France, douce France. Tu m'as manqué. Et Etretat par dessus tout. Pourquoi? Demandez -moi plutôt pour qui? Son nom me brûle les lèvres. Je l'aime encore, je l'aime trop. Pardonnez-moi, je l'aime trop.

J'étais rentré depuis peu. Je n'avais guère prêté la moindre attention aux tabloïds. Ni en France ni ailleurs, d'ailleurs. Comment savoir que, pour eux, ma "nouvelle" complice n'était pas ma nouvelle copine? Certes, je m'étais baladé avec une grande blonde au teint doré et au physique simplement waouh, mais il ne s'agissait en rien de ma copine. C'était Eleah, une amie d'enfance, ma confidente. Enfin voilà, ça, c'est pour la petite histoire.

J'étais retourné aux States juste après ma rupture avec Camilla. Eleah avait été l'oreille attentive et la super copine toujours là pour m'aider à remonter la pente. Depuis le temps qu'on se connaissait! Dix-huit ans, pour faire simple. Alors autant dire que j'étais sorti un peu avec elle. Shopping, soirées... Pour les paparazzis, c'était sûr, il y avait de quoi écrire. J'avais tourné, comme prévu, et mon amie était venue avec moi en France. Elle voulait voir mon nouveau quotidien, savoir pourquoi j'étais toujours enthousiaste en parlant de l'académie.

Je n'avais pas su oublier Cam'. J'en étais toujours irrémédiablement amoureux. Et j'avais toujours aussi mal de ce qui s'était passé. Je ne pouvais pourtant pas laisser tomber. Il fallait que j'aille voir mes chevaux. C'est donc bruyamment, vu que je taquinais ma complice, que, pour la première fois depuis mon retour, nous gagnâmes les écuries. J'allais rendre visite à Bangarang, le pauvre cheval qu'on m'avait attitré. Oui, pauvre, parce qu'entre mon humeur du moment et mes déplacements à répétition... Je ne passais pas des masses de temps avec lui, de ce fait.

Je riais aux éclats quand j'entrais dans l'écurie. Eleah aussi riait. Cela remontait d'une blague. Vous n'auriez pas pu comprendre. Une vieille, très vieille même, histoire. Il n'en est pas moins que j'allais saluer le Paint que l'on m'avait attribué.

⁽¹⁾« Salut toi! T'as l'air en forme! Eleah, je te présente Bangarang. C'est mon cheval. Enfin, c'est un peu plus compliqué mais c'est l'idée.
-Il est super joli! Il mord?
-Non, c'est un gentil, tu peux tendre la main. Il ne te fera rien.
-Hihi nan Jake arrête! C'est qui lui? Le gris?
-Celui-là? Bye Bye Bangkok Z. C'est le cheval de mon ex. »

Un peu de venin sur le mot "ex". Cela ne passait toujours pas. J'étais encore amoureux d'elle... Je caressai rapidement le chanfrein de BB. C'est alors que des pas résonnèrent dans l'allée. Je n'y pris pas garde. Après tout, il y avait toujours du monde par ici. C'est alors qu'Eleah se décida à venir m'enquiquiner. Je finis par la faire rouler jusque dans l'amoncellement de paille un peu plus loin. Deux gamins qui riaient aux éclats dans la paille, voilà de quoi on avait l'air. Deux gamins et... Deux amants.

⁽¹⁾Textes traduits de l'anglais pour plus de facilité de compréhension.

France, douce France. Tu m'as manqué. Et Etretat par dessus tout. Pourquoi? Demandez -moi plutôt pour qui? Son nom me brûle les lèvres. Je l'aime encore, je l'aime trop. Pardonnez-moi, je l'aime trop.

J'aurai du être plus attentif. Tandis que mon amie et moi roulions comme des fous dans la paille, une silhouette brune, exquise, arriva face à nous. Je l'aurai reconnu entre mille, pour peu que j'eus levé les yeux vers elle. Ce n'est que lorsque sa vie, qui si souvent m'avait dis des mots d'amour retentit que je compris. Je sentis sa douleur. C'était aussi la mienne. Lorsqu'un sanglot l'étouffa, j'osais à peine lever les yeux vers elle. Je lui avait trop fait mal.

« Camilla... »

Trop tard. Elle était partie en pleurant. Je ne cherchais pas de midi à quatorze heures. Je devais m'expliquer avec elle. Et puis... Elle était bouleversée. J'avais peur de ce qu'elle pourrait faire. Sans prendre le temps de me débarrasser de la paille ou quoi que ce soit, je lançais à Eleah:

⁽¹⁾« Retourne à l'appart'! »

Je partis en courant. Je n'avais pas trop de retard sur elle. Je ne pris pas mon temps, loin de là. Je courus comme un dératé. La cour, les installations de travail en extérieur type carrières, les studios... Je passais tout à toute vitesse, ne cherchant pas le moins du monde à passer inaperçu. J'arrivais finalement devant chez Cam', dont la porte était restée ouverte. J'eus un mauvais pressentiment. J'entrais sans ralentir.

« Cam'? »

Je flippais à mort. Mon premier réflexe fut de me rendre dans la salle de bain. Personne. La cuisine, le salon, personne... Comme une fusée, je me dirigeai vers sa chambre. Mon cœur se serra, j'étouffais un cri. Ainsi, elle avait été jusque là? Mon réflexe premier fut d'aller vers elle, de prendre son pouls. Son cœur battait toujours. Je sortis mon téléphone pour appeler le samu. Tout fut confus pour moi. Ils me demandèrent pas mal de choses. Son nom, son âge, son domicile, ce qui s'était passé, ce qu'elle avait pris, en quelle quantité, si elle respirait encore, comment je l'avais découverte... Tout ceci en désordre. Je pus répondre à tout. Je la connaissais par cœur. Elle était ma raison de vivre.

Je ne saurai sûrement jamais vous dire combien de temps il leur fallut ni ce qu'il se passa. J'étais dans un état second. Tout ce à quoi j'arrivais à penser, c'était au mal que je lui avais fait, entre mon départ et les apparences de cette matinée. Je m'en voulais. Je m'en voulais tellement. Et je n'aurai peut-être jamais l'occasion de m'excuser, de lui dire que tout ce que j'avais pu lui dire, c'était parce que je l'aimais trop, qu'elle était ma raison d'être. Tandis que l'on s'affairait autour d'elle, pour préparer son transport, j'eus une idée. Une sombre idée. Une triste idée. Mais je m'y étais vite rangé. Je ne vivrais pas sans elle. Ce serait de toute manière une lente agonie sans elle. Je la suivrai de près.

Non. Je devais m'interdire de penser à ce genre de choses. Elle allait vivre. Elle devait vivre. Elle n'avait pas le choix. Elle ne pouvait pas nous laisser. Les larmes me montèrent aux yeux. Rapidement, je les refoulais. Je ne voulais pas paraître faible. C'était idiot, bien entendu. Mais il ne me restait que ma fierté. Bientôt, il ne me resterait plus rien. Car si elle partait, je ne serai plus rien.

Je n'étais plus rien pour elle. Pas un frère, pas un cousin, pas un ami proche. Juste son ex. Son imbécile d'ex' qui l'avait poussé à de telles extrémités. Et de ce fait, je ne pus l'accompagner jusque l'hôpital. Je ne résistais pas, je ne me défendis pas. Je n'essayais même pas de négocier. Tandis qu'ils l'embarquaient, je restai là, dans le vague. Tout ressemblait à un mauvais cauchemar. Un trop mauvais cauchemar. Nos moments défilèrent devant mes yeux, tandis que le véhicule médicalisé quittait l'académie. J'irai à l'hôpital, ça, oui. Mais pas maintenant. Ce serait une mission suicide, dans mon état. Je n'étais même pas sûr de pouvoir rentrer chez moi. J'étais perdu, atterré, brisé. Camilla avait tenté de se tuer à cause de moi.

⁽¹⁾Textes traduits de l'anglais pour plus de facilité de compréhension.