Hey you !
→ Fair Play et Andrew

Il était neuf heures du matin, et j’étais déjà dehors, dans le pré, au soleil. Que demande le peuple ? Pour une fois il faisait beau en Normandie et je pouvais courir dans tous les sens, les rayons chauds du soleil sur mon dos. Dans les écuries, ça s’agitait, les palefreniers faisaient les box et préparaient quelques chevaux pour aller travailler. C’était une chouette ambiance, celle du matin à Horse Beautiful. Tout le monde était occupé, il y avait beaucoup à voir et en plus, les gens étaient de bonne humeur puisqu’il faisait beau aujourd’hui. Je trottai gracieusement dans le pré, lançant quelques ruades de temps en temps, des sauts de mouton, enfin, je m’amusais. Parfois, je m’arrêtais près de la barrière pour voir ce qu’il se passait et pour saluer les autres chevaux.

Je m’étais senti plutôt bien ici depuis mon arrivée, malgré le fait que mon ancien propriétaire me manque vachement beaucoup. Il s’occupait tellement bien de moi, c’était génial. Je lui faisais confiance et c’était réciproque. Ici, c’était différent. On s’occupait bien de moi, mais il n’y avait pas une personne en particulier qui venait me voir, qui me parlait … A chaque fois, c’était quelqu’un d’autre et il était assez difficile de créer un lien avec ces personnes. Oui, elles étaient gentilles mais même, c’était tout à fait différent et je regrettais un peu mon ancienne maison. Je réfléchissais à tout ça en broutant lorsque j’entendis la barrière du pré s’ouvrir, avec son grincement habituel. Je levai vivement la tête et vis quelqu’un s’approcher. Oh non, déjà ?

Hey you !
→ Fair Play et Andrew

Bien que j’avais vu quelqu’un près de la clôture, je fis comme si je ne l’avais pas vu et continuai à me défouler un peu, pour quand même encore en profiter un peu. Le jeune homme s’avança vers moi, un licol à la main, puis s’arrêta devant moi. Il me parla, d’une voix plutôt enthousiaste mais je ne comprenais que dalle. Hm… J’avais quand même envie de le faire chier un peu, après tout il me privait de mon pré plein d’herbe fraiche non mais Lorsqu’il approcha le licol de ma tête pour me le mettre, je fis un brusque écart – en faisant bien attention à ne pas le choper avec – et me mis à galoper à fond en lançant des ruades jusqu’à l’autre bout de la prairie. Fier de moi, je me cabrai en hennissant. Je me remis à galoper en faisant quelques sauts de mouton, m’approchai ensuite de lui et m’arrêtai pas loin, avant de repartir. Oui, j’aimais faire chier les humains, leurs têtes étaient juste trop marrantes à voir, j’vous dis pas !

Bon, fallait quand même arrêter à un moment, puisque sinon j’me ferais engueuler comme pas possible et ça, c’était pas top. Je me mis donc à trottiner jusque chez le jeune homme et m’arrêtai devant lui. Je baissai la tête et essayai de choper sa veste avec mes lèvres, comme pour lui dire « je suis à toi ». Allez, encore une petite blague au passage : je bronchai, de sorte que je salissais la veste de mon cher palefrenier. J’espérais que maintenant, il serait dégoûté : comme ça, pas de travail ! Mais ça m’aurait étonné quand même, après tout s’il était venu c’est qu’il avait prévu de faire quelque chose avec moi donc voilà. Enfin. Je me tenais donc devant lui, ne bougeant plus d’un poil, attendant qu’il me mette le licol, tel un gentil petit poney tout sage.

Hey you !
→ Fair Play et Andrew

Bon ben, fini le cirque. J’avais fini par me planter devant mon nouveau cavalier, qui s’était assis et de broncher pour bien lui salir sa veste. Ca ne semblait pas le déranger plus que ça et inutile de vous dire que j’étais un peu déçu. Ben oui, j’aimais voir la tête des gens frustrés, moi, pas des têtes indifférentes comme la sienne ! Enfin bon, je le laissai tout de même m’enfiler le licol, après tout je n’étais pas le genre de gros poney vicieux qui faisait tout le temps chier son cavalier, hein. Je pouvais être énervant par moments, mais ça finissait toujours par passer. Il me parla ensuite, m’entraînant vers la sortie du paddock. Bon, je ne comprenais rien, mais je l’écoutais quand même, malgré tout. J’aimais entendre les voix des humains, et la façon dont ils nous parlaient m’apaisait.

Il ouvrit donc la barrière du paddock, tout en gardant un œil sur moi. Non mais t’inquiète pas hein choupinou, j’vais plus m’en aller t’sais, c’était juste pour te faire une petite blague. Alors qu’on marchait vers l’écurie, j’hennis bruyamment pour dire aux autres chevaux que j’arrivais. Un des chevaux me répondit, mais je ne savais pas exactement qui. L’être humain à côté de moi semblait plutôt petit par rapport à moi. Oui, j’étais un grand cheval, mais les plus grands ne sont pas forcément les plus durs. Moi, si on me montrait clairement ce que je devais faire, je m’exécutais sans broncher, tel un petit chien obéissant. Bon, j’avais aussi mes jours de mauvaise humeur et là je pouvais être têtu, mais au final, j’étais un cheval relativement simple à monter. Le jeune homme m’accrocha à un anneau, et je levai la tête pour le regarder partir vers l’endroit où tous les êtres humains allaient chercher leurs affaires. Lorsqu’il eut disparu de mon champ de vision, je baissai la tête et me mis à somnoler un peu. Au travail, Fair Play.

Hey you !
→ Fair Play et Andrew

Lorsque le jeune homme partit pour aller chercher quelques affaires, je m’endormis presque, n’ayant aucune envie d’aller travailler. Autant juste avant j’avais pété la forme, autant là je ne voulais faire aucun effort pour aider le jeune homme. Enfin, il me monterait malgré tout, et une fois monté, je me réveillerais à nouveau ! Ca, vous pouvez en être sûrs. Un peu plus tard, le jeune homme revint avec une selle un filet, des bandes, enfin, un peu tout le matériel nécessaire pour travailler quoi. Et puis aussi des brosses. Ah par contre le pansage, j’adorais ça ! Sauf que je m’endormirais encore plus, vu comment j’avais envie de faire la sieste quand on me pansait. Enfin bref ! Il me parla, sans que je ne comprenne quoi que ce soit. La seule chose que je fis, c’est tourner les oreilles dans sa direction et lever un tout petit peu la tête, mais vraiment un tout, tout petit peu hein ! Pas super envie de me bouger pour lui, en fait.

Il posa toutes les affaires et pris une étrille pour commencer à la passer sur les parties charnues de mon corps. Ensuite le bouchon, enfin, pas la peine de m’éterniser là-dessus hein, après tout. Finalement, je trouvais ça bien marrant de voir comment le jeune homme s’inquiétait à mon sujet, il se disait sûrement que je devais être un grand bizarre. Gros fou à son arrivée et puis cinq minutes plus tard, limite endormi. Oui oui, je trouvais ça juste trop drôle à voir, en fait ! Mais il pouvait s’attendre à un cheval actif monté, voir peut-être un peu trop. Il passa la brosse douce plutôt rapidement – ben oui, je brillais, j’étais un beau gosse moi ! – et prit ensuite le cure pied. Ahah ! J’avais bien envie de lui faire une petite blague, tiens. Il passa sa main sur ma jambe et me poussa un peu pour que je mette mon poids sur l’autre jambe. Je m’exécutai, mais lorsqu’il prit mon sabot, je ne fis aucun effort pour le garder levé, il devait porter mon sabot, très lourd, au passage. Et un p’tit gars d’agacé, un ! Non allez, fini les blagues, je fis ensuite un effort pour garder mon sabot levé, de sorte qu’il n’ait plus à le tenir. Je levai la tête et pointai mes oreilles en avant, tournant un peu la tête pour regarder mon cavalier. Allez hein mon chou, c’était juste une petite blague, rien de plus. Tu m’en veux ?

Il me cura les quatre pieds sans problèmes, puisqu’à partir de ce moment-là, j’avais décidé de ne plus le faire chier de trop, ça finirait mal sinon. J’arrêtai mon show en même temps : j’étais déjà beaucoup plus réveillé et attentif aux gestes du jeune homme. Je pouvais faire mon cheval parfait lorsque je voulais, hein Lorsqu’il me posa les bandes, je ne bougeai pas. Je savais à quel point c’était dur de les mettre pour ne pas faire de plis et tout, et je ne voulais pas énerver mon cavalier de trop. Il prit ensuite le tapis, le mit sur mon dos et … petite blague, encore ? Non, allez, tant pis c’est pas grave. Sinon j’aurais bien voulu me secouer pour que le tapis tombe, mais je m’étais dit que non, ça ne le ferait pas trop. Il me sangla, et je ne pus m’empêcher de secouer la tête. Non, je n’aimais pas ça, pas du tout, mais bon c’était nécessaire donc même si j’avais envie de le mordre, je ne le fis pas. Je n’étais pas méchant, c’est juste que ça me dérangeait pas mal d’être sanglé. Finalement, il prit le filet après avoir mis mon licol en collier. Il mit un doigt à la commissure de mes lèvres et me chatouilla, ce qui m’obligea à ouvrir grand la bouche. Lorsqu’il mit le mors dans ma bouche, je ne pus m’empêcher de passer la langue un peu pour le réchauffer, parce que c’était vachement froid, ce truc ! Il attacha tout et détacha ensuite mon licol, mettant au passage sa bombe, ses gants et ses éperons. Ah, par contre, les éperons, il avait intérêt à bien les utiliser ! J’étais un cheval qui répondait bien aux jambes donc il n’en avait de toute façon pas besoin, il n’avait pas intérêt à me les foutre dans le bide sinon je râlerais ! Enfin, je le suivis docilement vers la carrière, regardant de temps en temps autour de moi et marchant à un rythme raisonnable.

Hey you !
→ Fair Play et Andrew

Non je n’aimais pas qu’on me sangle, et puis quoi ? Vous aimeriez qu’on vous serre fort votre ceinture ? Je crois pas, non. Enfin, mon cavalier avait l’air de s’y connaître, parce qu’il n’avait pas serré en un coup mais progressivement, et ça, c’était bien. Bon évidemment, je n’avais pas pu m’empêcher de ronchonner un peu parce que bon, j’aimais toujours pas plus qu’on me serrait le bide hein. Enfin. Lorsque le p’tit brun mit des éperons, je me mis à penser qu’il n’en aurait pas besoin, et qu’il avait intérêt à bien les utiliser, sinon je me fâcherais tout rouge. Ben oui faut pas croire, je suis un cheval qui répond bien aux jambes, c’est pas en m’enfonçant ces trucs-là dans les flancs que j’obéis, moi. Juste une légère pression des mollets et hop, cheval avance ! Ca, j’espérais qu’il s’en rendrait compte au fur et à mesure de me monter. J’avais plutôt confiance en lui, il n’avait pas l’air d’être débutant et il s’y connaissait pas trop mal, apparemment.

Il me mena ensuite vers la carrière, tout en gigotant un peu tout son corps. Eh bien, qu’est-ce qu’il lui arrivait ? Il avait froid ? Ah bah ça, il n’avait qu’à mettre un manteau plus gros. Moi, je n’avais pas à me plaindre avec la masse de poils que je gardais tout l’hiver, c’était bien chaud et c’était vraiment agréable. Sauf quand il se mettait à faire plus doux, là, je crevais de chaud et je me sentais souvent mal, je pouvais également être de très très mauvaise humeur dans ces cas-là. Nous entrâmes tous les deux dans la carrière et le bonhomme referma la barrière. Non mais il n’avait rien à craindre hein, c’est pas comme si j’allais m’enfuir, je n’étais pas bête à ce point. Parce qu’après ouais, ce serait ma fête, vous voyez. J’avais pas trop envie de me faire taper dessus, je crois que vous me comprenez, sur ce coup là. Le garçon me fit faire un tour de manège en main et je me tins bien sagement à ses côtés, marchant ni trop vite, ni trop lentement. Je l’aimais bien mon cavalier, alors j’allais pas trop le faire chier hein. Il m’arrêta ensuite au milieu et constata qu’il restait un bout de paille dans ma queue. Ah ben oui vieux, ça je sais pas l’enlever tout seul hein ! Mais merci, t’es gentil.