Stan avait pour mission de parer les De Kessedag ce matin là. Il avait commencé par Piazor, histoire de faire le plus « coriace » en premier et ainsi etre tranquille par la suite. Quoi que… aujourd’hui pour la première fois de sa vie, Piremli allait également avoir droit à un bon parage. Et Stan le savait d’avance, ce serait coton ! Mais du coup pour ça il attendait que Dan ou Nj soit présent pour lui tenir la pouliche. Pas question de l’attacher pour quelle tire au renard et se blesse ! Et puis en prime pour l’instant il était dans l’allée des entiers et il était hors de question de leur ramener une jeune jument sous le nez !

Bref, il s’occupait donc de Pompéi lorsque des pas s’annoncèrent dans l’allée. Un postérieur coincé entre ses genoux, sa pince à la main, il s’appliquait à faire une première découpe du surplus de sabot avant d’y passer la lime pour faire tout net. Mais les bruits de pas se rapprochèrent de lui, féminins, il n’y avait aucun doute là-dessus. Roooo… pourquoi fallait-il toujours qu’on vienne l’enquiquiner lorsqu’il avait envie d’être seul ? Pourtant, même d’après sa meilleure amie, quand il était de mauvaise humeur il montrait un visage pas très accueillant ! Il fallait croire que certains aimaient prendre des risques !

« Bonjour, je suis Gwen Lemerle, journaliste et accessoirement nouvelle cavalière ici. Pourriez-vous me dire où je pourrais trouver M. Osvald, s'il vous plait? »

Et voilà… elle était venue lui parler. C’était dingue ça quand même ! Même le visage fermé et pas du tout avenant, même la tête penchée sur le sabot qu’il avait à la main, même renfrogné sur lui-même il avait fallu qu’elle l’accoste ! Bon ok, elle cherchait le directeur et surement qu’elle n’avait trouvé personne d’autre que lui… mais quand même quoi ! Enfin bon, le bulgare lâcha la jambe du noir, se redressa puis s’appuya sur la croupe du cheval tout en regardant la jeune femme.

- B’jourrr… le directeurrr est pas là aujourrrd’hui !

N’ayant alors rien à rajouter, et surtout n’ayant pas envie de rajouter quoi que ce soit, le bulgare reprit sa posture initiale et récupéra la sabot de Pompéi pour y passer cette fois la lime.

Stan s’était rapidement remis au boulot mais la jeune femme était toujours là. Elle allait le coller longtemps comme ça ? Non mais c’est vrai quoi, ce n’était pas parce qu’elle était mignonne qu’elle devait en profiter pour lui casser les pieds ! Enfin… il fallait tout de même rester sincère, elle ne lui cassait pas réellement les pieds, c’était plutôt qu’il n’avait pas spécialement envie de discuter, et encore moins avec une inconnue et en prime elle semblait vouloir rester là à le coller. Sans doute prête à se remettre à blalater… D’ailleurs il n’avait pas tord finalement. Oui, à peine eut-il terminé son dernier sabot, la demoiselle se mit à lui poser des questions puisqu’elle ne pouvait pas le faire au directeur. Et merde, pourquoi ne lui avait-il tout simplement pas indiqué le bureau d’Osvald sans rien ajouter sur son absence ?!

« Dans ce cas-là, je vais être obligée de vous embêter au moins un peu, c'est pour un article. J'ai besoin de quelques réponses sur l'académie. Pour commencer, depuis combien de temps est-elle ouverte ? »

Le bulgare fit alors une tape amicale sur la croupe de l’étalon dont il venait de lâcher le pied puis s’appuya de nouveau dessus en regardant encore une fois la jeune femme d’un air un peu ennuyé. Il changea ensuite de position tandis qu’elle allait caresser le cheval puis ramassa ses affaires un peu éparpillées afin de les ranger tout en commençant à lui répondre. Ce faisant, il l’observa une nouvelle fois, se demandant ce qu’une femme vêtue comme elle pouvait bien faire ici au milieu des chevaux. Oh, il savait bien qu’on ne devait jamais se fier aux apparences, mais malgré tout, la question fusa dans son esprit l’espace d’une seconde ou deux.

- C’est ouverrrt depuis cinq ans !

Il s’en tint à cette courte réponse. Ben quoi ? Elle n’avait pas demandé plus ! Juste depuis quand l’académie était ouverte… donc à cette question il avait répondu, point. Bref, son matériel rangé dans son gros sac, il fit le tour de l’étalon, puis détacha la longe pour ensuite le ramener dans son box. Là, il lui ôta le licol, lui fit une caresse puis ressortit en prenant soin de bien refermer la porte derrière lui tandis que le cheval allait renifler les naseaux de son frère qui l’attendait derrière les grilles. Voilà pour les De Kessedag il ne manquait plus que Piremli qu’il ferait dans l’après midi mais il avait surement quelques autres « clients » aujourd’hui.

Prenant donc sa liste dans la poche de son jean, il vit qu’il lui restait encore Hadès. Bon ben autant le faire tout de suite, il aurait moins de choses à faire par la suite comme ça, sans compter qu’en prime le voyant occupé peut être que la jeune femme le laisserait tranquille ! Le licol à la main, il se déplaça alors un peu plus loin, entra dans le box du paint et le lui enfila avant de le faire sortir et de l’attacher devant son antre. Ensuite il retourna chercher son matériel qu’il approcha du cheval et commença par s’occuper de ses antérieurs.

En plein boulot avec les antérieurs d’Hadès cette fois, Stan se désintéressa totalement de la jeune femme et de son fichu calepin sur lequel elle écrivait son futur article. Il n’avait pas que ça à faire de trainailler ! Et puis surtout, il n’était pas d’humeur ces temps-ci… ça se voyait tant que ça ? Oui, lui d’habitude si souriant malgré un petit coté rustre et réservé, il était devenu un vrai ours agressif qui n’hésitait pas à rentrer dans le lard de quiconque l’enquiquinait un peu de trop. Bon ok, il avait toujours été du genre à démarrer au quart de tour… il s’énervait facilement et pouvait parfois se montrer un peu brutal. Mais il n’avait jamais été, ou très rarement, de si mauvaise humeur. Et tout ça à cause d’une fille qui disait qu’elle l’aimait… une fille qui disait qu’elle était navrée de l’avoir fait souffrir pendant un an mais qui promettait qu’elle n’était partie que par obligation… Une fille qui après avoir accepté sa demande en mariage avait refoutu le camp sans demander son reste… Une fille qui avait ruiné sa vie !

« Je vais encore vous poser quelques questions, pour finir mon article. Disons que c'est en même temps une sorte de promotion de l'académie. C'est pour cela que je me permets de vous déranger, comme vous êtes un employé... »

Elle était encore là elle ?! Mais bon sang, allait-elle le lâcher à la fin ?! Fronçant les sourcils, Stan l’écouta donc parler sans pour autant s’arrêter dans ce qu’il faisait cette fois. Non, il n’avait pas l’intention de perdre davantage de temps pour une fille qui à première vue était jolie, gentille et collante et qui était certainement comme toutes les autres : une menteuse, profiteuse qui n’attendait qu’une chose, le faire souffrir ! Peut être même faisait-elle souffrir quelqu’un d’autre à ce moment même… Ou peut être qu’il se faisait des idées. Mais aujourd’hui c’était de cette manière qu’il pensait et ce jusqu’à nouvel ordre, autrement dit : ça ne changerait pas de sitôt !

« Comment fonctionne l'écurie? Au niveau des employés, des personnes extérieures qui interviennent, des cavaliers, des chevaux... Il faudrait que j'ai le plus de renseignements possible... »

Stan changea de sabot entre temps. Il en était à présent au second antérieur. Il s’en occupa proprement tout en répondant à la jeune femme sans même lui jeter un regard : il n’avait pas que ça à faire non plus ! C’était déjà pas mal qu’il prenne le temps de lui répondre alors qu’elle lui cassait les pieds… même s’il devait bien avouer qu’au fond elle était tout à fait charmante et que…

* Oh ça va pas la tête ! *

- Ici ya un dirrrecteurrr, Mr Osvald. C’est lui qui attrrribue les monturrres aux cavaliers, c’est à lui qu’il faut se plaindrrre en cas de prrroblème parrrticulier. Ensuite il y a plusieurrrs moniteurrr… Le prrrincipal c’est Daniel Crrrowner, il vit à quelques kilomètrrres de là, avec sa femme Nj et leurrr fils. Les akhals-téké là bas leurrr apparrrtiennent ! Dans cette académie on vous confie un ou plusieurrrs chevaux. Vous devez vous en occuper et en contrrre-parrrtie vous êtes logé.

Il finit par lâcher le second antérieur et se redressa pour enfin jeter un regard rapide à la jeune femme. Ensuite il se rappela de ce qu’il avait lu sur son tableau récapitulatif des chevaux dont il devait s’occuper.

- Vous avez dit que vous vous appelez Gwen ? Demanda-t-il en vitesse avant de continuer sur sa lancée. Celui-là, Il mit une petite tape sur la croupe du Paint Horse qui s’appliquait à renifler la longe avec laquelle il était attaché c’est le votrrre…

La jeune femme était toujours là à prendre des notes sur ce que lui racontait Stan. Ben dis donc… tenace celle là ! Mais peut être qu’elle lui lâcherait les basques une fois le questionnaire terminé ? C’était à espérer ! Bon, après tout elle n’était pas non plus super désagréable il fallait bien l’avouer… juste un peu collante et malheureusement elle tombait dans une période ou Stan aimait plutôt la solitude ! Cela durait d’ailleurs depuis un moment déjà… mais ce n’était pas de sa faute ! Qu’est-ce qu’il y pouvait lui ? Pas grand-chose… si ?! ‘Fin bref !

« Merci! Bon, encore deux ou trois petites choses et j'aurai de quoi faire un bon sujet sur l'académie. Pouvez-vous me parler un peu des installations ? »

Ah ben visiblement il restait encore des questions… deux ou trois petites choses ? Quand Stan entendait ce genre de trucs c’était rarement bon signe. Oui, combien de fois on lui avait fait le coup du « deux ou trois » et que ça finissait en machins infinis… donc là il avait bien le droit de prendre à moitié peur en entendant cette phrase ! Quoi que ce n’était pas tout à fait de la peur… juste un ennui profond. Oui, oui, il était là tranquille à ressasser les pires moments de sa vie et il avait fallu qu’une inconnue vienne lui poser tout un tas de questions ! C’était perturbant franchement…

- Huummm… ben ici il y a plusieurrrs allées d’écurrries. Ici et l’allée suivante sont rrréserrrvées aux hongrrres et entiers. L’allée qui est de l’autrrre coté c’est les juments, et celle située dehorrrs est pourrr les jeunes chevaux aprrrès débourrrrrage. Un peu plus loin on a aussi une allée avec quelques boxes pourrr le poulinage. Sinon pourrr le rrreste… il y a un grrrand manège, deux carrrrrièrrres, un terrrrain de crrross… on a aussi un rrrond de longe, un marrrcheurrr automatique. Le club house est dans la courrr et la sellerrrie est au bout de chaque allée d’écurrrie.

La jeune femme le remercia aussi de lui avoir indiqué qu’il s’occupait actuellement de sa future monture. Ben c’était normal après tout… elle était là, et il savait que Hadès devait lui être attribué alors autant qu’il le lui dise. Il haussa donc les épaules d’un air de dire que ce n’était rien, puis acquiesça d’un signe de tête lorsqu’elle lui demanda s’il se nommait bien Hadès. Pour finir, il reprit la parole tout en vérifiant les postérieurs du dit cheval avant de se remettre au travail.

- Les studios sont de l’autrrre coté de la courrr !

Elle avait bien tout noté ? Qu’il soit pas obligé de répéter quinze mille fois les mêmes choses non plus quoi ! Elle avait bien tout compris ? Non pas que Stan la pense idiote, loin de là, mais avec son accent spécial cela pouvait être parfois un peu difficile de le comprendre… Ben oui, il avait beau vivre en France depuis plusieurs années il avait toujours son accent de là bas ! C’était peut être un peu moins prononcé qu’à son arrivée… surement même, mais tout de même bien présent ! Ca pouvait dérouter les gens… normal après tout ! Mais bon il était comme ça ce n’était pas de sa faute, il parlait déjà suffisamment bien le français, il ne pouvait pas tout avoir.

« Bon, une dernière question et tout sera bon: quel(s) type(s) d'équitation aborde-t-on ici? J’entends par là monte classique, western, des concours, pourquoi pas de l'éthologie... »

Ah ben c’était presque fini du coup ! Enfin il serait tranquille ensuite. Oui mais tranquille pourquoi ? Une fois la jeune femme partie et Hadès terminé il n’aurait plus rien à faire jusqu’en fin d’après midi où Dan viendrait l’aider à faire Piremli… du coup il se retrouverait tout seul comme un con à ne rien faire que ruminer ses sombres pensées dans son coin. Comme d’habitude lorsqu’il ne travaillait pas en fait et c’était la raison pour laquelle il se surchargeait volontairement de travail depuis le second départ de Milju ! Il se ruinait la santé pour tenter d’épargner son moral en gros… finalement qu’est-ce qui était le mieux ? Il n’en savait trop rien. Il se dépêcha donc de terminer ce qu’il faisait puis, tout en rangeant son matériel répondit à nouveau à Gwen.

- Ici on a des leçons de monte classique. En rrrevanche on peut monter comme on veut lorrrsqu’on trrravaille les chevaux qui nous sont confiés du moment qu’on les fait prrrogrrresser et non l’inverrrse. Cerrrtains utilisent l’éthologie, d’autrrres un comporrrtement mitigé entrrre l’éthologie et les méthodes de base. Et de temps en temps on orrrganise des petits concourrrs, mais pourrr l’instant uniquement de l’interrrne et du petit niveau.

Son matériel rangé dans sa caisse elle-même posée sur un chariot, Stan retourna vers l’avant main du Paint et détacha la longe après lui avoir fait une brève caresse sur l’encolure. De son coté, la jeune femme lui gratouillait les naseaux et Stan attendit donc quelques secondes avant de le remettre au box. Ce ne fut qu’après qu’il l’entendit dire qu’elle allait prendre congé, qu’elle avait des choses à faire et que par conséquent elle ne pouvait pas le remercier autour d’un café. Pas grave, de toute manière il était mieux seul qu’accompagné ! Cependant, en réfléchissant un peu, il se dit qu’il ne serait pas sympa du tout de sa part de la laisser monter ses tonnes de cartons toute seule jusqu’au studio. Alors prit d’un élan de bonne volonté, il se tourna face à elle et se remit à baragouiner de sa voix grave.

- J’peux peut etrrre vous aider avec vos carrrtons, j’ai rrrien à fairrre pourrr l’instant ! Parrr contrrre j’vous prrréviens tout de suite, j’suis pas un grrrand bavarrrrrd !

Stan faisait sa BA de la journée. Non pas qu’il en spécialement envie en réalité, mais il avait un bon fond et se mettait à la place de la jeune femme qui devait se taper sa tonne de cartons à monter alors qu’elle venait à peine de débarquer au sein de l’académie. Elle ne connaissait personne, ne connaissait pas les lieux, ou du moins très peu… elle se retrouvait seule au milieu de toute une civilisation « horse beautifulienne » et c’était vers lui qu’elle s’était tournée au départ. Bon ok, par obligation puisque le directeur n’était pas là… mais quand même ! Et puis cela l’avait gonflé le Stan… et ça le gonflait toujours d’ailleurs, mais maintenant qu’elle était là et que lui n’avait plus rien à faire autant l’aider, il songerait moins à sa propre vie pendant ce temps plutôt que de rester tout seul chez lui à tirer la tronche.

« Voilà, c'est parfait, il n'y a plus qu'à mettre en forme cet article... Ca devrait faire une belle pub pour le monde du cheval et pour l'académie. Oh, c'est sympa de votre part, merci beaucoup. Et puis ne vous en faîtes pas, je sais aussi me taire si ça vous arrange. Je vais déjà aller sortir les cartons du coffre, ce sera fait... »

Punaise, mais elle était venu avec le contenu d’un château fort ou quoi ? Non parce que vu le nombre de cartons (sans compter le poids de chacun !!), il devait y avoir une quantité impressionnantes d’objets, de vêtements, de matériel… bref de tout ! Une vraie baraque là dedans quoi… Enfin bon, le jeune bulgare fit ce qu’il avait à faire. Il en chia grave, il n’y avait pas d’autre mot ! Ben c’était lourd quoi franchement… Mais bon, c’était l’homme de la situation là et puis ce n’était pas non plus comme s’il n’était qu’une crevette. Il posa donc le tout dans le studio fraichement investi par la demoiselle et s’apprêta à prendre congé lorsqu’il entendit son commentaire.

« Qu'est-ce que vous voudriez? Je n'ai pas grand chose encore, mais je suis en mesure de servir café, chocolat chaud ou thé avec une part de gâteau maison : un kouing aman ! »

Ah ben en plus fallait qu’il reste ? Bon ben… à la guerre comme à la guerre ! Au moins l’avantage c’était qu’il était en charmante compagnie. Haussant les épaules, il regarda autour de lui d’un air gêné puis répondit rapidement.

- Un café m’irrra trrrès bien merrrci ! Au fait je m’appelle Stan…

Stan était prêt à disparaitre aussi vite qu’il était apparu. Manque de pot pour lui, la jeune femme n’avait pas oublié qu’elle lui avait promis un café ! Du coup, elle le « chopa » au vol et lui intima de s’installer autour de la table. Bien qu’il fût brièvement tenté de fuir en douce, il se reprit mentalement. Il n’était pas du genre à être lâche alors pourquoi quitterait-il le studio illico presto ? Bref, Stan tira donc une chaise et posa ses fesses dessus en remerciant rapidement la jeune femme. Celle-ci, en vraie pile électrique qu’elle était avait déjà traversé la pièce pour préparer le café et mettre son fameux gâteau à réchauffer dans le four. Ben elle ne perdait pas son temps !

En tout cas il ne fallut pas longtemps au jeune bulgare pour sentir une bonne odeur de gâteau sortir du four chaud venir lui chatouiller le nez. Si son… truc là euh… kouing aman était aussi bon qu’il avait une bonne odeur, ça promettait ! Du coup, finalement pendant un instant Stan fut ravi d’être resté. Mouais… ‘fin c’était vite dit tout ça. Disons qu’il était content mais il n’était pas très à l’aise. Ben après tout il ne la connaissait pas et en prime il était plutôt du genre solitaire alors… imaginez un peu la situation quoi !! Néanmoins il fut soudain sortit de ses pensées par un toc toc à la porte ainsi qu’une voix qu’il connaissait.

"Bonjour. Y a quelqu'un ?"

Surpris mais plutôt content, de voir la demoiselle, Stan se leva aussitôt de sa chaise et salua sa petite sœur. Autrement dit il lui fit un grand sourire, ainsi qu’un signe de la main avant de la rejoindre et de lui faire la bise en vitesse. Bon ok, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas été si enthousiaste. Mais d’un autre coté il fallait avouer qu’elle lui sauvait un peu la mise là ! Donc bon… voilà quoi Stan retourna ensuite s’assoir à sa place et regarda Isaure d’un air interrogatif. Allait-elle rester ?

Stan espérait de toutes ses forces que Gwen allait inviter Isaure et que cette dernière resterait. Déjà pour la simple et bonne raison qu’il ne se sentirait plus seul, surtout qu’il connaissait parfaitement la demoiselle, mais aussi parce que c’était bien joli tout ça mais il avait accepté juste pour faire plaisir à Gwen parce qu’il l’avait aidé à monter ses affaires ; or il se sentait très mal à l’aise ici. Non pas qu’il ait quoi que ce soit contre elle-même si elle parlait un peu trop à son gout (mais pour une journaliste c’était normal) -pourquoi Diable était-elle tombée sur lui et pas sur un autre ?!- mais voilà, il n’était pas spécialement très très sociable alors là avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas, qui lui avait posé cinquante mille questions alors qu’il était occupé, et en prime à ce moment précis où il n’avait que Milju en tête… pas facile facile !

Cependant en entendant la réplique de sa petite « sœur », Stan fronça les sourcils. Non mais, comment osait-elle dire une chose pareille ! « Stan? T'es sorti de ta caverne? » C’était comme une traitrise de sa part et elle allait le payer cher ! Quand ? Ça il n’en savait encore rien… ni comment d’ailleurs ! Mais ce qui était sûr c’était qu’il aurait sa vengeance, oui oui ! Non mais on n’avait pas idée franchement de dire des choses pareilles… Surtout venant de sa part quoi. N’était-ce pas elle qui restait enfermée dans son studio ces temps-ci à cause d’un abruti ?! Alors elle pouvait dire de lui alala… Bref, pour le coup, il lui lança un regard glacial puis répondit du tac au tac avec un vilain rictus au coin des lèvres.

- Je constate que je suis pas le seul !

Deux museaux apparurent alors dépassant de la porte, un moyen roux et un énorme brun. Bingo et Banzai ! Ce dernier avait horriblement grossi et Stan se demanda alors quelle taille il aurait à la fin de sa croissance. Un véritable monstre ! Néanmoins le bulgare les aimait bien ces deux là. Des gentils toutous ! Quoi que Bingo avait un sacré caractère… mais ils avaient quelque chose en commun : aucun d’eux ne pouvait saquer ce petit con d’Ulrick ! Enfin bon… Banzai, curieux comme pas deux fini par entrer pour renifler la bonne odeur de gâteau chaud. Stan en profita alors pour le gratouiller derrière les oreilles.

- Il a l’intention de grrrandir encorrre lui ?! Parrrce que là…