« Le pianiste »

« On n'écoute jamais aussi bien qu'avec le cœur ouvert. » ҩ Sorti de ma petite caboche

Être compositeur c'est bien, mais ça ne rapporte pas. Et personne de sensé ne va mettre sur scène un gamin de dix-neuf ans, aussi talentueux soit-il, sa guitare ou son violon à la main, son piano sous les doigts, les lèvres sur sa flûte ou sa batterie prête à lui servir. Non, on lui dit qu'il est trop jeune, de revenir quand il sera plus expérimenté ou plus mûr. Tout le monde n'est pas entré au Conservatoire de Paris à quinze ans, j'ai envie de vous dire. Surtout pas dans la tête de promotion. M'enfin, pour ce que ça me servait... Les fonds allaient commencer à manquer. Et suite à une énième discussion houleuse avec mes parents sur le fait que je refusais de rentrer sous peine de tuer mon jumeau, ils m'avaient proprement coupé les fonds. Donc j'avais plutôt intérêt à trouver du taf, et vite. En n'étant que musicien, c'était compliqué, vraiment. J'avais donc réfléchi, réfléchi et encore réfléchi, jusqu'à avoir quelques idées. Bon, ce ne serait pas la fortune avec ça, mais au moins j'aurais un minimum de revenu. Enfin, si ça marchait. Et ça allait marcher. Il fallait que ça marche, de toute façon !

Heureusement que les cafés de la région, en pleine saison touristique, étaient prêts à pas mal de choses pour avoir un vrai musicien qui vienne leur mettre de l'ambiance. J'avais donc obtenu d'avoir un piano à me disposition au café d'Etretat. Loin d'être difficile, j'avais demandé un piano classique, pas un de ces modernes désagréables au son pour une oreille fine, et accordé. Rien de plus. J'avais d'ailleurs donné un contact sur un vieux piano à vendre. Il suffirait de le faire raccorder et de lui filer un coup de peinture sur quelques éclats et il serait très bien. Il était vendu une bouchée de pain, en plus. Oui, je me doute que vous vous dites que j'aurais pu utiliser mon piano. Allez sortir du mon studio tous les jours un piano à queue de quatre-vingt-dix-sept touches plutôt que de quatre-vingt-huit ! Déjà que ce n'était pas de la tarte, là, bonne chance. Pour la guitare, j'apportais la mienne, ce n'était pas un souci. Autre petit négoce, c'était sur un repas pendant que je jouais, en restant dans le raisonnable. Et un salaire confortable pour ce que je ferais sans abuser non plus. A côté de ça je leur offrais d'être là de dix heures à treize heures - sans repas - puis de dix-neuf heures à la fermeture - et là intervenait le repas. quand ils n'avaient pas besoin de moi - salle vide, quoi - ils m'appelaient et je ne venais pas. Et puis on verrait pour le salaire définitif en fin de moi, j'avais juste négocié le tarif à l'heure. En tous cas, le café - qui faisait aussi brasserie, l'été, puisque le Galion affichait régulièrement complet - devrait au moins me suffire pour l'été, ça me laissait un moi pour arranger le reste.

C'était le service du soir et j'avais commencé au piano. Ambiance feutrée. La plupart des personnes présentes étaient de personnes ayant dépassé la cinquantaine, des couples. Je m'étais donc attaqué à un répertoire au piano assez doux, sans non plus partir dans les Beethoven et autres Mozart. J'étais resté dans du contemporain sans attaquer d'airs violents. J'étais juste le son de fond, de toute façon. Ainsi, j'avais joué toute la soirée, prenant aussi ma guitare par moments, pour ne pas être répétitif ou lassant. Je n'avais pas trop vu les heures passer et la fin du service arriva néanmoins. Je m'arrêtais donc de jouer, les épaules un peu raides, les doigts engourdies. Je fis craquer mes doigts pour les assouplir avant de détendre mes épaules. J'avais joué quatre heures, ne prenant qu'un quart d'heure pour manger à vingt et une heures. Une fois fait, je refermais ma partition et regardais autour de moi. La salle était bientôt vide et il ne restait plus que les employés. Tiens, d'ailleurs, je n'avais même pas fais attention aux employés, le nez toujours baissé sur mon clavier ou mes cordes. Pourtant, je n'étais pas d'un naturel farouche ou même effacé. Juste concentré sur mon travail, mon plaisir de jouer. Les derniers clients vidèrent les lieux pendant que certains serveurs, déjà changés, parlaient au niveau du comptoir. Ceux qui venaient de finir partirent en direction du vestiaire. Vous avez peut-être l'impression que ça fait beaucoup de monde dit comme ça. Mais ils étaient neuf, à travailler ce soir. Trois en salle, un au bar, cinq en cuisine dont un à la plonge. Quand on voit le nombre de personnes qui étaient passés manger aujourd'hui, on comprenait qu'il y ait du monde de mobilisé ! Et puis visiblement ils s'entendaient tous bien, dans l'équipe.

Suite à une invitation, je les rejoignis et ce furent les connaissances. Je vous parie ce que vous voulez que vous vous fichez de leurs noms. Ce n'est pas trop eux qui nous intéressent. Vous allez comprendre pourquoi je dis ça. Visiblement, j'avais marqué les esprits. Il y eut pas mal de questions sur ma vocation musicale. La faute à papa et maman, pour le coup ! Et puis aussi sur ma formation. Ah, là, c'était carrément le Conservatoire de Paris. Qui n'était pas facile d'accès ni de sortie, d'ailleurs, vu qu'ils restaient excessivement pointilleux tant sur la théorie que sur la pratique. Mais c'était vraiment mon truc donc ça allait. Après sur ce que je savais jouer. Je fis ma petite liste. Guitare et Piano restaient mes instruments de prédilection. Je me défendais aussi à la Flûte Traversière et à la Batterie. De même, même si je n'aimais pas cet instrument, je maîtrisais le violon. J'avais un peu l'impression de faire bête de foire, là, parce que la conversation tournait autour de moi. Ouais bah c'était bien beau tout ça, mais bon, je n'étais pas du genre à m'étaler d'habitude. La diversion vint de derrière moi, de ceux qui sortaient des vestiaires. Un gars pointa quelqu'un du menton derrière moi en lançant genre amusé :

« Ah ben justement, voilà le guitariste de l'équipe ! »

De quoi me surprendre. Je me retournais donc, naturellement un peu curieux sur les bords. Les deux premiers visages qui sortirent ne me dirent strictement rien. Puis la porte fut retenue par un bras, tandis que la personne fermait visiblement les lumières. Lorsque le dernier gars sortit, ce fut la totale surprise. Non mais dites-moi que je rêvais. Le monde était... Minuscule. Comment avait-on fait, à grosso modo six mois d'intervalle, pour quitter Paris, le groupe, nos habitudes respectives et arriver à bosser ici, dans le café d'Etretat, un même soir, en août ? J'eus un sourire. Bah, c'était peut-être une effrayante – effarante – coïncidence, il n'empêche que, moi, j'étais drôlement content de revoir la voix de notre groupe de musiciens. D'ailleurs, c'était comme ça qu'on s'était connus. Un café, un bar, de la musique. Je restais silencieux, pas sûr qu'il m'ait vu. Je me voyais mal gueuler un truc depuis l'autre bout de la pièce, voyez-vous.

Ça faisait maintenant quelques temps que j'avais repris le boulot au café d'Etretat, petit à petit. D'abord pendant quelques heures, une ou deux, pour ne pas trop me fatiguer, et depuis quelques semaines, je travaillais quatre heures le soir, quand il y avait beaucoup de monde. Autant à mon arrivée j'étais cool et bien reposé, autant là j'avais plein de choses à faire, ça n'en finissait pas. Ce n'était pas forcément mauvais, non, c'est juste que j'étais souvent épuisé le soir et soit je déconnais encore plus que d'habitude dans ces cas-là, soit je m'endormais comme une masse en rentrant. Dans les deux cas, ce n'était pas très agréable pour Céleste et je m'en voulais souvent. Heureusement, en journée, j'avais beaucoup de temps à lui consacrer, et on organisait tout ce qu'il y avait à organiser : ça allait de l'emménagement dans un studio à deux au mariage et vice-versa. Certains disaient que mes fiançailles m'avaient rendu plus sérieux d'un coup, mais en réalité, c'était juste que je voulais aider Céleste et ne pas la laisser seule devant tout ça. Sinon j'adorais toujours déconner, hey, faut pas croire !

Enfin voilà, après cette petite intro qui vous explique le pourquoi du comment, passons aux choses sérieuses, voulez-vous ? Nous étions donc un soir en août, un soir d'été bien chaud d'ailleurs, mais ce n'était pas vraiment dérangeant puisqu'il y avait l'airco dans tout le café et qu'on ne sentait donc pas la chaleur. Normalement je bossais en salle mais comme là, j'avais beaucoup de mal à porter les plateaux avec mon épaule, on m'avait confié la tâche de plongeur. Oui, oui, celui qui fait la vaisselle ! Et ne riez pas ! :Nah:C'était important ça puisque sinon les clients mangeraient dans des plats sales. Ebawi ! Il sert quand même à quelque chose, le p'tit Flo' ! De dix-neuf heures à vingt heures trente, je travaillai non stop, les mains dans l'eau, concentré, mine de rien. Fallait surtout bien gérer son stress parce que les plats arrivaient l'un à la suite de l'autre et pour arriver à suivre, fallait avoir la technique. Pourtant, avec les autres membres de l'équipe, les éclats de rire n'étaient pas rares, et puis aucun de nous n'était vraiment pas facile à vivre, de temps en temps y'en avait un qui râlait ou qui gueulait un bon coup mais c'était à cause du stress et c'était très vite oublié. Autant vous dire que ça me plaisait de travailler là et que je n'y allais pas à contrecœur même si j'aurais vraiment préféré rester avec ma chérie. Et oui, que voulez-vous ! Elle était parfaite, c'est tout . Les soirs où il y avait beaucoup de monde -comme ce soir là, donc- nous étions neuf à travailler et parfois, encore une aide en plus ne faisait pas de mal. Par contre, pas plus de dix, sinon on se bousculait et c'était pas très agréable ça. Ce soir, on nous avait dis qu'il n'y avait que des couples ayant dépassé la cinquantaine ou presque. D'un coté, c'était bien parce que les gens avaient beaucoup de temps devant eux, mais d'un autre coté ils étaient beaucoup plus critiques et si ce qu'on leur apportait n'était pas parfait, il y avait un gros risque qu'ils râlent. Enfin voilà, même si là, je ne rentrais pas vraiment en contact avec eux, j'avais appris à m'adapter aux différents publics. Non mais attention, j'avais peut être tendance à beaucoup déconner et à paraître un peu idiot sur les bords, mais quand je travaillais, je travaillais dur. Même chose pour mes études d'ailleurs.

Bref, après ces quatre heures qui défilèrent rapidement, on nous annonça que les derniers clients étaient partis et qu'on pouvait rentrer chez nous, au plus grand plaisir de tous les membres de l'équipe. Pour ma part, avec l'aide de deux de mes collègues, je finis de nettoyer les derniers verres et de ranger la cuisine pour que tout soit parfait. En faisant ça on déconna un peu et ces éclats de rires me faisaient beaucoup de bien, à vrai dire. Une soirée pareille était très fatigante pour tout le monde et même si ma jambe était presque entièrement guérie, rester debout si longtemps me faisait souffrir. Après cinq petites minutes de rangement, nous retournâmes au vestiaire où j'ouvris mon casier à l'aide de la petite clé qu'on m'avait donné à mon arrivée. J'en sortis mon sac de sport avec toutes mes affaires dedans et la première chose que je fis fût ouvrir une toute petite boite bleue nuit pour en sortir ma sublime bague de fiançailles. Je souris en coin en la voyant et la passai autour de mon annulaire. Je préférais l'enlever avant d'aller bosser, parce que je passais quand même toute la soirée avec les mains dans l'eau et puis je ne voulais surtout pas l’abîmer. Lorsqu'un de mes collègues vit l'anneau, il ne put s'empêcher de me faire une remarque.

" MON PREEEECIEUUUUUX !!!  
- Je souhaite bon courage à Céleste qui devra te supporter jour et nuit jusqu'à ce que la mort vous sépare !
- Je suis pas si grave que ça quand même !
- Oh que si ! "

Je ris, amusé, puis me mis à me changer. Comment le gars connaissait le prénom de Céleste ? Oh, juste parce que j'en parlais tout le temps ! Et puis elle était déjà passée au café quelques fois aussi. D'ailleurs l'équipe ne se privait pas de me charrier sur ça ! Ben ouais, c'est ça de se marier à vingt ans. D'ailleurs j'étais le plus jeune du groupe et un peu la victime, même si je détestais me l'avouer . Enfin voilà, j'échangeai donc rapidement ma tenue de travail contre un jean et un t-shirt orange tout simple, avec quelques inscriptions sur le t-shirt. Je remis un peu de déo -il faisait vachement chaud dans la cuisine quand même- et passai un coup de peigne dans mes cheveux. Non pas que ça m'aiderait beaucoup puisque avec cette touffe je ressemblait à un mouton quoi que je fasse, mais même . Finalement je refermai mon sac et attendit que mes collègues aient fini, pour finalement les suivre jusqu'au bar. Après le boulot d'habitude on restait boire un verre avant d'y aller. C'était toujours marrant et puis on le méritait, n'est ce pas ? Sur le chemin je m'occupai d'éteindre les lumières puisque j'étais le dernier. En arrivant à la porte menant au bar, j'entendis une voix masculine me présenter en tant que "guitariste de l'équipe" et je fronçai les sourcils en souriant, me demandant à qui il parlait. Je passai donc la porte et sans regarder à qui j'avais affaire, je fis une révérence avec un sourire amusé tout en disant :

" Florent, pour vous servir !"

Je me relevai alors et finalement je regardai autour de moi. Mes collègues habituels et... :O.O:Amaury ?! Qu'est-ce qu'il foutait là, lui ? Je fis de gros yeux ronds et m'approchai de lui, avant de me mettre à sourire joyeusement. Rapidement j'agrippai son menton et avec la tête faussement intriguée qui va avec, je lui dis :

" Tiens, mais j'te connais toi !" Je fis mine de réfléchir, puis ajoutai " Ta tête me dis vaguement quelque chose..." Finalement je lâchai son menton et, tout sourire, je poursuivis " J'suis trop content de te voir Mau' ! Mais par contre va falloir que tu m'expliques ce que tu fiches dans ce trou perdu, parce que là, j'vois pas. "

Finalement je partis me servir une bière et en pris une pour le jeune parisien aussi, au passage. Je vous explique, deux minutes ? En fait, lui c'était Amaury, dix-neuf ans, parisien et ancien violoniste dans mon groupe. Je vous épargne les explications dans les détails, voulez-vous ? Parce que déjà, vous savez assez pour pouvoir vous faire une idée et puis j'ai trop hâte de passer à la suite ! :face:Je déposai son verre devant le nez de Mau' et m'assis en face de lui, un sourire joyeux aux lèvres. Par contre, en m'asseyant, je fis une petite grimace à cause des tiraillements que j'avais dans la jambe. Non, rester debout si longtemps ne me réussissait vraiment pas. Finalement, en voyant le regard incompréhensif de mes collègues, j'expliquai vite fait le pourquoi du comment, tout en prenant quelques gorgées de ma bière. Je me reconcentrai alors sur mon ami et lui demandai :

" Alors, tu deviens quoi ? Ne me dis pas que t'es de passage à Etretat pour finalement retourner chez tes parents, parce que ça j'y crois pas une seconde ! T'en avais marre de Paris ?"

Pour le coup, j'étais vraiment aux taquets, mais assez fatigué quand même. La preuve, en temps normal j'aurais beaucoup plus charrié Amaury ! Ben oui, quand même, j'étais gentil là :siffle:Je réalisai alors qu'Amaury me connaissait bien, très bien même, mais pas comme j'étais réellement. Enfin, il ne connaissait pas l'homme que j'étais devenu. Quand on était ensemble, à l'époque, j'étais raisonnable, mais il connaissait quand même un peu trop mon coté garçon de la rue, qui ressortait beaucoup quand j'étais à Paris. Là, il allait apprendre à connaitre un garçon certes un peu con sur les bords (j'assume ), mais aussi plus mature, plus posé, beaucoup plus amoureux aussi. Et surtout fiancé. Même si je ne savais pas comment il le prendrait, je ne me faisait pas trop de souci pour ça, à vrai dire. Enfin voilà, on verrait bien ! Là, je me contentais de boire ma bière, écoutant avec le big smile tout ce qu'il me disait.

Spoiler:

   

Fiche de Hollow Bastion sur Bazzart

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« On n'écoute jamais aussi bien qu'avec le cœur ouvert. » ҩ Sorti de ma petite caboche

Je vous dis un grand bref. Parce qu'il est juste inutile de revenir sur ce que j'ai déjà dis. Non mais vous croyez vraiment que j'ai que ça à faire ? Blood a encore sept autres réponses derrière alors si elle y passe la journée, merci bien ! En tous cas, j'étais occupé de discuter avec les serveurs du café, là. D'ailleurs un des gars me parla d'un guitariste qui arrivait et je me tournais donc, intrigué. Et voilà que l'autre babouin me faisait la révérence. Celui-là, je le connaissais assez pour savoir qu'il était très doué, mais qu'il était aussi un peu con sur les bords. La preuve ? J'avais l'impression de jouer à « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » là... Il était vraiment obligé de me coller l'affiche comme ça ? Non mais parce que ses collègues étaient juste morts de rire quoi ! Il n'avait strictement pas changé. Je ne put m'empêcher un sourire en coin en haussant un sourcil dans une mimique plutôt comique qu'autre chose.

« Figure-toi que ça me manquait que tu me fasses chier Flo' ! »

Le tout dit sur le ton de l'humour, hein. Non mais franchement, comment j'avais fais mon compte pour me retrouver au même endroit que lui sans savoir qu'il était là ? Trop fort quoi ! Et visiblement lui se posait la question. Haussement d'épaules. Ben, pour tout et pour rien... Je vous dis même pas la coïncidence quoi. Même pas fais exprès ! Et d'ailleurs, il vivait où, lui ? Non mais parce que bon, Etretat c'était vachement grand et que je ne le voyais pas vivre dans une académie d'équitation, il n'y connaissait rien, en chevaux, jusqu'à preuve du contraire ! Rhan nan mais je vous jure que je n'y croyais pas du tout ! C'était cool de retrouver une personne du groupe de Paris !

Visiblement, personne d'autre n'avait compris et Flo' s'était donc expliqué en me passant une bière que je commençais à boire tranquillement pendant qu'il s'expliquait. Non mais il faisait ça très bien en plus ! Là ceux qui n'avaient pas compris que la musique c'était plus qu'un moyen d'arrondir les fins de mois, pour moi, et bien ils n'avaient rien compris. Et bien entendu il fallait se douter que le p'tit Flo' allait me demander ce qu'il me demanda. J'eus un sourire amusé. Rentrer chez mes parents ? Nan ! Sûrement pas même ! Une gorgée de bière plus tard, je commençais tranquillement à m'expliquer. Pas de panique, tout va bien, hein !

« Non non, je ne rentre pas chez mes parents. Paris c'est hors de prix, c'est nocif pour la concentration et l'inspiration et j'avais pas assez de travail pour payer mon studio. Surtout que quand t'es parti le groupe a littéralement explosé parce que les autres se sont tous bouffé le nez pour savoir qui serait le nouveau leader et qu'au final c'était devenu catastrophique... Donc j'ai bien du prendre une décision et... Bah Etretat c'est à mi-chemin entre Paris et chez moi quoi. Ça me permet de composer un peu et de trouver un peu de travail. Mais toi, qu'est-ce que tu deviens ? Parce qu'on a tous eu l'impression que t'étais parti sur un coup de tête, du jour au lendemain ! »

Je bus une nouvelle gorgée de bière, signifiant par la même occasion que moi j'avais fini de parler. Maintenant je voulais savoir ce que lui faisait ici itou itou itou ! Il avait peut-être remonté un groupe, sait-on jamais ? Rencontré une fille ? Retrouvé de la famille ? Non mais je n'en savais rien moi, il nous avait sorti qu'il partait, nous avait laissé le temps de trois fois rien et zoup, plus de Flo' ! Bon, d'accord, on lui avait souhaité bonne chance dans son départ et on avait dit qu'on gérait, mais du coup, on avait surtout oublié de lui demander où il partait ! Et si personne ne lui en voulait pour son départ, beeeeeen... Personnellement j'étais bien intrigué par ce qui l'avait poussé à plier bagages aussi vite tiens !

Même après une soirée de travail intensif qui m’avait fait souffrir à la jambe, j’avais réussi à sourire et à déconner ! Vous savez pourquoi ? Parce que mon ancien pote sur Paris avait débarqué à Etretat et que j’étais trop content de le revoir, pardi ! Je vous jure que c’était juste trop top, parce que j’avais adoré faire de la musique avec lui à l’époque et c’était un peu le seul qui avait vu mon côté intelligent, à la Capitale. C’est vous dire à quel point j’étais con quand j’étais là-bas. Mais non, quand je faisais de la musique, j’étais concentré, à fond dedans, plus rien ne pouvait m’arrêter. La guitare, c’était vraiment un instrument qui parvenait à me changer complètement les idées, qui me changeait tout court, en fait. Quand je l’avais en main, je n’étais plus le même, même si je ne saurais pas vraiment vous expliquer le pourquoi du comment. Sachez juste que ça me calmait, me faisait réfléchir un peu et puis voilà, j’adorais ça, quoi ! Mais assez parlé de mon instrument, revenons à nos moutons. Quelle expression très originale, vous ne trouvez pas ?  Je l’avais donc un peu taquiné en le prenant par le menton et en lui foutant la honte devant tout le monde. Gentillesse bonjour ! Non mais en plus, il savait à quel point j’étais capable d’être un emmerdeur quand je m’y mettais, mais tout ça, c’était gentil hein, je faisais pas ça pour vraiment l’ennuyer  Mes collègues, eux, étaient morts de rire, et d’ailleurs la situation me faisait grave sourire aussi, parce que j’étais heureux, figurez-vous. Et l’autre qui me disait avec une mimique juste à mourir de rire que ça lui avait manqué que je le fasse chier ! Je lui lançai un regard malicieux en riant :

« Fais gaffe à ce que tu dis, parce que tu sais à quel point j’ai le don d’être chiant quand je veux ! »

Il avait signé son arrêt de mort, le pauvre petit Amaury, là ! Oui, là je peux me permettre de dire « petit » parce qu’il était vraiment plus jeune que moi. Plus jeune et plus petit en taille, s’il vous plaît ! Pour une fois que je dominais, fallait bien que j’en profite, n’est-ce pas ?  Enfin voilà, tout en lui servant une bière, j’avais expliqué à mes collègues qui il était et d’où je le connaissais, tout ça. Le tout très brièvement, mais très clairement en même temps. Si c’est pas la classe, ça, je sais pas trop c’que c’est ! Je lui demandai alors ce qu’il faisait là, tout en lui disant que je ne le croirais pas une seconde s’il me disait qu’il retournait chez ses parents. Non parce que Mau’ et ses parents, voilà, c’était toute une histoire. Il prit une gorgée de sa bière et commença donc son petit résumé de pourquoi il était là. Déjà, il me dit que Paris c’était cher et qu’il n’avait pas assez d’argent pour continuer à se payer un logement. Je hochai la tête, compréhensif et continuai à l’écouter en silence, sans l’interrompre. Parce que oui, j’arrivais à me taire quand il y en avait besoin ! Il poursuivit en disant qu’à mon départ, le groupe avait explosé parce qu’ils n’arrivaient pas à choisir un nouveau leader et ça, ça me fit beaucoup de peine. Ces gars, je les avais connu par cœur et nous avions toujours été un petit groupe soudé, avec certes des jours avec et des jours sans, mais nous nous entendions bien la plupart du temps. Alors apprendre qu’il ne restait plus rien de tout ça, que tout le travail qu’on avait effectué à l’époque s’était envolé après mon départ c’était… décevant, très décevant même. Mais soit, j’allais devoir faire avec. Il continua en disant qu’Etretat était à mi-chemin entre Paris et chez lui et que ça lui permettait de composer un peu et de trouver un peu de travail. Une nouvelle fois, je hochai la tête et lorsqu’il me demanda ce que je devenais parce qu’ils avaient l’impression que j’étais parti sur un coup de tête, je souris légèrement et pris la parole à mon tour, après avoir bu une gorgée de ma bière.

« C’est vrai, je suis parti du jour au lendemain sans trop vous donner les raisons de mon départ, mais… je n’en avais pas vraiment. Enfin, j’ai suivi Alex’ et Cam’, en quelque sorte, quand j’ai appris qu’ils étaient ici. Je n’y ai pas vraiment réfléchi, mais je voulais pas passer le reste de ma vie dans la rue, surtout que les activités de la bande n’en devenaient pas plus légales, au contraire. Du coup, je me suis installé au même endroit qu’eux, à l’académie d’Horse Beautiful. Et j’interdis de te moquer de moi ! Parce que je t’avoue que j’y connais absolument rien en chevaux, mais… disons que je m’améliore de jour en jour. » je ris légèrement, puis continuai : « C’est vraiment bien ici, c’est calme et paisible. Enfin… plus ou moins. » mon sourire s’effaça en repensant au braquage, mais je ne voulais pas gâcher l’ambiance du moment donc je préférai continuer à parler de choses positives. « J’ai un boulot, un logement, des amis… et surtout… » je lui montrai fièrement ma bague de fiançailles et poursuivis : « Je suis fiancé. »

J’eus un sourire grave heureux et m’amusai à regarder la réaction d’Amaury. Ben oui pour le coup, il ne devait pas du tout s’y attendre, le petit… Déjà que je n’avais que vingt ans, je n’avais jamais eu de relation sérieuse si je puis dire et puis bon voilà, aux dernières nouvelles, je n’y connaissais rien, en femmes ! Enfin ça, c’était au yeux du jeune homme, très certainement. Mais là, j’étais juste trop fier de pouvoir lui annoncer mes fiançailles, mes yeux brillaient en le lui disant, d’ailleurs. Un collègue ne put s’empêcher de faire une petite remarque sur un ton moqueur en disant que ma future femme avait bien du courage et je le fusillai faussement du regard, avant de partir d’un rire léger en secouant la tête. Finalement, les autres collègues nous annoncèrent qu’ils allaient nous laisser discuter tranquillement et je hochai la tête, les remerciant. Je leur souhaitai une bonne soirée, puis me reconcentrai sur mon ami.

« Elle s’appelle Céleste, et c’est vraiment la femme la plus parfaite sur terre. » Mais non, c’était pas gnan-gnan, ce que je disais ! C’était vrai, et fichez-moi la paix avec ça  Taquin, je demandai alors à Amaury : « Et toi ? Une fille en vue ? »

Pour le coup, j’en avais oublié l’heure et je n’étais même plus crevé suite à ma soirée de travail ! J’étais bien trop heureux d’avoir retrouvé ce chieur et comme on dit, le hasard fait bien les choses !




   

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