« Né dans la rue » † Alexandre & Kayleigh

Sujet: « Né dans la rue » † Alexandre & Kayleigh Dim 25 Nov 2012 - 19:36

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

Oui, j'étais né dans la rue. C'était devenu mon élément, mon chez moi. J'étais aussi à l'aise dans la rue que dans n'importe quel autre lieu. Je connaissais le code de la rue, je connaissais la loi du plus fort. Et j'avais, l'espace de quelques instants, était le plus fort un jour. J'avais écrasé, comme une fourmi sous une botte militaire, un homme infecte qui avait tenté d'approcher une amie si proche de moi et de blesser mon meilleur ami. Je l'avais écrasé, purement et simplement. Je lui avais brisé à la fois le nez et la fierté. Mais j'avais fais de la détention derrière, parce que bien entendu j'avais été accusé d'avoir agressé un homme honnête. Et avec de l'alcool dans le sang à seize ans à peine, on ne cherche pas, on vous embarque, on vous menotte, on vous enferme. Mais ça, c'était à Paris.

Maintenant, je vivais avec Etretat. J'avais quitté mon père, ma belle-mère, la plus jeune de mes deux demi-sœurs. J'avais suivi la plus grande pour la surveiller, mais ça, c'est normal, je suis comme ça. J'avais décroché un job en boîte de nuit, et ce n'était sûrement pas pour rien que je rentrais voilà une heure du matin passé par les étroites ruelles d'Etretat qui, de nuit, ressemblaient d'avantages à de dangereux coupe-gorge qu'aux coquettes rue pavés aux boutiques accueillantes que l'on pouvait connaître de jour. Mais je vous l'avais dis, je connaissais la rue, rien ne me faisait frémir. J'étais franc, en marchant. J'avais quelque chose d'inquiétant, en soi.

A la lueur d'un lampadaire, on devinait ma tenue. Un jean délavé et troué, relique parisienne de ma vie de combats, un sweat avec la capuche rabattue sur ma tête, qui cachait en partie les tatouages qui couraient le long de mes bras, de mon torse, de mon cou. Mon haleine faisait des nuages blancs dans l'atmosphère, mais le froid ne me piquait pas vraiment, malgré une tenue plutôt légère. Mes prunelles glacées luisaient tandis que je regardais autour de moi. Tout était calme, peut-être trop à côté de ce que j'avais connu. Calme, jusqu'à ce mouvement, dans une ruelle encore plus sombre, cette voix qui s'éleva brusquement et déchira le silence. J'aurai juré qu'une fille avait crié, l'espace d'une seconde, dans le cul de sac, à ma droite. Je m'arrêtais et tournais rapidement mon regard dans cette direction. C'était trop sombre, mes yeux mirent un temps à s'accoutumer.

Shtoum (c)

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

Né dans la rue.
→ Kayleigh et Alexandre

Quand vous avez un ami que vous connaissez depuis un bail, avec qui vous avez passé de super moments, avec qui vous avez fait toutes les conneries du monde, qui s’appelle Jacob et qui vous invite à aller en boîte de nuit, vous y allez, non ? Eh bien moi, oui ! La superstar m’a invitée à aller passer la soirée avec lui dans une boîte de nuit juste trop top à Etretat. J’ai tout de suite accepté, tellement l’idée me tentait. Avec lui, au moins, je pouvais tout oublier le temps d’une soirée, penser à rien et juste m’éclater un maximum. C’était donc ce que j’avais fait, et j’avais bu une ou deux bières, aussi.

J’avais quitté Jake les idées un peu embrumées, mais pas complètement bourrée non plus. Je savais où j’étais et ce que je faisais, je me sentais juste super fatiguée et je sentais que j’étais capable de sortir les pires conneries du monde. Enfin bon, j’avais décidé de marcher jusqu’à mon studio à HB, histoire de ne pas conduire en étant saoule, hein, vous savez. Mon côté petite fille modèle reprenait le dessus malgré tout, je n’y pouvais absolument rien. Enfin bon, je marchais donc dans les petites ruelles sombres d’Etretat, non sans stresser un peu. Ben oui attendez, il n’y avait aucune lumière à part celle de la lune qui donnait au paysage une ambiance mystérieuse et plutôt effrayante. En plus, je n’étais sûrement même pas capable de me défendre si quelque chose m’arrivait.

Soudainement prise par un mal de tête plutôt affreux, je dus m’appuyer contre le mur d’une maison pour ne pas tomber. L’alcool ne me réussissait pas, franchement. Je n’avais pourtant pas bu tellement… Je me tenais la tête pour essayer de me remettre un peu, lorsque j’entendis des pas près de moi. Je levai la tête rapidement et vis un mec complètement bourré, dix fois plus que moi essayer de m’attraper le bras. Tout à coup, tout semblait incroyablement réel et mon esprit s’éclaircit en un coup. Lorsqu’il réussit à me choper le bras, je lâchai un cri aigu, effrayant et incroyablement fort dans la nuit si silencieuse. Il me prit ensuite par les épaules et me plaqua contre le mur. Mais qu’allait-il faire ? J’étais morte de peur, terrifiée. Je réussis encore à lâcher un :

« Mais lâchez-moi ! » en criant, lorsqu’il mit sa main sur ma bouche.

Je ne pouvais plus rien dire, ou faire, j’étais prisonnière même si je me débattais comme pas possible. Pour un homme saoul, il était drôlement fort et je n’arrivais pas à m’en débarrasser. J’essayais de lui envoyer quelques coups mais impossible de l’atteindre. Je sentais mon esprit s’embrumer à nouveau peu à peu, j’avais du mal à voir ce qu’il se passait, tout devenait assez flou. Pourtant, je savais que ce qui se passait n’était pas un rêve. C’était bel et bien réel.

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

J'avais de l'instinct, puisque ce fut encore une fois une voix de femme qui hurla, bien qu'elle soit étouffée. Non mais alors là... Mon sang ne fit qu'un tour dans mes veines. Cela n'allait pas se passer comme ça. Ce mec n'allait même pas pouvoir rêver de toucher une jeune femme qui, visiblement - enfin, audiblement, surtout - ne le voulait pas. Là, il allait avoir à faire à moi, surtout que j'apercevais sa silhouette. Rabattant un peu plus ma capuche sur mon visage - vieux réflexe conditionné - je me dirigeais à grand pas vers le « couple ».

« Lâche-là. »

Je grondais, furibond. Et le mec, complètement bourré, ne fut pas de cet avis. Non mais il croyait vraiment que j'allais le laisser faire je ne sais trop quoi? Je l'attrapais illico par le col avant de lui faire une clé de bras, l'obligeant à lâcher la demoiselle. Il était complètement éméché le gaillard, et tant mieux pour moi parce qu'il gardait une sacré poigne, en temps normal j'aurais difficilement fait le poids. Le gars se débattait et finit par me glisser entre les doigts, de quoi m'envoyer une droite que me laisserait un beau cocard. Autant vous dire qu'il eut le droit au retour en double. Cela suffit à l'assommer un peu. Et à le faire fuir d'ailleurs, parce qu'il tituba à travers la ruelle pour disparaître dans l'ombre.

Je me tournais alors vers la victime, plutôt doucement parce que bon, je ne voulais pas l'effrayer plus que ça. J'enlevais ma capuche, ce qui découvrit les traits de mon visage et qui permit à la lune de faire luire paisiblement mes yeux bleus pâles. J'avançais vers elle, prêt à me rétracter au cas où elle avait un mouvement de recul. Après tout, moi, je ne lui voulais aucun mal.

« Ca va, rien de cassé? »

C'est là que je songeais qu'en fait, c'était moi qui avais prit une droite et que ma pommette me faisait super mal. Je passais le dos de la main dessus, et je m'aperçus que, super, l'autre avait dû avoir une chevalière puisque je saignais. Non mais alors là, chapeau chef! C'était moi qui mettais en déroute un mec alcoolisé et c'était moi qui ressortait avec un chtare. Super. De quoi être bien rassurant en plus...

Shtoum (c)

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

Né dans la rue.
→ Kayleigh et Alexandre

J’avais crié le plus fort possible, sur le ton le plus effrayant possible et j’espérais de tout cœur que quelqu’un m’ait entendu. J’étais terrifiée, je ne savais pas me défendre et je sentais que peu à peu, l’effet du peu d’alcool que j'avais bu me remontait à la tête. Le mal de tête revint tout à coup et je ne savais plus trop ce qu’il se passait, la scène semblait tellement irréelle mais pourtant, c'était bel et bien vrai … Tout à coup, j’entendis une voix froide ordonner à l’homme qui me tenait plaquée contre le mur de me lâcher. Mon souffle était saccadé et pas régulier, je voyais tout ce qui se passait devant moi comme dans un rêve.

Les deux gars devant moi se battaient, je ne voulais qu’une chose, c’était de m’enfuir et de partir loin de tout ça. J’en pouvais plus, j’avais mal à la tête, j’étais fatiguée et surtout, cette situation était dangereuse et semblait tirée d’un film d’horreur. Finalement, après une série de coups qui m’avait semblée beaucoup trop longue, mon agresseur s’en alla en titubant, essayant de quitter le plus rapidement possible la ruelle. Sans rien me dire, sans même oser me regarder, juste comme ça. Tout doucement, je commençai à respirer normalement, à me calmer un peu mais le mal de tête était toujours présent. Je mis donc ma main sur mon front, avant de regarder celui qui m’avait sauvée de cet homme, qui avait été là exactement au bon moment. Il avait enlevé sa capuche et ses yeux bleus luisaient à la lumière de la lune. Je distinguais aussi les blessures qu’il s’était faites en me protégeant. Il me demanda si je n’avais rien de cassé. J’hésitai un peu, encore un peu sous le choc mais lui répondis quand même :

« Euh, non … Ca va. »

Tout doucement, je me calmais et je réussis même à reconnaître le jeune homme en face de moi, il était employé dans la boîte de nuit que je venais de quitter, j’en étais sûre. Tout à coup, je réalisai que je ne l’avais même pas remercié. Je méritais juste une bonne claque oui, il s’était blessé à cause de moi et c’est lui qui me demandait si ça allait ? Bravo Kay, c’est bien.

« Merci … Je sais vraiment pas comment vous remercier, vous étiez là juste au bon moment. »

Voilà, j’avais réussi à sortir au moins un truc un peu convenable, c’était déjà ça. Maintenant, je voulais à tout prix quitter cette ruelle sombre et glauque, je n’en pouvais plus. J’avais besoin de lumière, ne serait-ce qu’un lampadaire, ça m’irait. Toujours un peu hésitante, je dis donc au jeune homme en face de moi :

« Euh… J’aimerais partir de cette ruelle, si ça ne vous dérange pas… »

Sans vraiment attendre une réponse, supposant qu’il me suivait, je me dirigeai donc vers la route la plus proche, plus éclairée. Pour finir, je me tournai à nouveau vers le jeune homme.

« Je m’appelle Kayleigh. »

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

Ca avait été rapide, l'autre n'étais pas du genre grand courageux si vous voulez mon avis. Déjà, il s'en était pris à une fille, dans une ruelle à l'écart, là où personne ne pouvait venir à son secours. Je trouvais ça ignoble. Et en prime, la pauvrette avait été incapable de se défendre. Je n'avais qu'une envie; partir derrière se mec et l'arranger bien comme il fallait une bonne fois pour toute, histoire que l'idée de s'en prendre de nouveau à une fille ne lui traverse plus jamais la tête. Et je pouvais vous assurer que si je lui refaisais rapidement le portrait, c'était sûr qu'il n'y songerait plus jamais. Mais bon, si c'était pour replonger, ce n'était pas la peine. C'était égoïste, mais le jeu n'en valait pas la chandelle, Elliana avait besoin de moi. Bon, d'accord, c'était moi qui avais besoin d'elle. Bref, la victime décréta qu'elle allait bien, même si je la trouvais un peu nerveuse, voire fébrile.

« T'es sûre? T'as l'air au bord de la syncope, là. »

Bon, je la tutoyais, cherchez pas pourquoi, j'en savais rien. On devait le même âge à peu près, et puis les vieux réflexes de la rue étaient remontés avec cette poussée d'adrénaline vivifiante. Par contre, j'étais un peu inquiet parce que mine de rien sa respiration était saccadée et que si elle avait fait un coup de stress, elle risquait de s'évanouir, alors bon... Elle me remercia et je lui souris.

« C'est rien, j'aurais pas pu passer sans rien faire, c'était même pas envisageable. »

Puis elle hésita. Est-ce que j'avais une tête à la manger après lui être venu en aide? Ou alors est-ce qu'elle se demandait si je lui demanderais une contrepartie pour cette aide? Non mais elle pouvait être confiante, de un j'étais cuit et j'avais juste envie de rentrer me coucher, et de deux ce n'était pas du tout, mais alors pas du tout dans mon caractère. Bagarreur mais respectueux, j'y avais toujours mis un point d'honneur.

Je ne lui avais pas répondu mais je lui avais emboîté le pas plutôt tranquillement. Bien entendu, elle était sortie avant moi mais bon, j'arrivais rapidement à sa hauteur. Mon visage était bien plus visible, dans ces conditions-là, puisque c'était éclairé. Elle se présenta et je lui souris avant d'en faire de même, et d'enchaîner d'ailleurs.

« Enchanté, moi c'est Alexandre, mais tout le monde m'appelle Alex. Dis-moi, ça va peut-être te paraître indiscret, mais qu'est-ce que tu fais dehors à une heure pareille, seule? »

Non mais la question se posait dans la situation hein. Je mis les mains dans les poches de mon sweat.

Shtoum (c)

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

Né dans la rue.
→ Kayleigh et Alexandre

Le jeune homme en face de moi me demanda si tout allait bien, si je n’avais rien de cassé et je tentai de le rassurer en disant que oui, j’allais bien. Sauf que j’allais pas si bien que ça, m’enfin vous l’aurez compris. Il le remarqua, d’ailleurs, et me fit la remarque. Je tentai de sourire pour rendre mes paroles un peu plus crédibles, et lui dis :

« Faut juste que le temps que je réalise ce qui vient de se passer, après ça ira. »

Ma respiration était toujours saccadée, mais j’essayais de la calmer un peu, chose qui marchait relativement bien. Tout doucement, je reprenais mes esprits, même si mon mal de tête persistait toujours. Je tremblais un peu sur mes jambes, mais je ne voulais pas que le jeune homme le remarque donc je lui proposai d’aller dans une rue un peu plus éclairée, après l’avoir remercié. Sans vraiment attendre, je me dirigeai vers la rue la plus proche et fus enchantée en voyant un lampadaire. Jamais encore je n’avais été si contente de voir une source de lumière, je vous le promets. Le jeune homme arriva à ma hauteur et son visage était déjà beaucoup plus visible. Je me présentai et il fit de même en souriant. Alexandre. Sa bonne humeur m’apaisait, je sentais que je pouvais lui faire confiance. Je ne savais pas du tout comment le remercier pour ce qu’il avait fait pour moi, c’était juste incroyable et plusieurs personnes auraient juste détourné le regard et commencé à marcher dans l’autre direction. Mais lui avait pris la peine de me venir en aide. Sinon, je ne sais vraiment pas ce qui se serait passé. J’aurais dû trouver le courage de me défendre, sans doute. Il me posa ensuite la question ce que je faisais là. Je lui fis un petit sourire.

« Je reviens de la boîte de nuit d’Etretat, et comme je supporte pas très bien l’alcool, je ne voulais pas conduire. » Je me posai sur un muret pas loin et soupirai, avant de continuer. « Là par contre, je sais pas du tout comment je vais rentrer. L’idée de retourner dans ces ruelles n’est pas trop tentante. »

C’est vrai, ça. Ma voiture se trouvait à la boîte de nuit – j’avais prévu de venir la chercher le lendemain – et de toute façon je n’étais pas en état de conduire. A pied, mauvaise idée et puis les transports en commun, dur d’en trouver à cette heure-là. Y’avait les taxis, mais ils venaient d’assez loin donc c’était pas vraiment top, sachant que je devrais attendre là. Bon ben, apparemment, j’étais bloquée. Je lançai ensuite un regard un peu timide vers Alexandre, accompagné d’un tout petit sourire.

« Euhm … Ca te dirait de me raccompagner ? Je vis à Horse Beautiful, le centre équestre pas très loin d’ici. »

Bon, j’avais l’impression de trop lui demander, après tout il devait rentrer chez lui, et qui sait, ce n’était peut-être pas du tout dans la même direction que Horse Beautiful. Donc voilà, j’avais juste un peu honte de moi. Pour tenter de le convaincre malgré tout, j’ajoutai :

« Mon père est médecin, je l’ai souvent regardé faire donc je pourrais aussi soigner tes blessures… »

Ouais bon du coup, je n'avais pas pensé à Jesse, et je pense qu’il valait mieux ne pas lui parler de tout ça, sinon ça risquerait de mal tourner. Nan mais Kay’, dans quoi tu t’es fourrée encore ?

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

J'hochais la tête. Si la miss me disait que ça allait aller, je n'allais pas m'amuser à la contredire trop longtemps non plus. Elle savait, après tout, mieux que moi comment elle allait par rapport à l'accoutumée. Je ne pouvais pas dire grand chose, en fait. Alors je me contentais de veiller, et de la suivre, enfin, sans la coller non plus. Enfin, nous fûmes dans la lumière et mon regard fut bien visible. D'ailleurs, les quelques tatouages qui ornaient mon cou aussi, étaient visibles, et je faisais encore moins garçon sage ainsi. Il n'empêche que je cherchais à rester le plus apaisant possible, vu que je n'étais en aucun cas là pour lui faire du mal. Mon regard fut intrigué lorsqu'elle me dit venir de la boîte. Ah ben oui... Je répondis sur le ton de la constatation, quoi qu'avec une pointe d'intérêt tout de même.

« T'étais avec l'acteur, non? Sinon... C'est pas le meilleur endroit pour se rendre en ville en sortant de boîte, tu sais. C'est un vrai piège à touristes, à la base. Y'a pas mal de détraqués qui traînent, enfin, t'as remarqué je pense. Les grands axes sont drôlement moins dangereux. »

J'avais mis mes mains dans mes poches avant de monter un peu les épaules, histoire de rester au chaud. Du moins un peu, parce que quand je marchais, ça allait plutôt bien, mais alors à partir du moment où on faisait lampadaires dans la rue c'était tout de suite beaucoup moins agréable cette histoire. J'allais d'ailleurs proposer à Kayleigh de la raccompagner chez elle, parce que je n'étais pas franchement chaud pour la laisser seule, surtout si elle ne supportait pas l'alcool, comme elle l'avait dit, et que bon, ça ne le faisais pas. Mais elle me devança, en me demandant si je voulais bien la raccompagner, jusque l'académie Horse Beautiful. Bon, si je lui disais que j'y vivais aussi, là, pour le coup, elle ne me croirait pas nécessairement. Je répondis à son petit sourire timide par une expression sereine.

« Si tu veux, c'est sur ma route. »

Bien entendu, la miss essaya quand même de me convaincre un peu plus. Bien entendu, parce que je me doutais qu'elle n'avait pas, mais alors pas du tout, pas du tout du tout du tout envie de retourner dans les ruelles seule. Je la comprenais, puisque si je n'avais pas été un garçon de la rue, je ne l'aurai moi-même pas fais. Je passais donc le dos de la main pour essuyer le sang qui coulait lentement. Je retins une grimace. C'était douloureux. Mais inutile de le montrer, bien entendu.

« C'est gentil, mais c'est pas nécessaire, c'est rien, trois fois rien. On y va? Tu me fais confiance j'espère..? »

J'affichais énormément d'assurance, la voix claire et grave, le regard fier, presque orgueilleux. L'autre il avait du s'en sortir moins bien, voilà ce qui me rendait content de moi. Par contre, j'espérais pouvoir couper par les ruelles pour ne pas rentrer à pas d'heure chez moi. Mais si elle me faisait confiance, c'était jouable non? Parce qu'il faudrait m'envoyer au tapis pour pouvoir lui faire du mal, et c'était pas gagné ça, vous pouvez en être sûrs et certains!

Shtoum (c)

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

Né dans la rue.
→ Kayleigh et Alexandre

J’avais dit au jeune homme que tout allait bien, après tout je ne voulais pas qu’il s’inquiète plus pour moi, il m’avait sauvée et j’allais vraiment bien, au final. J’étais un peu choquée mais bon en même temps, c’était assez normal vu la situation. J’avais donc emmené le jeune homme vers un endroit plus éclairé, histoire de me remettre un peu à l’aise. Je me présentai et lui fit de même, il s’appelait Alexandre. Ce nom ne me disait rien, et était plutôt compliqué à prononcer pour une Américaine, donc quand il me dit que tout le monde l’appelait Alex, je me dis que j’allais faire la même chose. Il me demanda ce que je faisais là, toute seule, et je répondis que je venais de la boîte de nuit. Il constata ensuite que j’étais avec ‘’l’acteur’’, et je lui répondis :

« Oui, j’étais avec Jacob Fletcher. »

Il me dit ensuite que ces ruelles n’étaient pas le meilleur endroit où aller en sortant de boîte, et ça, je voulais bien le croire. Mais bon, que voulez-vous, je n’étais plus trop capable de réfléchir et puis voilà hein.

« Non, ce n’est pas le meilleur endroit mais je ne savais pas trop comment me rendre chez moi sinon. Je pensais que c’était le chemin le plus court, et puis voilà. »

Ouais, j’étais plutôt bête, au final. J’avais appris à Los Angeles qu’il ne fallait pas trainer dans la rue le soir – ou tôt le matin, comme vous voulez – mais je pensais qu’en France, ce serait différent. Enfin. Juste après, je lui demandai gentiment s’il voulait bien me raccompagner à HB – grosse trouillarde que je suis – puisque l’idée de retourner seule dans ces ruelles ne me tenait pas trop. Il accepta, pour mon plus grand plaisir et m’annonça que c’était sur sa route. Bon ben, tant mieux ! Au moins je ne le dérangerais pas trop. Pour quand même essayer de le convaincre un peu plus – et pour ne pas culpabiliser – je lui dis que je pouvais soigner ses blessures s’il le voulait. Il passa sa main sur sa blessure, qui saignait toujours. J’avais mal pour lui, ça avait vraiment l’air douloureux. Mais il ne le montra pas. Il me répondit alors que c’était gentil mais pas nécessaire, que c’était trois fois rien. Hm, là par contre, je n’étais pas d’accord ! Ca avait l’air de tout sauf de « trois fois rien », comme il disait. Enfin bref ! Il me proposa ensuite d’y aller, avant de me demander si je lui faisais confiance.

« Oui oui, bien sûr. On y va. »

Malgré le fait qu’Alex soit là, j’avais assez peur quand même, finalement. Avant d’entrer dans la ruelle non-éclairée, je m’arrêtai, soupirai un bon coup avant de suivre le jeune homme. Je n’avais rien à craindre, il était là, il m’avait déjà protégée et je suppose qu’il le ferait une deuxième fois si c’était nécessaire. Je le suivis donc en silence, sans rien dire. Le seul bruit qu’il y avait c’était celui de mes talons et le bruit de notre respiration. Honnêtement, ce silence m’effrayait un peu, c’est pourquoi je décidai de lui parler un peu, histoire de me changer les idées.

« Tu connais Horse Beautiful ? »

Question banale et sans importance, mais je voulais à tout prix l’entendre parler. Ce qui était sûr, c’est que je ne me baladerais plus jamais seule dans ces ruelles le soir, peut-être même pas le jour, qui sait. C’était plutôt drôle en fait, en Amérique, il ne se passait jamais rien dans ma vie, et voilà que je me sentais comme un personnage dans un film, à qui il arrive toujours plein de choses. Vive la France, quoi !

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

Alors ouais, c'était bien elle qui était avec l'acteur... Le copain de Camilla, je crois. Ben oui, Camilla c'était une super bonne pote, je la connaissais d'avant la détention pour mineurs. Donc j'avais quand même un peu fouiné à son propos. Non pas qu'il y ait anguille sous roche, loin de là, mais plutôt que je préférais savoir que de commettre un impair. Non mais ne cherchez pas toujours à mal non plus! Des fois je vous accorde que j'ai des drôles d'arrière-pensées qui me traverse l'esprit mais pas toujours! Je lui posais donc une simple question:

« Et tu l'as connu comment ce type? »

C'était juste de la curiosité, question posée sur un ton léger. Et elle enchaîna. J'hochais simplement la tête. Oui, c'était un peu ça, le piège. C'était le moyen le plus court et apparemment le plus sécurisé pour traverser Etretat. Déjà, ça évitait de contourner le centre-ville. Et puis, aussi, ça évitait de marcher le long de la départementale pour aller jusqu'à Horse Beautiful, par exemple. Bon, y'avait des ruelles très fréquentables, mais pas celle-là.

« Le truc c'est qu'il faut savoir par quelle ruelle tu peux passer ou non, parce qu'en fait ça craint plus ou moins selon les endroits. »

Mais bon... Fallait le savoir quoi. Moi je m'en fichais royalement. Vous devez comprendre pourquoi, j'imagine. Mais, roulement de tambours, la jeune femme me faisait assez confiance et nous nous mîmes en route dans le calme. Je la sentais un peu nerveuse d'y retourner, et je la comprenais parfaitement. Mais j'étais là, et qui chercherait à se frotter à elle aurait d'abord affaire à moi, si vous voulez mon avis. Je n'étais pas du genre à lâcher prise. Il aurait fallu m'envoyer au tapis pour de bon pour que je ne défende pas une fille. Je sentais sa frayeur, rien qu'à la regarder. Ne me demandez pas pourquoi, mais je passais un bras autour de ses épaules, histoire qu'elle sente que j'étais vraiment là pour la protéger, et j'espérais que cela lui permettrait de s'apaiser. Lorsqu'elle commença à parler, j'eus un demi-sourire.

« Si je te disais la vérité, tu ne me croirais pas..! »

Tout était plutôt silencieux, ce qui ne m'empêchait pas de regarder autour de moi. Non mais bon, me battre une fois dans la soirée ça allait bien, hein, je n'avais pas non plus envie de passer mon temps à ça ici aussi! Je bifurquais à un endroit, prenant une ruelle un peu plus sombre mais qui nous permettait de couper et d'arriver vite sur une rue bien éclairée. D'ailleurs, on voyait la lumière à une toute petite centaine de mètres. J'accélérais juste légèrement le pas, mais nous arrivâmes dans la rue éclairée sans encombre et Horse Beautiful commençait à se "dessiner" - de jour, on l'aurait vu- un petit kilomètre de route éclairée plus loin.

Shtoum (c)

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

Né dans la rue.
→ Kayleigh et Alexandre

Il avait remarqué qu’en boite de nuit, j’avais trainé avec Jacob. Ben oui, finalement, on le remarquait vraiment bien puisque genre tous les regard étaient braqués sur lui la plupart du temps. Un acteur Américain à Etretat, c’est clair que c’était plutôt étrange. Enfin bon ! Il me demanda ensuite comment je le connaissais.

« Je viens de Los Angeles, et lui aussi. On se connaissait déjà bien avant qu’il soit devenu célèbre, on avait une petite bande à LA et on sortait le plus souvent possible ! »

Un petit sourire s’afficha sur mon visage en repensant à ces moments-là. On était plutôt marrants à voir tous ensemble, avec la bande, on faisait toutes les conneries du monde mais on s’en fichait royalement. Tout ça me manquait vraiment beaucoup, à vrai dire je rêvais de refaire la même chose ici, à Etretat, mais je sais pas, c’était pas la même chose. J’avais quitté toutes mes connaissances à LA et ça m’avait fait assez mal, j’avais une sorte de gros manque, mais bon, au final, je me plaisais vraiment en France, surtout qu’il y avait Jesse quoi ! ♥ Il me dit ensuite que ces ruelles n’étaient pas le meilleur endroit pour trainer en revenant de boite de nuit, et ça, je voulais bien le croire. Je lui dis donc que c’était le chemin le plus court, et il sembla me comprendre tout à fait, puisqu’il hochait la tête. Il me répondit ensuite qu’il fallait juste savoir par quelles ruelles passer, puisqu’il y en avait des plus ou moins dangereuses. Ah ben, il semblait bien connaître ça, lui ! Tant mieux pour moi, j’avais envie de dire.

« Oui, sûrement. Je ne m’étais encore jamais promenée ici le jour, alors j’ai juste marché dans la direction de HB sans réfléchir. C’est con, je sais, surtout que j’aurais très bien pu prendre un bus, mais y’en a peu si tard le soir. »

Je réalisai tout à coup que mon mal de tête avait disparu, et mes idées n’étaient plus si embrumées que ça. Encore un peu, mais vraiment pas beaucoup. J’arrivais à réfléchir correctement, c’était déjà ça. Pour finir, je suivis le jeune homme dans les ruelles, malgré ma peur toujours présente. Après ce qui venait de m’arriver, je n’avais plus trop confiance, mais je m’étais dit qu’après tout, Alex était là pour me protéger en cas de besoin. Ca, il me le montra en passant son bras autour de mes épaules. Son geste me décrocha un léger sourire, je me sentais encore plus protégée et c’était parfait. Là, j’avais juste envie de deux choses, soit aller dormir, soit aller me blottir contre Jesse, ses bras autour de moi. J’en avais marre de ces ruelles, marre du noir et marre d’être épuisée. Bon, Alex était super sympa et tout, et je lui étais super reconnaissante, mais là j’avais juste besoin de mon lit ou de Jesse. Ou des deux Pour casser le silence qui m’effrayait un peu, je demandai au jeune homme s’il connaissait HB. Il me répondit que s’il me disait la vérité, je ne le croirais pas. Qu’est-ce qu’il voulait dire, par là ? :Gné:

« Ah bon ? » me contentais-je de lui répondre.

Il me guida dans le labyrinthe de ruelles et choisit les plus éclairées, pour mon plus grand plaisir. Lui, il s’y connaissait vraiment, c’était plutôt étrange mais plutôt rassurant. Malgré son bras autour de mes épaules, j’avais plutôt froid, et un petit frisson me parcourut le dos. J’espérais vraiment qu’on y était presque, sinon j’allais vraiment râler.

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

Alors comme ça, elle connaissait l'acteur d'enfance ? Ben pourquoi pas ! Non mais j'étais bien placé pour savoir qu'on peut connaître des personnes, les perdre de vue pour diverses raisons et tomber de nouveau sur elle dans notre vie. Pourquoi je disais ça ? Ben simplement parce qu'elle n'avait pas la tête d'une groupie qui aurait suivi l'acteur et que ça ressemblait plus à des retrouvailles inattendus qu'autre chose. Bon, d'accord, ce n'était que mon avis alors je me trompais peut-être mais bon, quand même, c'était plus que plausible non ? Je vous rappelle qu'en deux semaines, j'avais croisé Camilla, une amie avec laquelle j'avais d'ailleurs fais toutes les conneries possibles et imaginables et Kate, la sœur d'un ami. Et ce n'était pas du tout prévu alors figurez-vous que je sais de quoi je parle !

« Et maintenant que vous êtes en France vous ne comptez pas changer vos habitudes, c'est ça ? »

Bon, d'accord, j'étais curieux mais cet acteur, il sortait plutôt souvent, quand même. Je l'avais croisé quelques fois déjà et pourtant je ne bossais pas depuis très longtemps à la boîte de nuit de Etretat, et de surcroît je ne bossais pas souvent quand on avait du beau monde. Un casier judiciaire juvénile pour violence ça devait être rédhibitoire quand on avait du beau monde, il fallait croire. Je n'allais pas m'en plaindre, c'était des congés qui ne me coûtaient rien ! Enfin, je me repris dans mes divagations sans ne serait-ce qu'une once de bon sens pour écouter la jeune Kayleigh. Le bus ? Non, ça ne valait pas mieux, croyez-moi. Vous ne pouvez même pas vous douter des conneries que j'ai pu faire dans un bus en rentrant de soirée... Je vous promets, c'est très, très, très dangereux le bus quand il est mal fréquenté.

« Le peu qui passe n'est pas recommandable, crois-moi. Non, l'idéal c'est de passer par le quartier du centre commercial, après tu prends la rue des cafés, tu passes par le Galion et après c'est le cinéma. Il y a un bout de digue éclairée et après c'est le sentier qui mène directement à l'académie. Il n'y a pas trop de risques, mais c'est un peu plus long et comme tu dis, il faut connaître. »

Elle finirait sûrement pas me demander en quoi je connaissais. Mais je m'engageais déjà dans le dédale, le bras autour de ses épaules pour la rassurer. Après tout, je savais où j'allais suffisamment bien pour ne pas me perdre, et en général on fichait la paix aux couples, surtout en voyant un mec dans mon genre. Oui, ben il fallait pas croire non plus, j'étais plutôt beau gosse mais j'avais aussi l'air tout sauf présentable quand je voulais ! D'une main, je remis ma capuche. Là, normalement, on aurait la paix. Normalement, je dis, ce n'est pas non plus une science exacte. N'empêche qu'il faudrait me tuer pour pouvoir s'en prendre à la jeune femme. Puis elle voulut me demander si je connaissais l'académie. Lorsque je lui dis qu'elle ne me croirait pas, elle me demanda pourquoi. Je lui répondis, tranquille.

« Pour la plupart des personnes, je suis juste un type qu'on croise le soir à Etretat et qu'on évite parce que je n'ai pas forcément l'air très fréquentable au premier abord. Non mais sérieusement, est-ce que tu me ferais confiance s'il n'y avait pas eu ce détraqué qui t'avais agressé ? Alors quand je dis que je monte à cheval, on me rit au nez, on s'esclaffe et on me demande si je déconne. Bref, tout ça pour dire que je vis aussi à Horse Beautiful. »

Je sais, je m'égare. Mais ça pouvait surprendre, non ? Bref, on marchait, on marchait et le large portail de l'académie commençait à se dessiner pour qui savait où il se trouvait. Le noir était de nouveau ambiant. Encore quelques centaines de mètres, rapidement parcourus, et nous passâmes le portail.

« Et nous y voilà ! »

Shtoum (c)

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

Né dans la rue.
→ Kayleigh et Alexandre

Lorsqu’Alex me demanda comment je connaissais Jacob, je lui expliquai en résumé qu’on s’était connus à LA et qu’on avait une petite bande avec laquelle on sortait souvent. Bons souvenirs tout ça, très bons souvenirs. Pourtant, la vie n’avait pas toujours été rose là-bas. On avait vécu plusieurs choses beaucoup moins amusantes et mêmes plus graves, mais inutile de trop m’attarder là-dessus, c’était du passé et après tout, on avait réussi à s’en tirer, puis qu’on était en groupe. Alex constata ensuite que maintenant qu’on était en France, on ne comptait pas changer nos habitudes. Je souris, avant de lui répondre :

« C’est ça ! Par contre, il ne reste plus que Jake comme membre de la bande. Mais on s’amuse comme on peut ! Etretat est loin d’être une grande ville comme LA mais on s’y plaît bien quand même, j’aime bien. »

Ben oui, c’était un joli petit village qui avait du charme, de belles petites maisons et puis une super boîte de nuit aussi, mais c’était quand même tout à fait différent de ma ville natale. Là-bas, on trouvait une boite de nuit à chaque coin de la rue, y’avait moyen de vraiment traîner dehors tard le soir et la nuit, y’avait toujours bien quelque chose à faire et l’ambiance était vraiment bonne. Je regrettais un peu tout ça malgré tout, mais j’avais trouvé ma place ici en France et je ne m’en plaignais vraiment pas. Et puis … Vous me voyez venir Y’avait Jesse ! Enfin voilà, bref ! Je lui parlai ensuite du bus, que j’aurais peut-être dû prendre, mais il me dit qu’il valait mieux que je ne le prenne pas. Bon, d’accord, y’avait sûrement de bonnes raisons et je voulais bien le croire après ce qui venait de m’arriver. Il continua ensuite de m’expliquer le chemin à prendre et me dit aussi que c’était plus long, mais qu’il y avait moins de risques. Il connaissait vraiment tout, lui, sérieusement ! A croire qu’il passait sa vie ici. Ca ne me dérangeait pas finalement, j’avais un bon guide, surtout que la nuit bon, mon sens de l’orientation n’était pas si développé que ça ! Dans un nouveau pays, une nouvelle ville, enfin voilà.

« Merci pour l’info ! Ca peut toujours être utile. »

Pourtant, nous ne prenions pas le chemin qu’il venait de décrire, il me prit par les épaules et entra dans plusieurs petites ruelles, dans lesquelles je n’aurais jamais pu trouver mon chemin seule, d’ailleurs. Tout se ressemblait et puis c’était juste trop effrayant comme endroit. Lorsqu’il mit son bras autour de mes épaules, je ne me décalai pas, je trouvais ça d’ailleurs plutôt rassurant. Il remit sa capuche et je constatai qu’il faisait quand même peur comme ça. Enfin, je le connaissais un peu et il m’avait aidée, enfin sauvée si on peut dire ça comme ça, j’avais donc toutes mes raisons de lui faire confiance. Je lui demandai ensuite s’il connaissait HB, il me répondit que je ne le croirais pas s’il me le disait. Eh bien, quoi ? Il s’expliqua ensuite. Comme s’il avait pu lire dans mes pensées, il dit qu’il était vu comme le genre de personnes qui n’avaient pas l’air fréquentables au premier abord et me fit ensuite la remarque que je ne lui aurais sûrement pas fait confiance s’il n’y avait pas eu ce détraqué qui m’avait agressé. Je baissai les yeux, un peu gênée mais devant quand même avouer que non, je ne lui aurais pas fait confiance. Il continua que lorsqu’il disait aux gens qu’il montait à cheval, ils lui riaient au nez, se moquaient de lui. Il finit par me dire qu’il vivait aussi à HB. Mes yeux s’écarquillèrent immédiatement et je lui dis donc, étonnée :

« Tu vis aussi à HB ?! Je ne t’ai jamais vu là-bas pourtant. »

Oui enfin, avec la foule qui passait par là pendant la journée, pas dur de ne pas remarquer tout le monde. Peut-être que je l’avais croisé une ou deux fois, sans vraiment m’en rendre compte finalement. On marchait donc, et je vis peu à peu le portail de Horse Beautiful s’approcher, chose qui me fit sourire légèrement. Alex était cool comme mec et vraiment super sympa de m’avoir aidée, mais je n’en pouvais plus de la nuit noire et je voulais absolument rentrer chez moi. Je l’inviterais peut-être au pire, parce que ça ferait peut-être un peu bizarre de le laisser planté là comme ça. Nous passâmes le portail et il m’annonça donc qu’on était arrivés. Je lui fis un sourire et répondis donc :

« Merci beaucoup. C’est vraiment super sympa de m’avoir aidée, vraiment. » je m’arrêtai un petit moment, avant de montrer d’un coup de menton le bâtiment des studios en continuant : « Tu veux boire quelque chose ? »

Ouais, plutôt bizarre à ... trois heures du matin? mais pourquoi pas hein. Je me sentirais vraiment coupable si je le laissais là tout seul, alors voilà. Et puis je pourrais soigner ses blessures aussi, même s’il avait dit qu’il n’en avait pas besoin. J’y tenais ! Je ne savais pas comment le remercier et ce serait peut-être un bon début.

Sujet: Re: « Né dans la rue » † Alexandre & Kayleigh Sam 5 Jan 2013 - 14:32

‘‘ Né dans la rue. ’’

→ Alexandre.

Je serai toujours là.

C'était certain, Etretat n'était qu'une petite bourgade. Oh, certes, très agréable et tout cela mais c'était bien loin de l'effervescence de mon Paris natal et plus éloigné encore de l'affluence qu'il devait y avoir à Los Angeles, parce que si j'avais bien compris c'était dans ce coin-là qu'elle avait grandi ou du moins passé une grande partie de sa jeunesse. Je lui répondis dans la foulée, plutôt plein d'entrain. En même temps il fallait faire en sorte qu'elle ne pense pas trop à ce qui avait bien pu lui arriver.

« Oh, vous êtes au moins deux, c'est mieux que rien. C'est sûr que Etretat c'est pas des masses agité normalement mais c'est sympa comme coin, oui. »

Puis je lui expliquais un chemin qui allait quand même mieux. Quand j'étais d'humeur maussade, je passais par là pour éviter de croiser du monde dans les ruelles. Sait-on jamais que j'ai envie de tuer un mec hein... Mais parfois j'avais envie de revenir aux sources et je passais par les ruelles, comme ce soir, par exemple. Bonne idée que j'avais eu. J'avais donc pu faire la connaissance de Kayleigh. Bon, comme je l'avais dis, j'aurais préféré ne pas rencontrer la jeune femme que de la rencontrer dans de telles conditions. Non pas qu'elle soit désagréable ou quoi que ce soit, loin de là, elle était adorable ! Mais si je ne l'avais jamais connue parce qu'on ne l'avait jamais agressée, j'aurais préféré, pour elle.

« Ouaip. Au pire, c'est un beau chemin de balade quand il y a du monde sur la route et qu'on veut se rendre à la plage ou en centre-ville ! »

Je zigzaguais paisiblement dans les ruelles. Oh, nous avions bien croisé un groupe de jeunes qui nous avait regardé, l'air de se demander s'il y avait moyen de se faire un peu de blé sur notre dos, mais ils ne s'approchèrent même pas. Semblais-je si dangereux ? Si c'était le cas, champagne ! Parce qu'être ennuyé par les gamins de seize ou dix-sept ans lorsque l'on en a vingt-quatre, très peu pour moi ! Sinon, rien de notable, j'allais au plus rapide parce que je me doutais que la jeune femme n'était pas plus rassurée que cela dans mon élément naturel.

Je parus surprendre la demoiselle. Bon, en même temps, dire que je montais à cheval et que j'étais dans une académie équestre c'était un peu gros quand même, surtout quand on voyait ma bouille loin d'être angélique. Je ris. Elle ne m'y avait jamais vu ? C'était que... Je commençais généralement à vivre sur les coups de dix-huit heures puisque j'avais des heures complètement décalés. Je rentrais vers six heures du matin, je ne dormais pas avant sept heures, en général je dormais jusque quatorze ou quinze heures, et après je me mettais en mouvement. Oh, pour le moment c'était comme cela mais je comptais bien recommencer à vivre de manière normale, c'est-à-dire profiter des matinées et tout cela.

« Oui, enfin, je suis arrivé il y a peu de temps. Et puis avec mes horaires décalés, je commence généralement à 'vivre' vers cinq ou six heures le soir, généralement je suis aux écuries vers sept heures, jusque huit heures, il n'y a pas grand monde à ces horaires-là... »

Puis nous arrivâmes à l'académie et Kay' me remercia. Je lui souris en retour. Non mais c'était normal. Comment aurais-je pu me regarder dans un miroir si jamais j'étais passé sans lui porter secours ? Voir sa photo dans les faits divers pour viol ou pire... Inimaginable. J'étais peut-être ce que j'étais ; un mec aux accès de rage et de violence, un type qui n'hésitait pas à se servir de sa force, une racaille, un manipulateur qui jouais avec les jeunes femmes... Mais j'étais un brin tendre, avec de la compassion, au fond. Alors je l'avais aidé. C'était normal. C'était du moins mon point de vue.

« C'est normal, je ne pourrais plus jamais me regarder en face si jamais je t'avais laissé sans défenses. »

Puis la demoiselle me proposa de boire quelque chose. Dilemme. Horrible dilemme, même. Il était tard, j'étais crevé. J'avais les nerfs à fleur de peau avec ce qu'il s'était passé et ce n'était pas forcément une bonne idée donc de m'inviter. D'un autre côté, cela nous permettrait de parler un peu tous les deux, parce que mine de rien on s'entendait plutôt bien. Enfin moi je l'appréciais, en tout cas. Je passais une main dans mes cheveux – tiens ma coiffure avait survécu ! – qui glissa jusque sur ma nuque pour s'y arrêter. Pile ou face.

« Pourquoi pas ? Tout dépend de ce que tu as à me proposer. »

Je lui souris. Ce simple geste tira sur ma pommette. Je me retins d'une grimace puisque j'avais un caractère bien trempé. Oh, j'avais mal, mais c'était loin d'être dans mon caractère de montrer mes faiblesses. J'avais toujours été battant, j'avais toujours été fier et montrer mes points faibles revenait à offrir à mes adversaires ma tête sur un plateau d'argent, dans la rue. Des ennemis, oui, j'en avais eu... Ce ne fut qu'un léger frémissement qui put éventuellement me trahir ? Or, je n'en étais pas sûr. On verrait bien.

Shtoum (c)

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