Y'a pas quelqu'un qui pourrait m'aider?
→ Kayleigh & Sam'

Au planning aujourd’hui : remplir les papiers de l’académie et remettre toute l’administration en ordre. Inutile de vous dire que ce n’était pas ce que je préférais, loin de là. Mais bon, j’avais la chance d’être auprès des chevaux tous les jours, alors faire un peu de travail administratif ne me tuerait pas. Le stylo à la main, j’essayais de remplir tous les formulaires et tout ce qui allait avec. Le bureau des palefreniers était un coin agréable, c’était une petite pièce lumineuse et aménagée avec goût. Quelques fois, je consultais l’ordinateur pour me renseigner sur certaines choses, puis retournais mon regard sur les papiers. Alors que j’étais à fond dans mon boulot, je n’avais pas tout de suite entendu qu’une jeune femme venait d’arriver et attendait sur le pas de la porte. Finalement, je finis par l’apercevoir et levais les yeux.

«Bonjour ! » lui lançais-je joyeusement.

J’avais déjà remarquée, cette jeune femme, à maintes reprises, mais je ne lui avais jamais adressé la parole. Comme d’habitude, j’essayais d’être la plus amicale possible, je voulais faire bonne impression sur tout le monde. Elle se présenta et avait besoin d’un petit renseignement. Elle parut hésiter pendant quelques moments, puis s’exclama que j’étais Kayleigh et qu’on ne parlait que de moi à l’académie en ce moment. Bah oui, bien sûr, ma relation avec Jesse, tout le monde était au courant ! Ca ne me dérangeait pas plus que ça, puisque ça me rapportait du respect et de l’admiration. Bah oui, sortir avec un démon pareil, ‘’ça devait être pénible quand même’’ ! C’est ce que j’avais entendu dire, mais au fond, je m’en moquais du regard des gens. J’aimais Jesse et personne ne pouvait y changer quoi que ce soit. Tout de suite, je lui répondis :

« Oui, moi c’est Kayleigh Winters. Alors comme ça on ne parle que de moi ? A propos de Jesse et moi, je suppose. »

Je lui fis un sourire éclatant, puis réalisais que je n’avais pas répondu à sa question.

« Sinon, oui, je peux sûrement t’aider. Que veux-tu savoir ? »

Je lui avais dit tout ça sur un ton joyeux, et mon très léger accent Américain rendait mes paroles encore plus douces. Cet accent, on l’entendait à peine, mais de vrais Français s’en apercevraient sûrement. Je finis de signer un document, puis me levais pour aller voir le tableau des tâches. Il était bientôt l’heure de donner à manger aux chevaux. Et dans ces chevaux, il y avait le terrifiant Piazor de Kessedag. Inutile de vous dire à quel point je craignais ce cheval. Je détestais lui donner à manger, mais bon, c’était mon travail en fin de compte. Je grimaçais, puis me tournais vers la jeune femme.

« J’dois donner à manger à Piazor après. Youpi. »

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J'aimais parler de Jesse et j'étais vraiment fière d'être sa copine. Ca faisait genre "Superwoman", parce que Jesse ... c'est Jesse quoi La jeune femme en face de moi me dit qu'elle avait entendu dire que ça avait été le coup de foudre. Elle ajouta également qu'elle était contente pour nous deux, bien qu'elle ne nous connaisse pas. Enfin quelqu'un qui n'avait pas pitié de moi ! Je sentais que cette jeune femme, j'allais l'apprécier ! Je répondis donc avec enthousiasme :

« Oui, ça a été le coup de foudre. Et merci ! T'es genre la seule à ne pas nous critiquer, ça fait du bien. »

Ben oui, c'était vrai, inutile de vous dire que ça me saoulait énormément qu'on ait pitié de moi. Enfin, ça devait être pire pour Jesse quand même, mais je crois qu'au fond, il s'en moquait du regard des gens. C'était assez drôle au final, j'avais vraiment l'impression d'être une célébrité, vu comment tout le monde nous regardait et parlait de nous. Finalement, elle me posa la question pour laquelle elle était venue me voir. Le nouvel étalon ? Ca devait être le petit de Kessedag, sans aucun doute. Elle ajouta également que Jesse en avait la garde. Oui, il m'en avait parlé et en tant que palefrenière, je savais exactement où se trouvait chaque cheval. Ben oui, on fait tout le tour des écuries trois fois par jour pour donner à manger, alors évidemment que je connaissais chaque recoin.

« Je suppose que tu parles de Hurricane de Kessedag. Oui, je sais où il se trouve. Je te le montre, suis-moi. »

Je me levais donc et passais par le tableau des tâches. Il était bientôt l'heure d'aller donner à manger aux chevaux et malheureusement, Piazor en faisait partie. Je grimaçais et expliquais à la jeune femme que je devais donner à manger à Pia'. Cette dernière me proposa son aide et se dirigea sans attendre une réponse vers la réserve de grains. Je la suivis donc et lorsqu'elle me demanda comment on allait faire, je lui dis en grimaçant encore :

« Comment on fait ? Avec Piazor, y'a qu'un moyen de lui donner à manger, c'est d'y aller sans réfléchir. Mais je vais faire ça toute seule, ne t'inquiète pas, je commence à avoir l'habitude de me faire bouffer. »

Je lui fis donc signe de me suivre et partis vers le box du petit de Kessedag. L'Akhal Téké leva la tête lorsqu'il nous vit mais se désintéressa rapidement et continua à mâchouiller la paille. Je me tournais donc vers la jeune femme pour lui dire :

« Comme c'est bientôt l'heure de manger, vaut mieux pas le sortir maintenant, il risquerait de s'énerver. Et puis bon, c'est un de Kessedag, hein. »

Je ris légèrement avant de poursuivre :

« Je ferais mieux d'y aller. Si tu veux tu peux m'aider, mais je préfère faire Piazor toute seule, je veux pas que tu te fasses bouffer par ma faute. »

Je lui fis un clin d'oeil et me dirigeais à nouveau vers la réserve de grains. Je faisais ma maligne mais au fond, qu'est-ce qu'il me terrifiait, cet étalon.

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La jeune femme inclina la tête sur le côté lorsque je la remerciais de ne pas nous critiquer. Elle ne semblait pas comprendre, pourtant c'était assez facile : Tout le monde avait pitié de moi et c'est comme s'ils votaient pour combien de temps on allait rester ensemble. Ben tant pis pour eux, parce que moi, je ne romprais pour rien au monde. Je finis par secouer la tête en réponse à la jeune femme, puis la guidais vers le petit Hurricane de Kessedag. Ah, elle ne voulait pas le voir, lui ? Bon ben, j'avais un peu la honte là quand même. Finalement, elle me dit qu'elle parlait de Black Dream. Ah, Black Dream. Ouais. Mon expression du visage changea et devint plutôt triste. Je répondis tout de même à la jeune femme en paraissant le plus enthousiaste possible :

« Ah, Black Dream. Je l'ai vu et je suis toujours envie, mais ça, c'est parce qu'il y avait Jesse. C'est le seul à pouvoir s'approcher de lui pour l'instant, l'étalon lui fait confiance. Je veux bien te le montrer mais je ne te conseille pas trop d'approcher Black sans Jesse. Je ne te sous-estime pas hein, c'est juste que je veux pas qu'il t'arrive quelque chose. »

Valait mieux la prévenir hein, après, si elle voulait absolument se faire bouffer, qu'elle y aille mais très peu pour moi, cette idée-là. Je la guidais donc rapidement vers le box de Black et restais à une distance raisonnable de sa porte. Ben oui, j'étais super méga over peureuse alors voilà quoi.

« Voilà la terreur. » lui dis-je simplement.

Ensuite, comme prévu, nous nous redirigions vers la réserve de grains pour remplir la charrette. La jeune femme insistait pour m'aider et bien évidemment, je ne disais pas non à un peu d'aide. Parce que ouais, cinq allées, c'était pas rien. Elle me dit qu'elle allait pousser la charrette, et que je n'avais qu'à remplir les mangeoires. Pas mal comme idée, j'acceptais donc volontiers son aide et nous commençâmes à nourrir les chevaux. La plupart d'entre eux étaient assez sympa, enfin ils étaient plutôt nerveux parce qu'ils recevaient à manger mais ils nous laissaient bien faire. Allée 1 terminée. Maintenant, la deuxième, celle où se trouvait la terreur. Ce dernier faisait un boucan incroyable en tapant contre la porte de son box et en hennissant furieusement. Ouais ben, y'avait de quoi effrayer n'importe quel cavalier !

« Je préfère que tu restes là avec la charrette, on sait jamais. »

D'un pas franc et sans hésiter, je me dirigeais vers le box de Piazor, un seau rempli de nourriture à la main. L'entier plaqua les oreilles en arrière et tenta plusieurs fois de me mordre. Une fois, il réussit à chopper mon bras mais heureusement, je l'avais retiré assez rapidement pour qu'il n'y ait pas de grande blessure. Je lui donnais une claque assez sèche en lui disant :

« Merde, Piazor ! »

Bon ben, finalement, je m'en sortais plutôt bien comparé à d'autres fois. En soupirant, je me redirigeais vers la charrette et montrais le trou dans mon pull à Sam.

« Voilà le résultat. »

Je lui fis ensuite signe de me suivre et continuais à remplir les mangeoires. A deux, ça allait plutôt vite et en une vingtaine de minutes, tous les chevaux avaient à manger. Je me tournais vers la jeune femme et lui adressais un sourire :

« Merci beaucoup de ton aide. Si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas. »

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Lorsque je lui montrai Black Dream, elle fit la remarque que celui-ci était spécial. Ah oui, c’est sûr, il était vraiment très spécial, celui-là. Un peu trop à mon goût, d’ailleurs, mais bon, après tout il était à Horse Beautiful et je ne pouvais rien y changer. En plus, je ne voulais pas qu’il parte, je voulais que Jesse ‘l’apprivoise’, si vous voulez. Enfin bref. Passons directement à l’épisode où je m’étais faite déchiqueter par Piazor. Je montrai le trou dans mon pull à la jeune femme et elle me fit la remarque qu’il n’avait pas l’air si méchant que ça, monté.

« Oui, enfin, je préfère quand même pas le monter t’sais. J’suis une grande peureuse et j’assume. » J’eus un rire léger et je remerciai Samantha, je lui dis que je serais là pour elle si jamais elle avait besoin de moi.

Ben oui, après tout elle m’avait bien aidée là, sans elle, j’aurais galéré pendant des heures à nourrir ces chevaux fous. Même les plus gentils et mignons devenaient assez sauvages à la distribution de nourriture. En même temps, je les comprenais, en quelque sorte. Enfin bref. La jeune femme me dit que oui, elle avait besoin d’aide, mais au niveau sentimental. J’eus un regard étonné, je ne m’attendais pas du tout à ça. On ne se connaissait presque pas et elle me demandait déjà de l’aide pour quelque chose comme ça, c’était spécial. Mais j’aimais bien, ça faisait plaisir de savoir qu’on me faisait confiance. C’est d’ailleurs ce qu’elle me dit, un sourire éclatant aux lèvres. Je le lui rendis et lui répondis :

« D’accord ! Je t’écoute ! »

Elle me proposa ensuite d’aller prendre un verre à sa maison, histoire d’être plus tranquilles pour discuter. Bah, pourquoi pas ? J’avais plus tellement de travail à faire, ce qui était une bonne chose. J’avais bien le temps de passer un peu de temps avec elle. En plus, j’étais juste super curieuse de ce qu’elle voulait me dire, je dois vous l’avouer ! Les problèmes sentimentaux, ça me connaissait et j’adorais savoir tout ça. Pourtant, je n’étais pas du genre à tout aller raconter aux autres, au contraire : je savais me taire et c’était une de mes plus grandes qualités.

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Je suivis donc la jeune femme en direction de son appartement, vu qu’elle voulait apparemment à tout prix me dire quelque chose. Bon, là je vous avoue que j’étais vraiment très curieuse hein, surtout que c’était niveau sentimental, alors voilà quoi ! En cours de route, elle me demanda quel type de monture j’aimais bien, après avoir fait la remarque que « alors comme ça, j’étais brave mais pas téméraire ». Je souris, avant de lui répondre, donc :

« Je n’ai pas vraiment de préférence, j’apprécie la plupart des chevaux, mais pas des vicieux comme Piazor. J’aime avoir quelque chose à travailler, donc les chevaux parfaits, pas trop pour moi. Et sinon ça dépend des chevaux, j’ai pas de préférences particulières. »

Voilà, pas besoin d’en dire beaucoup plus, j’avais bien résumé mes préférences. Nous arrivâmes rapidement à l’appartement de Sam et après qu’elle ait tourné la clef dans la serrure, nous entrâmes toutes les deux. Mon amie accrocha son manteau et m’invita à faire de même. C’est ce que je fis donc, et Sam me demanda ensuite si je voulais boire quelque chose. Bon ben, pourquoi pas ?

« Un café, s’il te plaît ! »

La jeune femme s’était dirigée vers la cuisine, et j’avançai donc un peu dans l’appartement pour observer la décoration. Tout était bien rangé, rien ne trainait par terre – contrairement à chez moi, la plupart du temps – et la déco était vraiment jolie. Je me mis à regarder par la fenêtre et on pouvait apercevoir une partie de HB. Moi, mon studio donnait sur l’autre côté du centre équestre, de sorte que je puisse voir les chevaux dans la prairie. C’était vraiment agréable ça, de voir des chevaux à son réveil. En attendant qu’elle revienne, je lançai donc à Sam :

« Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ? Parce que je suis vraiment super curieuse. »