Le jour était levé depuis longtemps à Horse Beautiful. Il faisait beau, un petit vent frais apparaissait de temps en temps. Aujourd'hui encore j'étais aux pâtures! Il faut dire qu'ils n'avaient pas l'air pressé ici pour me refaire un box. Heureusement que la météo est bonne! Comme tous les jours depuis des semaines, je broute cette superbe herbe bien verte. Il n'y en aura bientôt plus d'ailleurs si ça continue!!! Ca les arrangeait bien en fait puisqu'en étant à l'extérieur, je n'avais pas vraiment besoin de sortir. Enfin un travail monté ne me ferait pas de mal, à me goinfrer d'herbe, j'allais vers l'embonpoint! Il n'était pas loin de 14h00 quand je vis au loin un humain arriver. Si ma vue est bonne, c'est une femme. Ca devait sûrement être pour la jument du parc d'à côté. La chanceuse. Mon beau licol beige prenait le soleil sur un des poteaux du pré. Ca faisait un baille que je ne l'avais pas eu sur la tête. La femme s'approchait à grands pas et visiblement, elle ne semblait pas vouloir s'arrêter au pré de la jument. Elle continuait en ma direction. Ouais, encore une qui visite et qui a pitié du pauvre grand blond plutôt c*n que je suis. En tout cas, c'était le palefrenier qui disait ça de moi. Et à en voir la foule de cavaliers qui se bouscule pour moi, je commençais à croire sincère cet homme! Je rebaissa ma tête et me remis à brouter, ne prêtant aucune attention à l'humaine qui venait.

(Juste quelques précisions : il est croisé rocky mountain horse (mère) et shire (père) et n'est pas alezan crins lavés mais chocolat crins lavés)

Du coin de l'œil, j'observais cette personne qui finalement fit un arrêt devant mon pré. Encore une kamikaze qui ne sait pas ce qui l'attend!!! Et en plus elle passa la clôture et s'avança vers moi. Quelle inconsciente... Bon, déjà elle connait mon nom. Elle a dû lire ma fiche quand même, non? Eh bien je crois que non. La voilà qui s'approche l'air de rien, le bras tendu pour avoir un contact. En relevant la tête, je plaqua mes oreilles contre ma nuque et la fixa d'un regard noir. La voyant toujours arriver vers moi, je me cabra et me mit en cercle au galop autour d'elle. Tout en galopant, je donnais des ruades puis dans un écart en sa direction, je la chargea, encolure entre les antérieurs. A quelques millimètres d'elle, je l'évita. En passant, je la frôla et continua mon manège à tourner autour d'elle, menaçant. Sauts de mouton, ruades, cabrés, simulations d'attaque... Tout y passait face à la jeune femme venue pour me sortir du pré! Du haut de mon mètre 85, je la dominais largement. De ma place, je la voyais comme une mouche. Je ne cessa pas mes tours et mon délire et j'observais sa réaction.

(Pas grave!!!)

Toujours dans mon délire, je continuais mon manège autour d'elle. Je vis qu'elle ne bougeait pas d'un poil. Voilà enfin quelqu'un avec du caractère! Tester les cavaliers c'était ma spécialité et ils n'étaient pas nombreux à rester plantés là. Tout en m'observant, elle me parlait. Je comprenais parfaitement ce qu'elle me disait. Moi con? Non, juste caractériel. Ce n'était pas de ma faute si j'étais un étalon dominant et si j'avais vécu mes 4 premières années en semi-liberté, semi-sauvage. Mon éducation avait été identique à celle des mustangs. Né dans un troupeau, séparé à ma puberté pour rejoindre un groupe de mâles comme moi puis intégré à des juments avant d'être acheté par cette française, Carole, à qui je dois tout. Ma particularité c'était de n'avoir peur de rien. Les grands gestes de cette jeune fille inconnue ne faisaient aucun effet sur moi. Je ne craignais rien ni personne. Forcément, en toisant 1m85 au garrot, de qui ou quoi voulez-vous que j'ai peur! Dans mon passé j'ai chopé plus d'un humain par leur pull pour les soulever à quelques centimètres du sol. Alors une fille qui écarte les bras, ça ne me fait ni chaud ni froid! Toujours au galop, je me mis à lui foncer dessus et au dernier moment, je dérapa sur les postérieurs, fit demi-tour tout aussi vite et balança une ruade phénoménale qui passa à quelques centimètres de son visage. Là, elle a dû ressentir un sacré courant d'air la cocotte!!! Et dans un dernier élan je fis un énorme bond comme si je sautais un obstacle de 2 mètres de haut ou que j'étais monté sur ressors et je propulsa mes postérieurs vers l'arrière. Une sorte de gigantesque saut de mouton. Lorsque mes sabots retouchèrent le sol, je ne bougea plus. Même pas un œil qui cligne. J'étais là, droit comme un piquet, les sabots bien implantés dans le sol et je dévisagea cette personne. Oreilles toujours en arrière. D'un coup de queue, je fouetta l'air nerveusement et frappa le sol avec un antérieur.

*A nous deux la bipède!*

(Méfie-toi quand même, justement Arice aime faire volontairement du mal. Il a rendu tétraplégique le père de sa première propriétaire en l'attaquant alors qu'il lui apportait à manger).

Lorsque je vis la jeune femme avancer à nouveau vers moi, j'attendis qu'elle soit assez proche pour partir au galop d'un simple coup de reins et je lui fonça encore une fois dessus. Mais là, je ne m'arrêta pas et je la bouscula d'un coup de poitrail. Ma course folle se poursuivie dans tout le parc. J'étais complètement déchaîné et ça me rendait fou de voir que cette fille ne comprenait visiblement toujours pas la méthode à adopter avec moi. Elle s'entêtait à s'approcher de moi d'un pas sûr et déterminé, sans réaliser que ce n'était pas la chose à faire, surtout lorsque l'on ne connait pas un cheval. Je détestais son comportement. Elle voulait se mettre au même rang que moi et malheureusement pour elle, je faisais partie des chevaux qui ne se laissent jamais dominer par qui que ce soit. La bonne méthode avec moi était de rester à sa place et de tout simplement attendre que je vienne de moi-même. Au lieu d'entreprendre d'aller vers moi. Mais non, elle voulait absolument venir! Alors tant qu'elle viendra d'elle-même, je continuerais à être violent. Elle était sans doute tombée après le coup de poitrail que je venais de lui mettre, je n'y avais prêtée aucune attention et j'étais parti brouter tout au fond du parc, sans me soucier d'elle.