« If I fall, if I die, know I lived life to the fullest. » Louis & Sheena

Louis T. Delmas Admin Kay' ; P'tite Belge d'amour

If I fall, if I die, know I lived life to the fullest.

Louis & Sheena

Concentré, je me mis à enchaîner quelques accords de guitare, le regard rivé sur mon instrument. Décidément, j’étais plus doué au piano, mais la guitare est une passion que je partageais avec mon meilleur ami et je lui avais promis de bien apprendre à jouer, un jour. Alors je m’entraînais dès que j’en avais l’occasion, dès que j’avais un petit moment de libre dans cette vie que je vivais à cent à l’heure. Non pas que je faisais plus que qui que ce soit d’autre, c’est juste que tout me prenait cinq fois plus de temps maintenant que j’étais tout seul. C’était frustrant parfois, mais l’autonomie était la principale raison pour laquelle j’avais quitté mes parents, alors j’assumais, maintenant. C’était pas simple tous les jours, mais les gens ici étaient agréables pour la plupart, et je savais que je pouvais compter sur eux si j’en ressentais vraiment le besoin. Ce qui n’arrivait quasiment jamais, finalement, parce que je refusais qu’on m’aide, un point c’est tout. Le fait d’être aussi têtu se retournerait contre moi un jour, mais pour le moment je vivais ma vie comme je le voulais et ça me plaisait terriblement.

J’étais assis sur un banc, face à une prairie qui se situait un peu en contrebas, mon fauteuil installé à côté du banc. Trois chevaux broutaient en face de moi, et cette vue m’apaisait. J’avais absolument besoin de calme, parce que je n’avais fait que travailler toute la semaine et l’enfermement me rendait dingue, surtout qu’il avait fait incroyablement beau ces derniers jours. Grand soleil, températures agréables – bon, c’était pas encore l’été mais au moins il faisait bon – et grand ciel bleu. Du coup, j’étais sorti en t-shirt avec une simple chemise en jean par-dessus, un pantalon bordeaux foncé replié sur lui-même en bas pour qu’il fasse trop court et des vans gris clair. Une de mes tenues habituelles, en fait, qui m’allaient à ravir selon Ruby. Et si Ruby le disait, alors c’était forcément vrai, on est d’accord ! J’aurais aimé passer un peu de temps avec cette dernière, ou sortir avec mon meilleur ami, mais ils étaient tous les deux occupés de leur côté, alors je passerais quelques heures seul. Il était seulement dix heures du matin, il n’y avait pas encore grand-monde aux écuries. Les palefreniers emmenaient les chevaux en prairie pour qu’ils se défoulent un peu, quelques cavaliers confirmés faisaient un pansage en profondeur à leur cheval pour les emmener travailler juste après. Moi aussi j’allais devoir panser Sunny, mais c’était pas simple comme truc pour moi alors j’allais juste profiter un peu du calme. ‘Trouver le calme dans ce vacarme avant que je ne m’y noie.’ Je me mis à tenter quelques accords de Cornerstone de Bob Marley, tout en fredonnant la chanson tout bas. Très peu pour moi l’idée de faire entendre ma voix à d’éventuels passants, même Grégoire y avait rarement le droit, alors c’est vous dire ! Doucement, je tentai les quelques paroles dont je me souvenais – je connaissais plus la musique que les paroles, en fait – et finis par me planter dans les accords, ce qui me fit soupirer. Je me mordis la lèvre et réessayai plusieurs fois, pour finalement abandonner en râlant intérieurement. J’étais pas mauvais à la guitare mais franchement, j’allais perdre patience si ça continuait.

Je me mis à regarder autour de moi pour me changer un peu les idées, et j’aperçus presque immédiatement une jeune brune qui se trouvait pas loin de moi. C’était elle. Elle, celle que j’avais tellement l’impression de connaître que ça en devenait étrange. Je connaissais son visage, pas de doutes là-dessus, mais je n’arrivais pas à la placer dans un décor, dans un endroit quelconque. Elle avait sûrement dû passer ses vacances à Morzine ou quelque chose dans ce genre-là, c’était pas possible autrement… Je n’avais pas encore eu le courage d’aller lui parler parce que mine de rien, ça faisait bizarre de l’interpeler avec une phrase du genre ‘Hé, salut, on se connaît ?’ Je fis glisser mes doigts sur les cordes de ma guitare sans les regarder, presque automatiquement, le regard toujours à moitié rivé sur cette jeune fille. Je dis à moitié, parce que je la regardais, mais pas tout le temps non plus… J’essayais d’être un minimum discret, même si c’était sûrement tout à fait raté. Bon ben là, pour le coup… perturbé, le Louis !

Emi Burton

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