Thomas s'était installé dans une tranquille routine, à Horse Beautiful. Le matin, il se levait à cinq heures et partait courir dans les bois avant le lever du jour. Il enchaînait ensuite avec divers exercices de musculation avant de partir travailler, sur les coups de neuf heures. Selon le nombre et la durée des interventions, il rentrait entre seize et dix-huit heures chez lui lorsqu'il n'était pas d'astreinte ou posté pour remplacer un collègue. Il passait généralement une paire d'heures aux écuries à s'occuper de ses montures et à parler avec deux ou trois personnes dont il connaissait désormais le nom. Autant vous dire que sa vie sociale n'était pas top... La personne qu'il connaissait le mieux, qui, petit à petit avait pu être considérée comme une amie n'était autre qu'Irydessa Carter, la fille du juge qui avait condamné à tord son aîné. Non, Tom' n'était en aucun cas rancunier, du moins plus depuis qu'ils aient parlé et enterré la hache de guerre.

Mais n'imaginez pas qu'il ne fut pas surpris lorsque la jeune femme l'invita - l'obligea serait plus exacte - à faire une sortie en ville, une après-midi. Et je peux vous assurer que le grand brun, même s'il avait répondu par l'affirmative avec une apparente bonne humeur, n'en menait pas large, finalement. Il se posait une foule de questions, ce qui n'était pas toujours bon puisqu'il se faisait sûrement des idées... Bref, il avait rendez-vous devant le studio de la jeune écrivaine un jour de semaine, en début d'après-midi. Toute la matinée, il avait tourné en rond et fini par allonger sa séance d'exercice de musculation pour s'empêcher de réfléchir. Il finirait courbatu, il pouvait en jurer, mais tout valait mieux que de réfléchir trop et pour un rien.

Le pompier avait finalement arrêté ses exercices pour prendre un peu de temps, se délasser sous la douche, s'habiller... Bref, il passa par la salle de bain et en sortie habillé simplement mais de manière plutôt classieuse, il fallait l'avouer. Vêtu d'un pantalon en jean noir, d'un polo blanc avec un simple liséré noir au col et un blason de la même couleur au niveau du cœur, il finirait par enfiler avec cela une paire de chaussures de ville, un blouson en feutre, une écharpe. Le tout serait très bien, décontracté, pas plus recherché qu'il ne l'était d'habitude... Thomas serait très bien, comme à l'accoutumée.

Aussitôt dit, aussitôt fait. L'heure du rendez-vous approchait à grands pas. Le pompier finit d'ailleurs par sortir de chez lui en emportant son porte-feuille, avec ses papiers, de l'argent, et ses clés. Il se rendit jusque chez Irydessa et, à l'heure convenue, frappa à la porte. Il songea alors qu'il ne savait même pas ce qu'elle pouvait bien manigancer et c'est avec un sourire qu'il songea à nouveau que la jeune femme ne devait rien avoir prévu d'insurmontable pour un homme comme lui. Pour être plus nette: il se savait assez calme et froid pour faire face à toutes les possibles lubies de la belle brune.

(c) Shtoum

Oui, c'était en effet étonnant que Thomas ait accepté d'aller en ville avec la fille du juge Carter, mais d'un autre côté, Irydessa était vraiment très agréable comme personne et il ne pouvait en aucun cas la tenir responsable du mauvais procès que son père avait tenu contre l'aîné de la famille Mélisso. Enfin voilà, Thomas avait pris la direction de l'appartement de la jeune femme et pour le coup, il était plein d'appréhension, sans vraiment savoir pourquoi. Mais il avait pris son courage à deux mains et voilà, il était devant chez Iry' et il attendait.

Elle vint rapidement lui ouvrir et le pompier entra volontiers. Il la regarda, amusé, tandis qu'elle clopinait vers son canapé. A cette seconde, il songea qu'elle était amusante, comme fille, et qu'il n'était pas mécontent d'avoir enterré la hache de guerre avec elle. Pour la seconde fois de sa vie, il observa le studio de la demoiselle quelques secondes. Il n'était pas d'un naturel loquace et il savait que l'écrivaine ne s'en formaliserait pas outre mesure s'il ne répondait pas dans la seconde.

« Salut. Prends ton temps, y'a pas le feu. »

Oui, vanne pourrie, lui même l'avouait. Une question effleura l'esprit du pompier, qui la posa donc:

« On prend ma voiture? »

Ben oui, il n'en savait rien!

(c) Shtoum

Thomas n'était, en effet, pas bavard, mais comme à l'accoutumée avais-je envie de vous dire avec un petit sourire sarcastique. Et oui, le pompier n'était pas du genre à épiloguer sur le fait qu'une fois de plus le temps était maussade, frais et humide. C'était un peu ce qu'il se passait tous les jours alors d'après le grand brun, rien ne servait de passer des heures à papoter inutilement à propos de banalités aussi déconcertantes. Ainsi, lorsque la jeune femme lui parla de son moyen de transport, Tom ne put s'empêcher de grimacer une seconde avant de répondre su un ton qui se voulait léger.

« En effet, je préfère éviter. »

Et ils partirent faire les boutiques pour les cadeaux de Noël. Thomas trouva un petit quelque chose pour sa mère, mais pour le reste... Il devait avouer que c'était assez compliqué, alors il avait l'impression de faire les boutiques pour rien. Mais la compagnie d'Irydessa était tout sauf désagréable et faire les boutiques étaient bien moins ennuyant qu'à l'accoutumée. Parfois, les regards des personnes gênaient le jeune Mélisso, car on les observait, lui et la belle, comme on observe un couple mal assorti, et c'était quelques peu agaçant. Et aussi dérangeant, d'une manière que l'homme avait du mal à définir pour sa part. Il finit par accepter avec plaisir un café. Il prit donc place à une table et commanda un café crème, laissant la jeune femme commander à son tour. Ils furent d'ailleurs plutôt rapidement servis, ce qui était plutôt rare.

(c) Shtoum

Pour Thomas, ce fut une après-midi des plus agréables. Les deux amis discutèrent - ou le jeune homme écouta le monologue d'Irydessa, en fait - et les emplettes allèrent bon train après un café plus qu'agréable. Il fallait dire que même si le pompier était peu bavard, il appréciait réellement la présence de la jeune femme et qu'il était tout de même un minimum bavard lorsqu'elle était là, surtout qu'ils parlaient à la fois de tout et de rien sans se formaliser de tel ou tel propos, et c'était là quelque chose d'agréable qui plaisait bien à Thomas.

C'était l'hiver et, bien qu'ils ne sortent pas très tard, l'air était froid et le ciel noir. L'endroit était peu éclairé. La lune, ronde, nimbait d'argent les voitures et on n'y voyait guère plus loin que le bout de son nez. C'est ainsi que le jeune pompier fut attrapé par une bande de jeunes, qui en avaient visiblement après son argent, mais qui laissèrent Iry' tranquille. Heureusement pour eux, d'ailleurs, car Thomas n'était guère du genre à se laisser faire et, mine de rien, c'était un gaillard bâti de telle manière qu'il avait beaucoup de force, et il savait d'ailleurs s'en servir. Sans m'attarder sur les détails, je peux vous dire que la bande de jeune préféra faire demi-tour et disparaître que de voler le jeune homme. Mais celui n'en sortit pas indemne, faut arrêter de rêver, quand même.

Le bilan s'élevait à une pommette et une épaule légèrement douloureuses ainsi que quelques égratignures, notamment au niveau des jointures des phalanges et s'y mêleraient sûrement quelques hématomes défensifs. Pourtant, le jeune homme ne perdit pas de temps à constater sur sa propre personne les dégâts puisqu'il pensa avant tout à la jeune femme, qu'il ne voyait plus, dans cette pénombre. Il espérait seulement qu'il ne lui soit rien arrivé.

« Ça va Irydessa? »

(c) Shtoum

Thomas ne s'était pas démonté pour une seule chose ; pour s'assurer de la sécurité d'Irydessa. Il la devinait dans l'ombre avec personne pour l'embêter, et cela le rassurait en plus de lui donner assez de courage pour mettre en déroute ces jeunes gens mal intentionnés. Dès l'assaut fini, lorsque le pompier l'appela, la jeune femme se manifesta en lui sautant dans les bras.

Avouons que le jeune homme fut plutôt surpris. Il sourit plutôt sympathiquement en refermant ses bras autour de la jeune femme, espérant ainsi la rassurer tandis qu'elle lui disait qu'elle avait eu peur. Elle tremblait, de surcroît. Tom comprenait bien quelle frayeur elle avait pu avoir à cause de ces types. Il rit doucement avant de répondre calmement.

« Promis, je ferais attention. On rentre ? »

Non mais parce que c'était bien beau, Thomas c'était bien débrouillé et tout, mais il n'était pas fringant pour rester là, surtout que la première fois ils s'en étaient pris en petit groupe à lui seul, mais s'ils revenaient plus nombreux et s'attaquaient à la jeune femme... Ce n'était pas dit que cela se passe aussi bien. Le grand brun ouvrit sa voiture.

(c) Shtoum

Thomas n'était pas du genre à prendre peur facilement, loin de là même puisqu'il était quelqu'un de très froid. Le fait qu'Irydessa ait eu peur pour lui le poussa quand même à se questionner un peu, même s'il n'en dit rien. La situation avait-elle réellement été périlleuse ou alors la jeune femme était attachée à lui et s'était inquiétée pour cette raison ? Il ne savait pas. Le trajet silencieux jusqu'à l'académie ne lui apporta pas la moindre réponse, pas la moindre trace même. En arrivant à l'académie, il s'apprêtait à proposer de monter les achats de la jeune femme et à prendre congés lorsque cette dernière lui livra bataille pour qu'il aille boire un verre chez elle. Autant qu'il s'avoue vaincu, puisqu'il sentait par avance qu'elle aurait le dernier mot. Il entra donc dans le studio de la jeune femme, qui lui demanda alors ce qu'il voulait boire. Il demanda un jus de fruit, simplement. Il savait qu'il commençait tôt le lendemain matin et que donc il lui fallait rester le plus clair possible. Un pompier se devait d'être toujours au top. Et Thomas, plus que d'être un pompier, était un jeune homme souvent sur la réserve. Malgré les apparences, il hésitait régulièrement dans ce qu'il faisait, disait, dans sa façon d'agir. Et oui, le mythe d'un homme sûr de lui venait de s'effondrer comme un château de cartes. Mais si je vous annonce tout cela, c'est que bien qu'Iry se soit installée dans son canapé, Thomas était resté debout, même s'il lui répondit avec un sourire :

« C'est sûr... Un peu de tranquillité, ça fait parfois du bien. »

Une phrase bien longue par rapport à celles qu'il sortait habituellement. Il pouvait paraître un peu songeur aussi, ce qui n'était pas du tout habituel de sa part, mais passons.

(c) Shtoum

Thomas Ҩ Irydessa

« Amis, ennemis, les deux, rien... »

N'étant pas quelqu'un de naturellement expansive, il n'était, pour ma part, pas étonnant que Thomas reste debout, un poil sur la réserve. C'était sa façon d'être, tout simplement. Oui, plus rien ne m'étonne de sa part. Ce n'est pas un personnage haut en couleur. On sait généralement toujours à quoi s'attendre, avec lui. C'est peut-être bien un point positif. Bref, il va falloir que je passe en mode on dans le RP, là, quand même. Ça peut éventuellement être intéressant non ?

Allez, qu'on attaque, quand même. Thomas était donc resté debout. Il n'était pas du genre à prendre des initiatives lorsqu'il n'était pas chez lui. Dans ce cas-là, c'était largement différent, il était peut-être plus détendu et plus à l'aise et il était un très bon hôte. Mais quand il était chez quelqu'un c'était toujours plus délicat. Bref, j'avance pas ! Le jeune pompier était en train de boire une gorgée de sa boisson en regardant du coin de l'œil la pièce, lorsqu'Irydessa lui sauta littéralement dans les bras. Ça commençait à faire beaucoup de fois depuis le début de la journée, non ? Surpris, il faillit lâcher le verre et ses bras se refermèrent tout de suite autour de la taille de la demoiselle qu'il regarda, étonné. Lorsqu'elle leva les yeux vers lui pour lui demander d'écraser l'araignée, il eut un sourire amusé et il lui suffit d'un mouvement du pied pour faire de la bestiole un mauvais souvenir. Avec un sourire assuré, il passa les doigts dans les cheveux de la miss, rassurant.

« Et voilà, t'es sauvée ! »

Thomas, moqueur ? Absolument pas. Ce serait mal le connaître, celui-là !