- Salut mon gros !!

Freddy releva la tête, s’arrachant presque à contre cœur de cette délicieuse touffe d’herbe sur laquelle il était concentré depuis cinq bonnes minutes : c’était si rare en ce début de printemps un peu capricieux de trouver un tel trésor !

- Alors, il paraît qu'on va faire équipe tout les deux... j'suis sûr qu'on va bien s'entendre toi et moi!

L’humain n’avait pas attendu que le cheval soit intéressé pour ce permettre d’entrer dans le pré, licol à la main et pour une fois, Freddy n’eut pas exactement l’immédiate envie de rejoindre le jeune homme. Mais, vous comprenez, quand il lui présenta une friandise qui avait l’air plutôt goûteuse, il tendit le nez en avant les oreilles dressées, et répondit à l’appel. Il s’avança doucement vers l’humain, et lui permis de flatter son encolure pendant qu’il dégustait le bonbon. Apparemment, son probable cavalier du jour avait ressenti sa légère hésitation, ou était tout simplement un très bon cavalier qui prenait le temps de se présenter à sa monture. C’était, ma foi, fort agréable et le côté tranquille et souriant du jeune homme inspirait naturellement confiance. Juger sur le physique, c’est trompeur !

Enfin, après un moment de papouilles, il lui enfila son licol et y fixa une longe, Freddy en déduisit qu’on allait le conduire à l’aire de pansage, et il se réjouit à l’idée d’un bon quart-d’heure de papouilles à la brosse. Il suivit à peu près docilement l’humain en direction des écuries, jusqu’à ce qu’un aboiement super aigu le fasse tressaillir, un mini boule de poils passa entre ses jambes et il se recula précipitamment en levant des antérieurs. Rien de grave, il espérait juste que l’humain n’ait pas finit dans la poussière, et il le chercha de ses grands yeux bruns. Il avait lâché la corde mais heureusement, il était encore debout. Freddy lança un regard vers le minuscule chien saucisse qui fila derrière un mur, poursuivant une proie parfaitement invisible, puis donna un gentil coup de nez à son cavalier, histoire de s’excuser du mouvement brusque.

- Tout doux mon gros, tout doux...

Les oreilles de Freddy, alors plaquées contre sa nuque, se tournèrent instantanément en direction de la source de la voix, calme bien qu’un peu tremblante, qui finit d’apaiser le grand cheval. La main de son cavalier du jour vint flatter son encolure puis le jeune homme reprit son chemin, et Freddy le suivit docilement. Le duo entra quelques minutes plus tard dans les écuries sans avoir rencontré d’autre problème pendant le voyage, et l’humain fixa la longe de Freddy à un anneau de libre, tout en respectant les conseils de sécurités que malheureusement trop peu de cavaliers prenaient le temps d’utiliser. Et même si le Shire n’était pas capable d’en comprendre le pourquoi-du-comment, il se sentait plus à l’aise, une telle attache lui offrant une plus grande liberté de mouvement. Puis il s’absenta, en sollicitant l’œil vigilant et expert d’un palefrenier qui passait par là. Le cavalier de Freddy disparut derrière un mur et le soigneur vint inspecter le cheval, son dos, ses jambes, sa tête et les sabots qu’il souleva avec une certaine difficulté. Freddy, habitué à un tel traitement devenu quotidien et qui n’était pas forcément désagréable, se laissa manipuler tranquillement.

Le jeune homme revint chargé d’un seau d’où dépassaient un tas de brosses et autres instruments de pansage. Freddy remua joyeusement des oreilles et laissa son nez reposer contre un bout de muret, profitant des papouilles et massages indirectement causés par le nettoyage. Son cavalier s’appliqua avec soin et concentration à le rendre tout beau et brillant, parfaitement propre : il avait même pris le temps de graisser ses sabots, soin qu’il n’avait pas reçu très souvent.

- Ben voilà, t'as quand même meilleure allure comme ça !

Le cheval acquiesça en soufflant doucement. Le pansage l’avait bien détendu mais il était temps de se mettre au travail. Ça tombait très bien, il avait envie de se donner à fond aujourd’hui ! Le jeune homme faisait preuve de tellement de bonne volonté, Freddy voulait lui rendre la pareille en travaillant de façon dynamique, avec énergie. Ne restait plus qu’à décider quoi faire.