Perché sei la mia evidenza, il mio pieno sole, il mio giorno de fortuna. Parce que tu es mon évidence, mon plein soleil, mon jour de chance. J’étais amoureux d’Aleera, et pas qu’un peu. J’avais toujours eu du mal à m’attacher réellement et le fait d’être vraiment amoureux, ça faisait juste trop du bien. Cette fille, c’était la première personne sur laquelle j’étais tombée en arrivant ici et cette fois-ci encore, le hasard avait parfaitement bien fait les choses. Plusieurs mois que j’étais en couple avec elle maintenant, plusieurs mois de pur bonheur, de rigolades, de tendresses, mais aussi d’études sérieuses. Ben oui quand même, elle m’avait beaucoup appris en français, mine de rien. Maintenant, j’arrivais plus ou moins à m’exprimer correctement en employant le vocabulaire de base et ça m’était d’ailleurs très utile dans mon boulot de barman. Je parlais de temps en temps aux gens, en dehors de quand ils commandaient telle ou telle boisson, et ça me faisait du bien de pouvoir papoter comme ça, sans trop galérer. Attention hein, j’avais toujours beaucoup de mal et un accent à couper au couteau, mais franchement, par rapport au début, c’était déjà dix fois mieux. Heureusement, j’ai envie de dire, parce qu’à l’époque, c’était vraiment minable.

Enfin voilà, en ces quelques mois, je m’étais fait une place au sein de cette magnifique académie d’équitation, j’avais appris à connaître les gens et même si j’étais loin de connaître tout le monde, je connaissais la plupart au moins de nom. C’était déjà pas mal, non ? En plus de ça, j’avais passé beaucoup de temps à cheval : j’avais pris des cours, j’étais parti en balade, j’avais monté pas mal seul aussi… Enfin j’avais fait en sorte de progresser un peu en équitation parce que déjà, j’adorais ça, et puis j’avais envie de pouvoir faire plus de choses à cheval, de participer à d’éventuelles compétitions, tout ça… Et sans me venter, je me débrouillais relativement bien. Sans non plus être un pro, je gérais les chevaux que je montais sans pour autant les connaître à cent pourcent et j’arrivais à pas mal de choses avec. En bref, j’avais passé du temps avec Aleera, avec les chevaux, au boulot et tout ça m’allait parfaitement bien.

Le jour dont je vais vous parler, je me retrouvais encore dans les écuries, près d’un adorable cheval que j’avais déjà côtoyé, un bel alezan nommé Fair Play. Ce cheval c'était une crème et tout le monde l’adorait, même s’il était un peu con sur les bords, quand même. Il ne m’était pas attribué mais j’adorais m’en occuper parce que j’aimais beaucoup son caractère, et puis c’était un très bon cheval à la monte : il répondait bien, sautait bien, dressait bien, enfin tout ça c’était parfait, mais il était comme ça que quand il le voulait lui-même. Parfois, il avait juste envie de faire chier son monde et là pour le coup, ses cavaliers étaient mal barrés. Pourtant, ces derniers temps, j’avais obtenu de Fair Play une bonne coopération qui nous avait permi de bien bosser tous les deux. Aujourd’hui, je n’étais pas là pour le faire travailler, ou en tout cas je n’étais pas censé le faire travailler aujourd’hui. Peut-être qu’on partirait faire une petite promenade ou un truc dans le genre, mais rien de plus, il méritait aussi de se reposer un peu, le dada

Je l’avais rejoint dans son box et j’avais, comme d’habitude, passé un peu de temps à lui faire des papouilles parce qu’il adorait ça et puis comme ça, il m’aimerait bien  Ce dada, il était vraiment trop mignon et depuis quelques jours, il venait me voir dès que j’arrivais à la porte de son box. Il me faisait un bel accueil, quoi ! Par contre, il était toujours aussi gourmand et la plupart du temps, mes poches l’intéressaient beaucoup plus que ce que je lui disais… En plus, je lui parlais en italien – pas besoin de me fouler pour lui – et puis bon, il avait beau ne comprendre aucune langue, enfin humaine, c’était un dada français et ça ne changerait pas ! Les mots les plus importants, je les lui disais en français, genre oui, non, tout ça hein. Ben oui quand même, il répondait un tout – touuuuuuut – petit peu à la voix alors valait mieux que je sois clair avec lui. Après avoir passé cinq minutes avec lui sans rien lui demander, j’étais parti chercher ma boîte de pansage et je l’avais ramenée près de son box, avant d’en sortir le cure-pieds.

« Non lavorerai oggi ! » lui dis-je sur un ton enjoué. Traduction ? Qu’il ne travaillerait pas aujourd’hui ! Ou presque, en tout cas. Je ne savais pas encore trop à vrai dire, mais j’allais commencer par lui faire un bon pansage histoire qu’il soit un peu plus propre parce que là… pouah

Antonio & Saphirine