-14%
Le deal à ne pas rater :
Apple MacBook Air (2020) 13,3″ Puce Apple M1 – RAM 8Go/SSD 256Go
799 € 930 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
AuteurMessage


Invité
Invité







Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫ Vide
MessageSujet: Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫   Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫ Icon_minitimeSam 27 Juil 2013 - 14:17

© made by Islande



Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'amure en fer blanc ♫

Saph' et Mau' → Plus rien ne te protège, ou alors pas longtemps... ♫


Saphirine ouvrit la porte du taxi et sortit deux sacs de voyage et une valise, tandis que le conducteur l'aidait gentiment en prenant les trois paniers de transport pour chat qui se trouvaient sur le siège passager. L'un des occupants des petites cages poussa un miaulement strident. La blonde sourit. Boréal était pressé de sortir, visiblement. Les deux autres chattes, Moka et sa fille Ambre, étaient plus calmes et avaient sûrement dormi tout le long du trajet. Ils montèrent tous les deux, avec le gros chat norvégien au poil argenté qui continuait de miauler à chaque secousse. Finalement, ils posèrent leurs charges respectives au sol. Le chauffeur salua et elle lui rendit à peine son au revoir. Trop timide pour oser. Elle lança juste un sourire à peine visible. Il ferma la porte derrière lui et elle écouta ses pas décroître dans les escaliers avant de s'occuper du studio. Son studio désormais, jusqu'à ce qu'elle parte. Non, elle n'était pas sûre de rester. Un incident dans lequel elle était impliquée, de gré ou non, et elle disparaîtrait.
Elle s'accroupit pour ouvrir les paniers. Boréal jaillit comme un petit puma à poil long avec un miaulement déchirant et fila se cacher sous le canapé où il allait sûrement bouder jusqu'au soir. Ambre sortit à toute vitesse pour explorer les lieux tandis que Moka sortait calmement en ronronnant et se frotta contre ses jambes. Elle remplit un bol d'eau, puis explora le studio. Dans le salon assez spacieux, se trouvaient les meubles qu'on y trouve forcément, et son piano. Elle sourit franchement en le voyant. Sans exagérer le moins du monde, cet instrument était une partie d'elle-même. Elle le voyait presque comme un être vivant, et pendant les trois jours du déménagement, elle n'avait pas pu en jouer et ça lui avait plus manqué qu'autre chose. Elle avait pu continuer ses figures d'assouplissement et de gymnastique, dessiner ce qui passait devant ses yeux ou sa tête, et photographier les instants qu'elle ne pensait pas pouvoir immortaliser un autre jour. Mais son piano... Comment aurait-elle pu continuer à en jouer pendant le déplacement à Étretat ? L'instrument était par trop encombrant. C'était un piano droit August Forster, fait avec l'un des meilleurs bois d'épicéa, aux touches en ivoire et aux dièses en ébène et à la mécanique en hêtre blanc.
Elle avait envie de visiter l'académie, mais d'abord... Elle voulait ses retrouvailles avec l'instrument. Elle s'assit devant et, par réflexe, compta les touches, les blanches d'abord, puis ajouta les noires. Elle testa la note de chaque touche, joua l'une de ces chansons pour enfants, « À la claire-fontaine », puis passa enfin aux choses sérieuses. Un vrai morceau, qu'elle pouvait accompagner à la voix. D'abord, un tout simple, qu'elle avait repris de Bon Iver, Skinny Love. Elle trouvait que cette chanson lui correspondait assez au niveau sonore... Mais pas dans le texte. Absolument pas. Trop peu concentrée, elle fit une fausse note. Vexée, elle recommença tout depuis le début... La fausse note aussi. Elle refit plusieurs fois le passage et recommença. C'était mieux. Elle passa à People help the People, interprétée initialement par le groupe Cherry Ghost. Elle était plus compliquée à jouer, et elle ne chantait pas toujours lorsqu'elle l'interprétait. Comme aujourd'hui. Ça faisait plusieurs jours qu'elle n'avait pas pianoté, alors imaginez jouer ce morceau compliqué en chantant en même temps... Ç'aurait risqué d'être du massacre total. Et pour finir le moment, elle enchaîna sans transition sur Under. Elle n'avait pas la voix cassée d'Alex Hepburn, mais ça passait tout de même. Elle trouvait l'accompagnement au piano démesurément simple, mais ainsi, il lui permettait toujours de finir ses morceaux quotidiens sur une note positive lorsqu'elle était dans un jour sans. Le morceau fini, elle plaqua un dernier accord et le referma ensuite. Elle s'étira comme un chat et se leva.
Elle prit le sac qu'elle traînait toujours avec elle, où étaient casés son carnet à spirales aux feuilles recouvertes de croquis et d'esquisses ainsi que plusieurs crayons différents. Si vous y cherchiez, vous te trouveriez pas de gomme. Selon son professeur, chaque erreur sur un dessin avait son charme et ajoutait de la personnalité à la retranscription. Dans ses débuts, elle était restée un peu sceptique avant de lui donner raison. Et sans être fayotte, elle avait remarqué qu'en dessin, chacun de ses conseils et ses remarques étaient justes. Mais elle gardait l'habitude de tester d'abord le contraire de ce qu'il disait, pour mieux se rendre compte de ce qui rendait plus d'effet à ses ébauches.
Autour de son cou, son appareil photo. Elle en avait quatre, qu'elle n'utilisait jamais pour photographier la même chose. Le plus net et avec le grain d'image le plus beau, pour les paysages. Celui qu'elle emmenait, pour les mouvements, et aussi le moins encombrant. Le troisième, pour faire des portraits inconscients, sans que ce qu'elle photographiait ne sache qu'elle le prenait jusqu'à entendre le déclic. Le dernier, pour photographier des scènes ou des couleurs qu'elle ne pensait pas pouvoir voir une autre fois. Après, si elle ne photographiait pas ce qu'elle visait à l'origine avec le bon appareil, elle n'en faisait pas toute une histoire. Certaines occasions ne pourraient pas se représenter une seconde fois juste pour elle, alors elle les saisissait, et tant pis. Après, elle les imprimait le soir-même et les supprimait de la mémoire de l'appareil.
Breeeeeef ! Cessons de papoter et passons à l'action. Elle descendit vivement les escaliers jusqu'au rez-de-chaussée et sortit jusqu'à arriver au carrières. Un grand cheval noir majestueux travaillait dans une belle attitude avec son cavalier, qui paraissait immobile sur sa selle aux longs quartiers de dressage. Il le fit appuyer à droite juste en face d'elle, et elle ne résista pas à la tentation. Elle alluma son appareil et prit la photo juste au moment ou le bipède diagonal extérieur s'écartait du bipède intérieur. Le cheval était un peu plié vers la droite et le regard du cavalier semblait transpercer l'image. Une fois de profil, il fit passer le poids de l'avant-main vers l'arrière et le cheval se redressa, toujours aussi calme et enclin à obéir à son cavalier. Il passa à une allure inférieure au trot, presque un trottinement, sans que ce soit le passage ni le pas, c'était encore trop rapide et sauté. Et hop, une photo supplémentaire, alors que le bipède diagonal se trouvait à son point le plus haut et qu'on voyait les muscles postérieurs se contracter pour propulser le corps un peu plus loin. Elle passa ensuite à autre chose, scrutant les alentours à la recherche d'une cible. Elle vit plusieurs branches de lierre sur un mur tout blanc, avec un contraste rendu éclatant par la soleil qui frappait en plein dessus. Une fille discutait avec animation avec une autre personne, et, toujours grâce au soleil, ses cheveux étaient illuminés par des éclats rouges et dorés et ils flottaient comme une bannière, soulevés par un coup de vent doux.
Elle continua sa visite, sans voir autre chose d'intéressant à photographier. Ni à ébaucher. Les écuries étaient très belle, et il faisait beau... Ah ben non. Le ciel se couvrait, et le vent devint froid. Il allait sûrement pleuvoir. Elle vit un bâtiment qui devait être le club-house pas loin. Mais pour l'instant, elle pouvait encore retarder l'échéance et attendre que la pluie tombe... Pour rester dessous un moment. Elle rangea son appareil photo dans la housse pour qu'il ne finisse pas trempé et referma son sac en bandoulière pour protéger le carnet. S'il finissait gondolé, ça n'allait pas être génial... Les nuages noirs s'amoncelaient, on aurait dit que la nuit tombait en plein milieu d'après-midi. Elle se posta dans un endroit moins dégagé – parce que quelqu'un qui restait sous la pluie au lieu de s'abriter, c'est pas tout à fait normal – et attendit l'averse qui ne tarda pas. Un cliquetis discret mais persistant commença à tomber sur le toit et sur sa tête, la mouillant sans qu'elle réagisse. Et non, la pluie, l'eau, tout ça, c'était l'élément qu'elle préférait. Hasard ou coïncidence, les gens qui ne la connaissaient qu'à peine l'appelaient la reine des glaces... Reine des timides aurait été plus adapté, mais bon. Pour un peu, elle serait partie courir sous la pluie en riant, mais devant tous ces gens, mieux valait éviter. Pas la peine de signer son arrêt de mort sociale alors qu'elle venait d'arriver !
Au bout d'un quart d'heure, il pleuvait toujours autant et elle était presque parfaitement trempée, sauf au niveau des vêtements. Encore heureux qu'elle ait mis un imperméable, parce qu'elle avait un t-shirt manche longue blanc. Et le blanc, quand c'est mouillé, c'est transparent, je crois que toutes les filles l'ont découvert à leurs dépens au moins une fois dans leur vie. Et elle n'avait pas envie de montrer ses sous-vêtements à toutes les personnes qu'elle allait croiser. Elle entra dans le club-house qui était désert. Tant mieux, en fait. Elle n'avait pas spécialement envie d'engager la conversation avec quelqu'un, surtout si en plus elle devait paraître froide envers l'interlocuteur. Profitant qu'elle était toute seule, elle regarda les affiches d'attribution sur le panneau d'affichage. Son nom n'était pas marqué, il devait s'agir de l'ancienne et les réattributions étaient sûrement en cours. Bah, de toute façon, elle n'était pas spécialement pressée de remonter... La mauvaise chute avait laissé des traces. Et un cheval inconnu dans un lieu inconnu... Pas très rassurant, même si elle n'avait pas peur à cheval. Sauf en balade. Et puis zut, j'allais pas vous raconter toute sa vie là dedans hein, vous aviez qu'à lire son histoire ! Mais faut bien trouver quelque chose à lire dedans, même si avec plus de mille cinq cents mots vous aviez déjà un beau petit pavé à lire...
Elle s'assit dans un coin dans l'ombre sans faire attention au frissons glacés qui la parcouraient. Si elle finissait enrhumée, sur que ça n'allait étonner personne. Sauf elle, parce que crapahuter sous la pluie était une habitude. Finalement, son air normal n'était qu'une façade, elle était aussi folle que pouvait l'être n'importe qui. Elle vérifia que son appareil et son carnet à dessin étaient intacts. Elle alluma le premier pour regarder à quoi ressemblaient les photos. Elle en avait pris une très jolie, de profil, avec le grand cheval noir qui faisait un superbe allongement au trot. Juste avant la phase de suspension, alors qu'il lançait le bipède diagonal gauche en avant pour se propulser. Elle allait pouvoir refaire ses affichages sur les murs du studio...
Quelqu'un entra dans la pièce, sans la voir. Un homme, qui paraissait son âge, peut-être un peu plus. Brun, les cheveux un peu longs et qui lui tombaient dans les yeux. Elle n'arrivait pas bien à le distinguer, il était à contre-jour. Il s'assit à l'une des tables. Et pendant ce temps, elle était la femme invisible, il ne l'avait pas remarquée. Elle n'avait pas bougé un cil – sauf pour cligner des yeux, mais vous aviez compris l'expression hein Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫ 1990738599- ni fait de bruit. Si elle n'avait pas été là, le résultat aurait été le même. Toujours aussi silencieuse – y'avait de l'expérience là-dedans ! - elle sortit son carnet et l'ouvrit, avec un crayon gras noir, une craie et un fusain. Prise d'une inspiration imprévue et subite, elle commença à... faire le portrait de l'inconnu. Elle en était presqu'honteuse tellement c'était stupide. Et impoli de faire ça dans son dos, même si elle le voyait au trois quart face à gauche. Elle commença d'abord les contours du visage, en appuyant un peu plus là où elle était sûre que les contours étaient justes, puis les cheveux un peu en bataille et qui cachaient presque ses yeux de là où elle le voyait. Gênée par le contre-jour, elle voulut se décaler légèrement, pas encore visible, mais pour mieux le voir lui, et avec la lumière du soleil aux cinq sixième voilée mais vive avec le ciel gris. Et là... crac. Le cuir du canapé où elle était assise se manifesta assez bruyamment lorsqu'elle se décala. C'en était fini de sa carrière de femme invisible, du moins avec ce gars-là. Il l'avait vue, maintenant. Elle avait son carnet et son crayon à la main, on voyait aisément sur la feuille que quelque chose était déjà dessiné. Eh merde... Ben... En fait elle était scotchée devant, et le regardait avec de grands yeux comme une gamine prise la main dans le coffret rempli de bonbons. Euh... Bonjour ?!
Elle voyait l'issue, là, juste à côté, et pouvait sortir en courant d'air pour ne pas avoir à lui parler ou expliquer ce qu'elle faisait cachée là, avec de quoi dessiner dans les mains. Et franchement, cette option-là la tentait. Elle était sur le point de partir dehors à fond la caisse. Il pleuvait toujours mais ça, comme elle s'en fichait. Ses cheveux et ses vêtements avaient à peine séché depuis qu'elle était rentrée dans le club-house, alors repartir sous la pluie ne changerait rien. Finalement, alors que l'autre la regardait toujours, elle baissa le regard et se releva en rangeant ses outils dans sa sacoche pour filer dehors. Dans une écurie déserte. Tout le monde avait dû rentrer ou se trouvait ailleurs à l'abri. Elle s'appuya contre un mur en soupirant. D'aise parce qu'elle était de nouveau seule, ou d'agacement à cause de sa fuite lâche, elle oscillait entre les deux. Elle faufila sa main dans son sac, et se figea. Le carnet n'y était pas. Il avait dû tomber dans le club-house ou rester sur le canapé parce qu'elle avait tout rangé sans regarder... Elle ne pouvait pas y retourner surtout si l'homme était toujours là-bas... Mais ne pas aller chercher le carnet à spirale, elle ne pouvait pas s'y résoudre. Elle piétinait d'un pied sur l'autre en tortillant une mèche de cheveux, hésitante.

Revenir en haut Aller en bas


Alexandre L. Leroy
Alexandre L. Leroy
Admin Bloody; La plus méchante (a)

Messages : 5097
Date d'inscription : 04/05/2010
▌AGE : 27
▌LOCALISATION : Tu voudrais savoir hein?
▌EMPLOI : Flemmarde à plein temps!
▌HUMEUR : Un plus un ça fait trois :3


Carte d'identités
Pseudo: Bloody
Autres comptes: Grégoire E.-G. Carpentier ; Ruby C.-M. Delcourt
Personnages sur le compte: Alexandre L. Leroy ; Gwen Lemerle ; Gaël C.-J. Fournier ; Jérémy Y.-M. Ambroziewicz





Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫ Vide
MessageSujet: Re: Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫   Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫ Icon_minitimeMar 27 Aoû 2013 - 15:03




Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫

ҩ
Etretat, c'était radicalement différent de Paris ! Déjà, beaucoup moins peuplé. et de fait moins pollué, agité, encombré ; en un mot : étouffant. J'étais relativement au calme et c'était aussi la meilleure alternative pour moi entre des études inintéressantes, sans aboutissement pour moi et le rtour à la maison pour croiser tous les jours le « Bach » de ma mère. Et moi c'est « Mozart ». Compositeur de génie. Virtuose de la musique. Et sans vouloir me vanter, j'étais bien plus doué que mon jumeau. Preuve simple ? A chaque fois j'avais de meilleures notes que lui aux examens de musique. Autre preuve ? J'avais étais reçu au Conservatoire de Paris, moi ; pas lui. Surtout que je n'étais pas dans les derniers. Moi, ne pas aimer mon jumeau ? Vous croyez ? Je le détestais, oui ! Haine quasi vicérale. Bref, rien que pour ne pas le voir je m'étais installé à l'académie Horse Beautiful d'Etretat pour y composer. Il m'avait fallu un bon quinze jours d'adaptation mine de rien. Déjà, mon piano ne m'avait rejoint qu'une semaine après mes affaires. En attendant, j'avais joué de la guitare et de la flûte. La batterie était retournée chez moi manque de place. Enfin, quand je dis chez moi, c'est chez mes parents surtout. Et quand mon piano était arrivé, j'en avais joué des heures. Du matin au soir, en ne m'arrêtant que pour manger. Une semaine sans interruption, peu de sorties. Uenrégularité exemplaire. J'avais joué du classique, et du moderne, du composé mais aussi des morceaux de ma composition. Jusqu'à avoir les doigts lourds et raides, douloureux de fatigue, mais surtout jusqu'à avoir mes 97 sons de huit octaves bien en tête. Une rareté, ce piano. Mais aussi un monstre imposant.

Bref, après une semaine à me remettre en tête chaque musique jouée en gala, j'étais prêt à composer à nouveau. Inspiré, motivé. J'avais donc embarqué un cahier de partition des plus banals pour entamer le premier jet de ma composition au feutre fin noir. Toutes les ratures seraient là, nul part ailleurs. Et dès que je serais content du résultat, ce serait sur papier épais. papier à partition, d'ailleurs. Second bref. Un jour faudra les compter les bref, non ? passons. Mon cahier de partition et mon feutre à dessiner bien en main, j'avais pris le chemin de l'académie pour composer à mon aise. C'était calme sans être mort et puis le ciel gris, à peine menaçant, ne me faisait pas peur outre mesure.

J'avais choisi le rythme qui harmoniserait la musique en allument une cigarette. Tabac roulé la veille au soir. Ca revenait moins cher qu'un paquet. C'était tout aussi nocif pour la santé. je suis par conséquent l'exemple à ne pas suivre. Et le meilleur moyen d'arrêter c'est de ne pas commencer. Bref. Encore un ! D'accord, d'accord, la suite. j'avais, sans trop réfléchir, fais s'enchaîner les crohes, noires, blanches, rondes, le tout selon leurs affinités, en passant par toute la gamme et chaque octave en revue. Ce serait une composition au piano. Je n'exploitais pas mes neuf touches supplémentaires, puisque mon piano était un peu hors normes. A force d'écrire, ma main gauche avait couru comme si mon clavier s'étalait sous mes doigts et ça avait bel air. Ca se dévorait. Ca filait sans accords durs. Le temps filait comme ça. Les roulées aussi. Puis l'air se refroidit. Il faisait cru. Je frissonnais dans ma chemise de coton gris. En fait, il pleuvait. Normal qu'il caille. Visiblement, ça faisait un moment en plus. J'embarquais mon peu de matériel et sortis. Je passais en trombe la cour sous l'averse avant d'entrer dans le club-house. Je secouais la tête. Pour le coup, mes cheveux mi-long ne figuraient plus leur habituel coiffé-décoiffé puisqu'ils me tombaient, humides, dans les yeux. Je les ébouriffais d'une main. J'étais donc tout sauf enchanté. Sans tarder, je m'assis à une table du club-house pour me remettre à composer. Les yeux braqués sur mon travail, j'avoue volontiers que je n'avais pas fait attention à ce qui se passait autour de moi. Tête penchée, léger sourire aux lèvres, je composais de nouveau, pianotant de la main gauche à l'aveuglette. Je savais où je voulais en venir. Je pouvais faire ça un bon moment d'ailleurs.

Puis un bruit de cuir qui grince. Vivement  - car surpris - je relevais la tête pour regarder ce qu'il se passait. En fait, une jeune fille était assise là et me regardait comme prise en flagrant délit. J'eus l'esquisse d'un sourire, pourtant elle resta figée et mon sourire s'estompa rapidement tandis que je ne la quittais pas du regard. Finalement, très vite, elle rangea ses affaires et s'en alla. Je me levais pour l'arrêter, curieux d'entendre une explication. Sauf que je remarquais qu'en sortant elle avait oublié, grand ouvert, un cahier à spirale. Je lançais donc, d'une voix franche et jeune - faute de qualificatifs constructifs, merci Blood ! - :

« Attend ! »

Genre ça allait marcher en fait ! Non mais mdr quoi ! L'espoir fait vivre Amaury, tu vas vivre vieux ! Ce qui n'est pas franchement ma seule préoccupation à vingt ans, voyez-vous. Bref à ajouter au compteur. Je fermais mon propre chier, ayant - je le sentais - perdu le fil de mon morceau, je me dirigeais vers le sien. D'entrée de jeu, ce que je vis me surpris. C'était mon portrait, ébauché, abandonné. Il n'y avait pas d'erreur possible. Mes lourdes mèches noirs. Mes traits fins et secs. L'inclinaison de ma tête quelques instant plus tôt. J'attrapais l'objet à la recherche d'un nom, d'une adresse. Rien. Je sortis donc, les deux cahiers en main.

Vu qu'elle m'avait un peu devancé, je dus demander, sous la pluie battante, si personne n'avait vu une jeune fille d'à peu près mon âge et qui viendrait du club-house. On me regarda comme si j'étais fou plutôt deux fois qu'une avant de m'indiquer une écurie, finalement. Je m'y dirigeais donc, en espérant vaguement qu'elle y soit. Deux raisons ; 1) l'intrigue de savoir qui elle était et pourquoi elle avait voulu dresser mon portrait ; 2) lui rendre son carnet à dessins. J'étais visiblement bien en veine puisque, visiblement, la demoiselle était là et ne semblait pas pressée de partir. Je pus donc ralentir la cadence et m'ébouriffer de nouveau les cheveux. Là c'était son tour de ne pas me remarquer. J'avançais donc jusqu'à elle avec mon petit air effronté et sûr de moi, plus gamin bien dans sa peau que méchant. Arrivé à sa hauteur, je lui tendis son carnet avant de prendre la parole, gentiment moqueur.

« Je crois que tu as oublié ça en partant. »

Bien fermé, le carnet. Après tout, je n'avais pas fouillé outre mesure. Juste pour un nom ou une adresse non trouvés. Et pour observer le dessin à mon éfigie. je ne pus d'ailleurs, à ce propos, pas retenir une petite réplique certes un peu moqueuse ou qui, dans la bouche d'autres, aurait pris une intonation accusatrice mais pourtant tout à fait gentille de ma part :

« Ca t'arrive souvent de ne même pas connaître le nom de tes modèles ? Enfin, moi c'est Amaury. »

J'avais peut-être mon caractère bien à moi, mais j'étais surtout capable d'être un minimum sociable. La preuve. Maintenant, à voir si l'artiste était de cet avis.


Amaury ҩ Saphirine

CODE BY AMIANTE
Revenir en haut Aller en bas
 

Tu me dis que c'est un piège, un jeu pour les perdants, que le bateau est en liège et l'armure en fer-blanc ♫

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
HeartBeat of Normandy :: Bienvenue à Etretat :: Archives :: « Horse Beautiful » Forum version 1 :: Archives "RPG" :: Rp's divers-