Oui, je sais. J'ai fais des erreurs. De nombreuses et impardonnables erreurs. Mais toi aussi t'en as fait, non? Alors ça ne sert à rien que t'essayes de m'enfoncer, j'ai déjà touché le fond.

Bon sang mais j'avais fait un bond! J'en avais lâché mes photos tout juste imprimées. Bon, il faut peut-être que je reprenne du début pour vous. Je ne m'éterniserai pas sur la raison de la venue d'Eleah, mon amie d'enfance, ni sur ce qu'il s'est passé pendant qu'elle était là. Mais bon, il fallait quand même profiter et nous avions prit tout un tas de photos, enfin, quand j'étais d'humeur à ne pas rester dans le noir complet. J'étais donc sorti les faire imprimer, imprimante hors service oblige... Et je n'avais pas fermé la porte à clés, bien entendu. C'est pour cela que j'avais eu le droit à une crise cardiaque de première.

« Bloody hell! Non mais ça va pas? »

Il était fou le Zack. J'avais eu la peur de ma vie. Non mais c'est vrai quoi! Comme si je m'attendais à le croiser chez moi... Je repris mon souffle, qui s'était coupé, avant de me pencher pour ramasser les clichés, que je posais sur le meuble le plus proche. J'entrais ensuite dans le salon à proprement parler. Un sourire ironique aux lèvres, je rétorquais:

« Je te rappelle que je suis chez moi. Tu veux boire quelque chose? »

J'étais plutôt serein. Après tout, j'allais tourner autour du pot autant que possible pour éviter une conversation. Surtout que je connaissais le sujet par avance: Camilla. En me dirigeant vers la cuisine, j'étouffais une grimace. Il faut dire que je m'étais croisé dans un miroir. Je faisais vraiment peine à voir... La mine sombre, les yeux cernés, le regard mort... Sans compter le bataillon qui était passé dans mes cheveux mal ordonnés, ma tenue choisie à l'arrache... Bref, je n'étais que l'ombre de moi-même. J'étais incomplet. Et la pièce manquante, c'était ma moitié, mon ombre: Camilla. Bref, j'étais face à mon frigo lorsque je pris une bière, attendant la réponse de Zack. Je finis par retourner dans le salon avec tout ce que j'avais à rembarquer et par m'adosser au mur, en regardant par la fenêtre tout en commençant ma bière. Ce n'était pas dans mes habitudes ça. Mais je n'étais plus moi-même, j'étais une mauvaise copie.

« Quoi de neuf depuis le temps? »

Parce qu'il avait beau être mon meilleur ami, cela faisait des lustres qu'on ne s'était pas vus. La rumeur voulait que Zack ait une nouvelle fois rompu avec Jessica, mais cette fois-ci cela semblait définitif. J'allais sûrement devoir lui remonter le moral.

Oui, je sais. J'ai fais des erreurs. De nombreuses et impardonnables erreurs. Mais toi aussi t'en as fait, non? Alors ça ne sert à rien que t'essayes de m'enfoncer, j'ai déjà touché le fond.

« J'imagine qu'en plus t'es content de toi? »

Je parlais évidemment de la frayeur qu'il venait de me flanquer. Non mais il était fou le Zack. J'étais sûr qu'il était content de lui en plus. Bref. C'était juste un peu énervant de perdre ses moyens comme ça quoi. Mais vu mon état, à vrai dire, je n'avais plus rien à perdre ou presque. Peut-être encore quelques kilos, mais bon, ça ne tarderait pas des masses vu les repas que je prenais le temps d'avaler et les heures que je passais à me vider la tête en faisant du sport. C'était juste fou de voir comme je maltraitais mon corps. Brefouilles.

Alors comme ça lui aussi il était séparé? Je ne pus m'empêcher de soupirer. Je l'avais vu mais alors mais gros comme une maison ça. Elle était partie une fois, elle avait sûrement refait la même et sans plus le prévenir. J'allais être acide si je répondais trop vite alors je pris le temps de réfléchir à une réponse diplomatique ou en tout cas pas trop méchante. Et, en vérité, je sentais que je serai incapable de trouver les mots justes, alors je me contentais de sortir ce qui me venait à l'esprit.

« Chassez le naturel et il revient au galop... Ça va, tu tiens le coup? »

D'accord, c'est l'hôpital qui se fout de la charité là mais bon... Je finis par prendre une nouvelle gorgée de bière alors que Zack abordait le sujet douloureux. Je me raidis et m'obstinais à fixer mon regard sur l'extérieur. Je serai mon poing libre, tandis que mes jointures blanchissaient et que mes tendons saillaient. Là, c'était juste que j'étais à deux doigts de craquer et que j'étais en train de faire un effort pour éviter de craquer, du coup. Non, ce n'était pas de la rage que je contenais. C'était juste que j'avais l'impression que mon cœur exploserait de chagrin.

« C'est pas ça... C'est que... Je sais pas ce qui m'a prit... »

Comment lui expliquer que ce n'était pas que je ne voulais plus me remettre avec elle, mais que je ne voulais pas la blesser? Je soupirais, avant de le fixer dans les yeux.

« C'est juste que... Quand j'ai vu ce mec chez elle... J'ai pété les plombs, tout a démarré à cause de moi, à cause de mes réactions. C'est aussi ma faute si... »

Je détournais de nouveau le regard, en proie à une rage dévorante envers moi-même, avant de le regarder de nouveau et de reprendre.

« J'ai juste envie de la protéger... De moi. »


Bien entendu, j'étais loin d'être fier. J'avais les nerfs à fleur de peau. Il aurait suffit d'un rien pour que j'explose. Et là, ce n'aurait pas été beau à voir... Parce que je ne savais pas si ce serait les larmes ou le cassage méthodique de tout ce qu'il y avait dans le coin. Je pris donc une grande inspiration, tentant de reprendre le contrôle. Plus facile à dire qu'à faire. J'étais carrément au bout du bout là... Je finis ma bière avant de poser la bouteille vide sur le meuble le plus proche. Mieux valait que j'évite d'avoir du verre dans les mains ou à portée de main dans ces cas-là. Pareil, mieux valait que Zack reste un peu loin parce que j'étais vraiment au maximum de ce que je pouvais supporter. Je finis par m'asseoir en tailleurs sur le sol, adossé à la fenêtre. Un peu calmé, je regardais Zack avec un sourire un peu ironique.

« Pathétique n'est-ce pas? »

Oui, je sais. J'ai fais des erreurs. De nombreuses et impardonnables erreurs. Mais toi aussi t'en as fait, non? Alors ça ne sert à rien que t'essayes de m'enfoncer, j'ai déjà touché le fond.

« Bah bien sûr, comme si la question se posait... »

Bien sûr qu'il était content de lui... C'était Zack quoi... A force, plus rien ne m'étonnait venant de lui. Sauf qu'il ose me préparer une morale digne de ce nom alors que sa grognasse était, une fois de plus, partie sans laisser d'adresse. Je lui souris, du genre arrogant. Je l'avais prévenu.

« Celle-là, je l'avais vu gros comme une maison! Elle t'avait déjà fait le coup une fois, t'y es retourné tête baissée et elle t'a refait le coup... Bref, tu devais t'en douter non? »

Puis le sermon commença. Je bouillais, mais je me contenais. Après tout, il avait raison. Et puis quoi, qu'est-ce que je ferai alors? Je ne pouvais pas en placer une. Oh, non, je n'allais pas me battre avec lui, je comptais survivre! La dernière fois, même si c'était pour jouer, j'en avais démis quelques vertèbres très facilement... Alors j'écoutais, je me décomposais et finalement je fis profil bas lorsqu'il se tut, jusqu'à entendre ses excuses. sans oser le regarder, je lui répondis d'une voix neutre:

« C'est rien. T'as le mérite d'être franc. Mais justement, je les fais, mes ajustements! Qu'est-ce que tu croyais? Que j'allais vraiment la laisser filer? J'essaye d'enterrer ma jalousie, ma possessivité, tout ce qui m'a poussé à nous pourrir le couple avant de retourner vers elle, plutôt que de l'achever. Si elle veut bien m'attendre, je retournerai à genou devant elle en la suppliant de me pardonner et de me reprendre. »

Mon expression était neutre lorsque je me relevais, attrapant la bouteille vide afin de me diriger vers la cuisine pour la jeter dans le bac à verre. Au moins, ça ne ressemblait pas à une décharge, mon appartement. J'avais toujours été un peu maniaque sur les bords, toujours tout très ordonné et tout le tatouin... Et puis je n'allais pas commencer mon bordel maintenant quoi... Une histoire de... bah je sais pas d'où ça me vient, ce côté toujours ordonné ou presque. Bref.