avoir confiance en moi, je n'avais pas non plus l'assurance totale de certains Casanova qui ne savent pas ce qu'est un bon vieux râteau. Pas celui du jardinage, hein, plutôt celui d'une belle baffe sympathiquement appliquée, vous voyez ? Je n'en avais pris que très peu, des rebuffades de ce genre là, mais ça faisait assez mal pour marquer, en général.

Finalement, on dansait. Tout d'abord, c'était une bonne vieille danse de boîte et il fallait dire que Juliette avait fait monter la température sur la piste avec ses pas de danse. Elle était douée. Et si elle tentait – ou du moins c'était ce que je présumais – de m'impressionner, je n'étais pas en reste quand à bouger puisque j'étais assez habitué à danser pour lui faire quelques pas bien complexes qui produisaient généralement leur petit effet bien comme il faut. Je m'amusais comme un grand gamin, un sourire aux lèvres. Puis vint le slow. Apparemment, Juliette désirait autant que moi que nous ne dansions qu'ensemble et ça, c'était pas mal. Elle était juste extra cette fille, ça me changeait un peu des chaudasses que j'avais pris l'habitude de fréquenter. Non, elle était beaucoup plus posée, elle cherchait moins ce que vous savez que certaine et puis ce n'était pas ce qui me dérangeait. Après tout, ce n'était pas nécessairement la finalité d'une bonne soirée. Bon, d'accord, je vous avoue que c'est mieux quand ça l'ait mais voilà quoi !

Oui, je savais où placer mes mains. Elles étaient juste au niveau des reins, à la courbure du dos. Un endroit souvent assez sensible lorsqu'on savait ce qu'il fallait faire. Non pas si bas, allons. Une main environ au-dessus du fessier, si vous préférez. Mais pour qui vous me prenez ? J'avais un minimum de sens moral, quand même, et j'évitais – presque toujours – soigneusement de griller les étapes, pour être sûr de ne pas me prendre une bonne tarte. La première fois ça choque, la deuxième ça fait réfléchir et la troisième ça fait réagir, croyez-moi. Le sourire charmeur qu'elle me fit me fit plutôt craquer et lorsqu'elle me souffla à l'oreille, j'eus un sourire un peu triomphant, avant de lui répondre, plutôt taquin :

« J'ai quelques autres qualités... »

C'était un peu à double-sens, oui, mais d'un autre côté, la soirée s'orientait dans cette direction. Ne faites pas les choqués, vous le savez depuis le départ non ? Non mais dans quel monde vous vivez ? Je n'étais pas un bisounours, moi ! Au contraire, j'étais le genre bad boy à souhaits quand on me laissait exprimer ma réelle nature. J'étais plutôt peu fréquentable et peu recommandable, mais je le vivais bien. Par contre, lorsque je sentis les doigts de Ju' effleurer ma nuque puis ses lèvres caresser les miennes, je ne pus m'empêcher d'un sourire plutôt content avant de lui rendre un baiser, quelque chose d'un peu plus explicite, si vous voyez de quoi je veux parler. Pareil, je la pris un peu plus contre moi dans ce slow. Et, rapidement, mes lèvres trouvèrent le chemin de son coup pour un instant, juste quelques secondes. Nous dansions toujours, et j'étais assez mesquin, puisque nous savions déjà comment tout allait finir mais que je faisais un peu durer les choses. Oui, je sais, pas bien du tout Alex, méchant garçon. Mais c'était plus fort que moi, parce que c'était trop bon.

Un petit mot glissé dans une phrase et on sent d'emblée le double sens. Oui, le petit « intéressant » de Juliette ne passa pas dans l'oreille d'un sourd, voyez-vous. Cela m'étira un nouveau sourire, plus assuré, plus taquin aussi. Très bonne fin de soirée en perspective, voyez-vous ? Moi je vois très bien en tous cas. D'ailleurs, vu comment elle semblait apprécier mes lèvres contre la peau de son cou, ça promettait d'être une sacrée nuit. Puis un nouveau baiser, bien plus passionné, bien plus vif. Bien plus délectable et enivrant. Puis un murmure, simple murmure auprès de mon oreille. Voilà qui m'intéressait. Je fis comme si je ne l'avais pas entendue, posant de nouveau mes lèvres contre son cou, remontant délicatement, pour m'arrêter au niveau de son oreille et lui murmurer, charmeur au possible :

« Ça se pourrait... »

Je l'embrassais ensuite avant de me dégager de ce slow. Attrapant une de ses mains, je l'entraînais hors de la foule des danseurs. Finalement, nous arrivions près du bar – c'est le chemin le plus court pour sortir, mais aussi celui par lequel je nargue le mieux mes collègues – lorsque la musique changea. Je pris Juliette par la taille en passant devant mon collègue et je le vis tirer une splendide tête. Alex 1 – Lui 0. Niveau vestiaire, c'était habituellement le bazar. Mais j'étais de la maison, donc j'avais des passe-droits. Je passais derrière le petit comptoir avant de m'y accouder, une expression charmante au visage, pour m'adresser à Juliette de manière plutôt charmeuse. C'était le jeu, voyons !

« Votre numéro de vestiaire s'il vous plaît mademoiselle ? »

Bien entendu, je me repérais bien dans ce bazar et avec le numéro de vestiaire de la miss, je m'en sortais drôlement bien. Je récupérais donc ses affaires avant d'accéder à la salle de pause pour récupérer mes propres affaires. J'enfilais mon sweat-shirt noir et ma veste en cuir un peu usée mais qui faisait quand même noire ; on la distinguait à peine sur mon pull. Et ça, c'était moi, enfin, je veux dire, ma tenue habituelle, ma tenue normale. L'Alexandre que l'on connaît sur Paris. Je rejoignis donc la belle assez vite quand même, ses affaires à la main. Au passage, je négociais la voiture d'une collègue pour rentrer. Elle la récupérerait intacte, je le jurais. Non mais j'étais encore à peu près sobre donc ça irait pour conduire, ne craignais rien. Elle s'arrangea pour se faire déposer et je récupérais les clés du splendide petit bolide négocié. Je me demande comment on peut s'acheter une audi et travailler comme vestiaire dans une boîte quoi... Bref, j'avais un joli petit bijou entre les mains – du moins les clés – lorsque je rejoignis Juliette. Je la pris par la taille avant de l'embrasser.

« J'ai pas été trop long au moins ? »

Non mais oh, il y avait un minimum de politesse à avoir, même pour un one-night ! Non mais je vous jure, les gens quoi. Genre j'allais la laisser poireauter trois plombes sans m'excuser ou assimilé... Des dingues, je vous jure. Je la pris de nouveau par la taille pour cette fois-ci l'entraîner hors de mon lieu de travail. Je repérais rapidement la voiture que l'on m'avait prêté, que j'ouvris. J'attendis que la jeune femme se soit installée avant de faire de même. Ah, qu'il était appréciable le ronron du moteur de ce petit bijou juste à se damner pour pouvoir le conduire... Bon, ce n'était certes pas l'audi A5 sportback dont je rêvais, mais c'était déjà mieux que mon vieux tas de ruine. D'ailleurs, elle allait rendre l'âme, ma vieille caisse... Un sourire charmeur aux lèvres, je regardais Ju' avant de démarrer.

« Tu connais Horse Beautiful ? C'est l'académie équestre d'Etretat, et accessoirement mon lieu de résidence. »

Et je démarrais donc. Un peu vite, certes, mais je ralentis assez rapidement. Je n'avais pas l'habitude qu'une petite merveille réponde si vite aux ordres. Bon, c'était logique mais d'un autre côté je n'étais pas habitué. Bref, reprenant une allure normale, je quittais bientôt la ville pour m'engouffrer en campagne, où il n'y aurait aucun alcootest. C'était pour cela que j'avais donné mon lieu de résidence à la jeune femme ; pour qu'elle ne s'inquiète pas trop de quitter la civilisation. Mais voilà, cinq minutes plus tard nous étions entre les murs de l'académie et je sortis de la voiture. J'attrapais, une fois dehors, une fois de plus la jeune femme par la taille pour l'embrasser, faisant un peu monter la température je l'avoue, avant de l'emmener jusque mon humble petit studio. Mais il était rangé, pour une fois ! Je l'y fis donc entrer, un sourire aux lèvres. On sait tous comment ça va finir non ?

« Tu veux boire quelque chose ? »

Avant de passer au dessert, songeai-je.