Feat. Kellan Lutz ♥

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« Il faut parfois souffrir dans la vie »

« La souffrance a ses limites, pas la peur. » ҩ Arthur Koestler

Autant vous dire que là, ce n'était pas du tout la joie. J'étais des plus fatiguées. Mes yeux me brûlaient, et je me sentais angoissée. Chose qui paraissait normale aux vues des événements, non ? J'avais à peine fermé les yeux, plus en état de veille qu'endormie, et je m'étais tendue comme un ressort au réveil de Stan. Je m'étais donc approchée de son lit, les larmes menaçant de déborder au moindre trop plein d'émotions. Le simple fait qu'il esquisse un sourire - chose compliquée dans cet état mine de rien - me rassura. Puis ce qu'il ajouta me fit rire. Léger rire libérateur. Le bulgare qui faisait de l'humour ?! Ça valait le détour ! Mais au moins, je relâchais la pression.

« Non, j'y ai échappé. »

Je gloussais un peu. Je me fichais pas mal de passer pour folle, pour le coup, puisque là j'avais d'autres choses en tête. Et puis mes nerfs me lâchaient, là tout de suite. M'enfin, je crois que ce n'est pas toujours mal. Breeeef ! D'un seul coup, Stan s'anima plus vivement. Il venait visiblement de connecter deux neurones ensemble et me demanda, en se redressant - ou tentant, surtout - des nouvelles d'Isaure et en s'inquiétant de comment j'allais. Vu la grimace qu'il fit lorsqu'il se laissa retomber, c'était de lui qu'il fallait s'inquiéter. Je posais doucement ma main sur le haut de son épaule en lui soufflant :

« Reste tranquille... Isaure a un poignet cassé sinon elle va bien. Et moi je suis un peu secouée, c'est tout... »

Sourire rassurant. Si dans mon regard - un peu plus hagard qu'a l'accoutumée - il y avait de l'inquiétude, ce n'était plus pour moi. C'était pour les victimes du braquage. Et plus particulièrement pour lui.

« Il faut parfois souffrir dans la vie »

« La souffrance a ses limites, pas la peur. » ҩ Arthur Koestler

Il fallait quand même bien voir la tête qu'avait fait Stan en essayant de se redresser d'un seul coup. Ça m'avait juste fais un énorme pincement au cœur. Je voyais bien qu'il avait mal. Et c'était d'ailleurs bien plus que normal, cette douleur. C'était même impressionnant qu'il n'ait pas plus mal que ça vu les dégâts qu'avaient du faire la balle en passant et l'opération qui en avait découlé. N'empêche, cela me fit un pincement au cœur et je m'empressais de le rassurer, espérant qu'il se tienne tranquille un peu au moins. Sinon, ça ne pourrait jamais aller mieux. D'ailleurs, quand je lui avais dis de quoi il en retournait, il avait soupiré et m'avait certes regardé un peu suspicieusement – je comprenais, mais j'avais soutenu son regard tranquillement – mais au final il avait l'air de me croire. Tant mieux, c'était la vérité d'abord ! Mouais, mais bon... Au final il avait quand même l'air tout déçu tout pas bien et moi j'aimais pas du tout du tout du tout ! Du coup moi j'aimais pas ! Je réfléchis donc trente secondes à comment me rendre utile. Hm... Bon, il n'allait sûrement pas aimer ce qui allait suivre, mais il n'y avait pas du tout le choix, en quelques sortes.

« Je suis sûre que tu ne vas pas aimer ce que je vais te dire mais... Comme tu risques de rester un peu ici, si tu as besoin de quoi que ce soit, surtout, n'hésite pas à me demander... »

Toute douce, toute gentille, la petite Gwen. Un petit sourire tout mignon sur les lèvres. J'essayais de ne pas le prendre en pitié, mais bon, il fallait avouer que là, pendant quelques temps, bah même en jouant les hommes forts il ne pourrait pas faire grand chose ! Déjà, rien que le fait de sortir de l'hôpital... Il risquait fort d'y rester un moment ! Et en connaissant le caractère flamboyant du bulgare, je doutais qu'il soit bon patient. Le défilé des infirmières et médecins, très peu pour lui, je crois l'avoir deviné. Et comme pour confirmer mes pensées, il fit une tête de compétition lorsque l'on toqua à la porte. Oh que ça allait être comique, ça ! Si vous voulez mon avis, il allait être tout sauf content, le Stan ! Non mais c'était fou ça quand même... On aurait dit un gosse ! D'accord, il n'aimait d'avance pas la compagnie et préférait sa tranquillité, mais bon, là, l'infirmière – très gentille et mignonne, d'ailleurs – ne faisait que son boulot. Je peux vous faire une confidence ? J'avais ressenti une pointe de jalousie. Pourquoi ? Oh, trois fois rien... Mais j'étais d'un naturel jaloux et possessif. Et comme je m'étais attachée – doux euphémisme – à Stan, eh bien... J'étais jalouse

Du coup j'étais restée en retrait quand l'infirmière était là et lorsqu'elle était sortie, je la suivis du regard, plutôt contente qu'elle finisse par y aller mine de rien. Je ne sais pas trop si ça c'était vu sur mon visage, en fait. Quoi qu'il en soit, mon attention retourna très rapidement sur Stan. Bon, là, visiblement, il faisait la tronche comme pas possible. Et pour faire bonne mesure, moi, je tombais de sommeil, avec la chute de la pression. J'avais juste envie d'aller me rouler en boule au fond de mon lit, de m'enrouler dans mes couettes toutes douces et toutes chaudes et de pouvoir oublier. Sauf que ça, c'était impossible. Alors au moins pouvoir lâcher les nerfs un vrai coup. Du coup j'avais fais ma petite moue en coin qui annonçait généralement que je devais faire quelque chose qui me déplaisait avant d'approcher de nouveau du lit du jeune homme et de poser doucement ma main sur son bras. Ma voix était toute douce lorsque je repris la parole.

« Il va être temps pour moi de te laisser te reposer. Et puis j'ai pas dormi depuis hier matin alors bon... Je peux repasser demain prendre de tes nouvelles ? »

Je lui demandais quand même son accord. Non mais des fois qu'il ne veuille pas de visite... J'aurais pu comprendre. Enfin bref, il était temps d'y aller, là. Pour dire de ne pas l'embêter à le faire bouger pour lui faire la bise, je me contentais de poser un bisou sur sa joue avec un petit sourire en coin tout adorable. Je finis par récupérer mes affaires et finalement, je rentrai chez moi. Le programme ? Douche chaude, chocolat chaud avec un carré de chocolat noir et au lit en tirant tous les volets. Bien pelotonnée dans ma couette, ce serait parfait. Sauf avec les images du braquage..!

« Il faut parfois souffrir dans la vie »

« La souffrance a ses limites, pas la peur. » ҩ Arthur Koestler

Bon, visiblement, l'idée que je m'en aille n'enchantait pas Stan mais j'étais juste décalquée, là ! Crevée, c'est le moins qu'on puisse dire. Avec la retombée de l'adrénaline et de l'angoisse de manière générale, là, je commençais à avoir du mal à tenir. Bon, d'accord, je serais bien restée mais il me fallait un vrai sommeil, pas un pseudo sommeil dans un siège ou sur un lit d'appoint. C'était de l'abus ça, et franchement, je me sentais juste cassée, fracassée. N'empêche que même s'il semblait déçu et que je n'avais pas beaucoup plus envie de rentrer chez moi au final, il accepta que je revienne prendre de ses nouvelles et l'idée me donna du courage. Et finalement, je m'éclipsais. J'avais juste oublié un truc. Je n'avais pas ma voiture. Ce fut donc trajet jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche à pieds, attente du bus dans ma tenue de la veille qui ne ressemblait plus à grand chose et long trajet où j'avais failli m'endormir avant de descendre aussi près que possible de l'académie et dix minutes à pieds à presque tituber parce que la fatigue m'était tombée en grand coup sur le coin du museau sans que je ne comprenne grand chose. Je m'étais donc plus ou moins traînée vers mon studio, que je déverrouillais et reverrouillais. Direction la chambre directement pour me dévêtir totalement et me glisser sous les couettes, m'y roulant en boule, les remontant jusqu'à hauteur de mes yeux.

Le sommeil fut dur. Entrecoupé de crises d'angoisse et de larmes, me remettant en souvenir des scènes d'une violence que les mots sont incapables de décrire. Mais aussi des périodes de sommeil lourd et impénétrable. Six heures plus tard, c'était le réveil. Il me restait un bout de journée et mine de rien, j'étais assez reposée pour faire quelques trucs et retourner me coucher à heure normale. J'étais déphasée, là. J'allais juste attraper un barre chocolatée à grignoter pour éviter l'hypoglycémie avant de me plonger sous une longue douche bouillante et délassante, me lavant consciencieusement les cheveux, comme pour qu'il ne reste plus la moindre trace du braquage sur moi. En sortant, je m'enroulais dans mon peignoir tout doux gris pâle et séchais le plus gros de mes cheveux à la serviette. J'utilisais juste un peu de crème hydratante pour essayer d'estomper les traces de larmes sur ma peau pâle. Suite à cela, j'avais passé deux bonnes heures au téléphone avec mon frère, pour tout lui expliquer entre mes larmes angoissées. Il avait du courage et de la patience, mon Jo', c'est moi qui vous le dis ! Puis je cuisinais un rapide souper et retour sous la couette pour de nouvelles heures de sommeil peu réparatrices au final. Mais au moins, je tenais debout.

Au matin, le passage à la salle de bain consista en un lissage consciencieux de mes longs cheveux bruns et un maquillage léger pour camoufler les marques du braquage sur ma peau. Il s'agissait de traces de larmes, de cernes, de rien de plus. Puis j'avais enfilé une paire de collants opaques noirs, un jupe à motif écossais et un chemisier blanc cintré. J'avais pris un petit déjeuner rapide, pris mes papiers et autres choses du genre dans mon sac et étais partie travailler. De toute façon, c'était la seule chose que je pouvais faire. La journée de travail ne fut pas facile, surtout que le braquage faisait les gros titres et que ce serait encore comme ça quelques jours. J'avais donné ma version des faits à mes collègues, qui avaient tenu à ce que je rentre chez moi me reposer et j'avais refusé. Ce serait me faire tourner en cage, et ça serait mauvais. Toute la journée, je pensais néanmoins à ma fin de journée. J'avais promis à Stan de retourner le voir et cette idée ne me lâchait pas. Alors, à seize heures, lorsque je finis mon travail, je montais dans ma voiture pour me rendre à l'hôpital. Je ne perdis pas de temps. Connaissant le numéro de chambre du maréchal-ferrant, je m'y rendis directement. Une fois arrivée, je toquais, attendant de savoir si je pouvais ou non entrer.

« Il faut parfois souffrir dans la vie »

« La souffrance a ses limites, pas la peur. » ҩ Arthur Koestler

Après cette dure journée, il me restait encore à aller à l'hôpital. Après tout, je l'avais promis à Stan et j'allais bien entendu tenir ma promesse. Je n'étais pas du genre à parler en l'air, vraiment pas même. Et puis j'avais franchement hâte de reprendre des nouvelles du bulgare parce qu'il m'avait fait une vraie frayeur. Moi, amoureuse ? Mais vous êtes fous ! Complètement folle de lui oui ! Mais bon, vous savez, des fois les grandes personnes ont un peu de mal à se décider à passer à du concret. Surtout que j'avais peur de me prendre une veste monumentale donc pour le moment on restait comme ça et moi ça m'allait. Pour l'instant. Donc euh bref. J'étais à l'hôpital, là, et j'avais toqué à la porte de Stan, en attendant qu'il m'invite à entrer. Je ne me fis pas prier plus longtemps, par contre, hein.

J'entrais dans la chambre, un petit sourire aux lèvres, essayant d'être légère et joyeuse. Mais ça, ce n'était vraiment pas gagné, voyez-vous. C'était même très compromis parce que c'était trop trop trop trop trop le bazar dans ma petite caboche et que j'étais encore stressée comme pas deux par ce qui se passait autour de moi. Enfin, façon de parler. Mais j'étais quand même contente de voir que Stan avait l'air d'aller plutôt bien, en partant du fait qu'il avait pris une balle quand même, hein. Il faut vraiment toujours vous rappeler que tout est relatif ou un jour ça va vous rentrer dans la tête ? En tous cas j'eus un sourire sincère en approchant de son lit pour lui poser un petit bisou tout doux sur la joue. Ben oui, la bise en lui sautant au cou c'était légèrement compromis sur les bords alors il allait bien falloir que je trouve une autre alternative toute mignonne pour lui tiens ! Et c'était une très bonne alternative, non ? Bref.

« Bien sûr, je t'avais dis que je passerais... Mais je suis retournée travailler parce que je tournais en rond chez moi alors c'est un peu plus tard que prévu... J'ai quasiment pas réussi à dormir... Comment tu vas ? »

Petite voix toute douce powa. D'habitude j'étais électrique, là j'étais un peu moins survoltée. Vous allez me dire « ouf » et vous avez tout à fait raison. Pauvre Stan sinon ! Moi qui étais une pile électrique à moitié cinglée... Il allait vraiment falloir me supporter sinon. Surtout que là je doutais qu'il soit tout à fait en état de suivre mes conneries. Mais bon, je reprendrais sûrement du pep's un peu plus tard, ne vous en faites pas pour moi. Surtout que je n'avais pas prévu de partir de si tôt ! J'allais l'embêter un peu le maréchal-ferrant, vous allez voir ça !

[J'ai honte ]